Moto GP: "On n’a jamais été aussi populaires", se réjouit Sébastien Poirier, président de la Fédération de Motocyclisme
Le Grand Prix de France fête ses 30 ans en même temps que le Moto GP fête son 1000è Grand Prix. C’est une chance pour vous…
Clairement ! Le 1000è Grand Prix, avec des week-ends qui ont connu de grandes évolutions ces dernières années avec l’arrivée du promoteur Dorna… Et le fait que ce soit le 1000è en France est une petite cerise sur le gâteau pour l’organisateur qu’est Claude Michy. C’est évidemment un plus dans la symbolique.
En quoi cela peut-il vous servir ?
C’est l’occasion de communiquer, partager, échanger, et valoriser le sport moto de façon générale. Au-delà de l’événement sportif c’est un événement populaire, un événement où toute la communauté moto se rassemble. C’est important pour nous de dire combien notre sport est accessible. Depuis que j’ai pris la tête de la Fédération, l’objectif politique est de rendre notre sport le plus accessible possible et faire en sorte que l’on puisse parler à tous les motards du quotidien. Et leur indiquer qu’un équipement sportif, un circuit de vitesse, est la possibilité pour eux de pouvoir s’exprimer sur cet équipement à tous les niveaux, avec des éducateurs pour les accompagner. C’est vraiment l’idée de partager notre passion commune.
Qu’allez-vous mettre en place pour sensibiliser ?
On a un gros travail de communication, on a une loge sur le Grand Prix. L’idée est de rencontrer tout l’écosystème de la filière économique et d’échanger, de partager nos projets et notre ambition. Et de répondre à tous les élus de la Fédération qui seront présents, les acteurs forts de la vitesse, ils seront nombreux pour partager notre ambition fédérale.
Comment se porte le sport moto en France ?
On a franchi la barre symbolique des 100 000 licenciés et titres de participation en 2022. Pour nous, c’est une vraie satisfaction. On est sur une tendance à la hausse en terme de licenciés depuis une vingtaine d’années. On a connu une progression encore plus importante post Covid. On n’a jamais été aussi populaires, suivis par la presse et les médias. Pour 2023, on est encore en progression par rapport à 2022 donc ça nous laisse présager une très belle année.
Le développement du sport moto vitesse passe notamment par l’homologation de circuits de karting pour la pratique. Où en êtes-vous ?
C’est fondamental pour nous et les champions de demain. Nous avons mis en place une politique très offensive et ambitieuse en matière d’accès pour les plus jeunes sur la pratique moto, et ça commence par cette homologation des circuits de karting. Si on se compare par rapport à l’Espagne ou l’Italie, la vraie différence, c’est que là-bas les circuits de karting sont beaucoup plus accessibles à la moto. En France, on a aujourd’hui 60 à 70 circuits de karting homologués pour la pratique moto. On a mis en place huit championnats régionaux destinés aux petits sur ces circuits de karting alors qu’il n’y en avait que deux en 2019. Donc on voit la progression de l’offre sportive et l’accessibilité sur le territoire. Cela se met en place, mais plus la pyramide sera large, plus on pourra espérer voir des futurs Fabio et Johann. Il y a aujourd’hui beaucoup de gens qui pratiquent la moto en entrainement ou en compétition. Il y a beaucoup de jeunes aussi. Maintenant il faut leur offrir des espaces de pratique. Il est important que l’Etat et les pouvoirs publics comprennent tout le sens que l’on a à travailler sur des équipements de sécurité et sur des sites de pratique, car lorsque des sites de pratique ferment, ce sont des pratiques sauvages qui se développent.
Les résultats sont moins bons cette année pour les Français, craignez-vous une baisse d’intérêt ?
Je crois qu’il y a un effet champion. On a la chance d’avoir deux magnifiques champions que son Fabio et Johann et ils portent leur discipline, la vitesse, mais plus largement le sport moto. Donc il y a un effet Fabio, un effet Johann, un effet spectacle moto à travers ces Grand Prix. Et même si malheureusement Fabio a perdu son titre, il n’en reste pas moins qu’on a deux champions du monde. Ils sont l’image de la moto française auprès du grand public. Et à travers eux, malgré le fait qu’on n’ait plus de titre, il y a toujours cet effet et ce regard bienveillant de la communauté moto sur ces deux pilotes.
Que pensez-vous de l’année que vit Fabio Quartararo ?
C’est un pilote exceptionnel, tout le monde le reconnaît. La configuration des courses a changé et cela bouleverse le week-end. Je pense qu’il fait le maximum. Si je devais lui prodiguer un conseil, ce serait de ne pas s’énerver, d’être patient. Les Ducati sont très rapides mais la saison est longue, il y a un gros travail à mener et il faut qu’il reste concentré sur sa saison. Il souffre, on souffre avec lui et il se bat avec son talent exceptionnel. Il met toute sa force, sa fougue, son envie et je pense que c’est sa première qualité.
Et Johann Zarco ?
Johann fait vraiment de très belles courses. Des courses fantastiques et de très belles remontées. Il est toujours là, avec son intelligence de course. C’est un cérébral, il s’exprime beaucoup et il a de la maturité. C’est logique qu’il ait cette expérience. On espérerait évidemment mieux, les voir 1er et 2ème comme il y a quelques années. Ceci étant, ils sont encore là et animent le championnat.
Fabio Quartararo montre qu’il a un fort caractère…
Quand on est champion, on ne peut pas être lisse. On doit avoir une personnalité, une ambition, il faut savoir l’exprimer. Il a fait de vrais choix, comme Johann d’ailleurs… On a deux champions qui ont des ambitions et qui l’expriment, je suis fier d’eux.
Quel serait un Grand Prix de France réussi pour vous ?
Les spectateurs on les aura, on a nos deux champions. Si on pouvait avoir un podium avec deux Français ça serait fantastique. Si on pouvait avoir la première victoire de Johann au Mans, sans vouloir me fâcher avec Fabio, ce serait aussi exceptionnel et cela permettrait peut-être de compenser cette frustration, car Johann mérite tellement cette victoire. Je leur souhaite vraiment le meilleur. Un podium avec deux français serait fantastique.