Néoretraité, Kevin Rolland revisite les moments forts de sa carrière

Kevin Rolland lors des JO de Sochi en 2014. (J. Prévost/L'Équipe)

À 33 ans, le Français Kevin Rolland stoppe sa carrière sur une 7e place aux Championnats du monde. De sa première victoire aux X Games, sa médaille olympique ou son accident en 2019, le vice-champion du monde 2019 a choisi les quatre moments forts de sa carrière, il nous raconte.

Sa première victoire aux mythiques X Games« Le plus beau moment de ma carrière, je pense que c'était quand je gagne les X Games pour la première fois, à une époque où les Jeux Olympiques n'existent pas. Pour moi, les X Games, aux États-Unis, c'était le sacre ultime. Je me levais à 4 heures du matin ado pour les regarder. C'était le plus beau jour de ma vie à ce moment-là, enfin de ma carrière bien sûr, car après j'ai eu des enfants (sourire). En plus du résultat, j'ai gagné avec un run que personne ne s'attendait. J'ai été le premier au monde à faire trois double (cork) dans un run de pipe (trois rotations désaxées). À l'époque, peu de monde en faisait déjà un. Et ce run, je ne l'avais jamais essayé avant. J'étais heureux d'avoir gagné avec la manière et en plus, j'étais sur le podium avec Xavier Bertoni, mon meilleur pote (en bronze). Vivre ça, deux Français sur le podium de la plus grande compétition du monde... Tout ça a fait que le moment était exceptionnel. »

lire aussi : Kevin Rolland termine en beauté avec une 7e place aux Mondiaux

Le bronze olympique aux JO 2014« Quand j'ai commencé, on ne pensait pas du tout aux JO, car notre sport n'y était pas. C'est venu après. Mais en tant que sportif, de fan de sport, c'est vite devenu un objectif, vivre un tel événement. En plus, j'arrive comme l'un des favoris, j'arrive à performer et gagner une médaille. Bien sûr, j'aurais aimé être champion olympique, mais ces trois JO ont une saveur différente et je trouve ça cool. Pyeongchang (2018), j'arrive complètement explosé, brisé, avec une entorse de l'épaule, une côte cassée, et j'ai quand même couru (11e). Et quand on m'a dit que je ne pourrais plus skier, j'ai participé aux JO à Pékin (6e), en... comment dire ? Survivant ! Et porte-drapeau. C'est fou.

En 2014, ma médaille a changé beaucoup de choses dans ma vie car c'était la première fois que mon sport était aux JO et presque la première fois que mon sport était présenté à la télé, au grand public. J'ai quand même senti un engouement, un petit boost de notoriété. Je passe du mec qui est reconnu à La Plagne au gars qui est reconnu à Paris. Et on a réussi à communiquer autour de cette médaille, car on a toujours voulu raconter des histoires, raconter le côté très humain du sport. Et ça, ça a beaucoup aidé pour mettre en lumière notre sport. »

lire aussi : Explore - Dans la tête d'un freestyler

L'or du rebond aux X Games 2015« J'ai regagné les X Games, cinq ans après ma dernière victoire, en 2011. Cette victoire avait pour moi une énorme signification car j'ai perdu tous mes sponsors le mois d'avant. Nike m'annonce qu'ils arrêtent le ski freestyle, BMW s'arrêtait. Et le grand partenaire des X Games, Monster Energy, m'a viré la veille de la finale. Je devais resigner avec eux le jour des X Games... Je me qualifie pour la finale et entre les qualifications et la finale, ils m'ont dit : "On pense que tu ne pourras pas faire mieux que ce que tu as fait jusqu'à présent et on va mettre l'argent qu'on met sur toi, sur des jeunes". La veille de la finale des X Games, c'est dur à entendre... C'était un peu "tu es trop vieux, dégage". Ce soir-là, j'ai gagné, sur le dernier run, en partant dernier... C'était aussi je pense une des plus belles victoires de ma carrière, en tout cas pour mon ego (rires). »

Son accident de 2019« Forcément mon accident en 2019... Ce n'est même pas une date de ma carrière, c'est une date de ma vie qui a failli s'éteindre. ça a changé le cours de ma vie. Une fois que j'ai repris du poil de la bête, j'ai vraiment pris ça comme un challenge de vie : revenir de cette blessure, reskier et revenir à la compétition. C'était très très dur, mentalement. Et physiquement, n'en parlons pas, mais j'ai presque aimé ce processus de dire "ok, je suis au fond du trou, il faut que je retourne dans la lumière". On apprend beaucoup sur soi. Ce processus-là, c'est presque plaisant, quand ça fonctionne bien sûr. »

lire aussi : Passé près de la mort, Kevin Rolland raconte son accident et sa rééducation dans son film « Résilience »