NBA: on a vécu la première de Victor Wembanyama avec les San Antonio Spurs à Las Vegas

NBA: on a vécu la première de Victor Wembanyama avec les San Antonio Spurs à Las Vegas

Il ne découvre pas l’idée d’être au centre de l’attention, qu’il connaît désormais depuis plusieurs mois. Mais cette fois, c’est dans le grand monde. Si la salle n’était pas totalement pleine, avec de larges travées vides dans les derniers rangs, l’effervescence ne manquait pas dans le Thomas & Mack Center de l’université d’UNLV à Las Vegas pour les débuts de Victor Wembanyama sous le maillot des San Antonio Spurs ce vendredi soir dans le cadre de la Summer League de la NBA. Ticket moyen autour de 100 dollars, record pour la Summer League, enceinte bien plus pleine que d’habitude dans ses matches de présaison, immense affiche avec sa photo à l’entrée du stade: le premier joueur français numéro 1 de la draft NBA était très attendu, et il le savait.

Il est LE seul sujet de conversation dans les tribunes

Mais il faut le vivre pour comprendre. C’est simple, il n’y en avait que pour lui. Quand des spectateurs découvrent votre identité de journaliste français quelques minutes avant le match, leur réaction ne trompe pas: "Vous devez être fier." On n’a rien fait pour ça mais on comprend l’idée.

Dans les travées du stade, Wemby est sur toutes les lèvres. LE seul sujet de conversation. Lorsqu’il pénètre sur le terrain pour l’échauffement, les téléphones zooment tous sur lui. Avec aussi le revers de la médaille: ses tirs ratés à l’échauffement entraînent quelques rires. Comme si certains souhaitaient voir celui dont on vante tant les qualités se vautrer et ne pas atteindre son potentiel…

Dès les premières secondes du match, on comprend qu’il va devoir faire avec. Amorphe ou presque le reste du temps, le public se réveille dès qu’il touche le ballon. On le scrute, on l’épie, on attend le coup de génie. Qui tarde à venir. Opposé aux Charlotte Hornets de Brandon Miller, le numéro 2 de la draft, Wembanyama terminera la rencontre avec neuf points et huit rebonds mais surtout un 2/13 aux tirs (1/6 à trois points). Un manque d’adresse qui a empêché une ligne de stats plus ronflante et qui a symbolisé une rencontre frustrante sur le plan personnel, entamée par trois shoots ratés, les trois premiers de son équipe, comme s’il souhaitait absolument marquer les esprits tout de suite, avant de mettre enfin la gonfle dans le cercle.

Impliqué (sans être une seconde responsable de quoi que ce soit) dans un "incident" avec Britney Spears cette semaine, le géant Tricolore était sans doute plus nerveux que prévu, plus conscient que jamais de son pouvoir d’attraction prouvé par l’attitude du public. Une série de dribbles entre les jambes? La salle murmure de plaisir. Il sort du terrain? Une partie du public en profite pour la pause hot-dogs ou toilettes. Dans une ambiance pas folle, surtout réveillée par la distribution de tee-shirts gratuits lors des temps-morts, le pouvoir d’attraction de Wembanyama est évident. Au point de sentir la volonté du public de le voir faire ficelle derrière la ligne extérieure, comme s’il voulait voir ce qu’on lui avait promis ces derniers mois avec cet intérieur capable de jouer comme un extérieur.

"L’important est d’être prêt pour la saison"

Lui-même insistera sur ce point malgré une réussite absente, comme s’il souhaitait aussi absolument donner aux fans ce qu’on leur avait promis. Mais il y a des jours sans. Avec tout de même plein de positif. Capacité à créer du jeu avec ses passes, défense et dissuasion près du cercle (5 contres), Wembanyama brille dans les compartiments moins flashy. Comme une garantie de ce qu’il apportera toujours même quand le reste ne fonctionnera pas bien.

Testé sur plusieurs postes jusqu’à remonter la balle façon meneur, logique dans une Summer League faite pour préparer la vraie saison, le Français admettra les difficultés logiques à s’acclimater dans son nouvel univers dès le premier match: "Honnêtement, je ne savais pas vraiment ce que je faisais sur le terrain ce soir mais j’essaie d’apprendre et l’important est d’être prêt pour la saison."

Couvé par Gregg Popovich, légendaire coach des Spurs présent à Las Vegas alors qu’il vient très rarement assister en personne à la Summer League, preuve de l’importance de la pépite tricolore à ses yeux, Wemby va comprendre qu’on ne lui laissera rien passer vu son immense potentiel : le public lâche un grand soupir quand il se fait "postériser" par Kai Jones au milieu du troisième quart-temps. Avant d’entendre de grands rires à droite à gauche lorsqu’il rate le cercle sur une nouvelle tentative manquée à trois points.

Il finira par en rentrer un dans la quatrième et dernière période, un panier qui fait exploser de bonheur une salle qui n’attendait que ça. Wembanyama le cachera au maximum en conférence de presse, déjà très pro et conscient des paroles à distiller, mais le contre plein de rage qu’il inflige à un adversaire en début de quatrième quart symbolise une frustration légitime. Logique. Mais pas grave. Il aura vite beaucoup d’autres occasions de briller. Et tout n’est pas à jeter, loin de là, dans cette première prestation avec les Spurs conclue sur une victoire (76-68) que l’intéressé retenait comme essentielle.

"Il était plutôt nerveux…" les fans divisés sur sa première

"C’est plutôt encourageant, analyse Laurent Legname, coach de Gravelines-Dunkerque, croisé dans la salle pour l’occasion. Pour lui, c’était une découverte, avec un autre type de basket. On a vu par séquences ses qualités de dissuasion. Il est capable de faire beaucoup de choses. Je pense qu’il y aura un peu plus d’espaces pour lui au niveau offensif par rapport aux règles NBA. Il aurait voulu être un peu plus adroit mais il a fait briller ses coéquipiers. Il a attiré la défense, fait des passes, il n’a pas trop forcé. A la fin, il s’est rassuré avec son trois points. Dans l’ensemble, c’est plutôt satisfaisant mais il y a une vraie marge de progression. Il était attendu ce soir donc c’est plutôt impressionnant. Dès qu’il est arrivé dans la salle, tout le monde s’est levé. C’est bien pour lui et pour le basket français en général. Il y a une vraie attente autour de lui."

La preuve en fin de match avec environ les trois-quarts du public qui quitte la salle malgré encore un match à venir. Des fans eux aussi frustrés de ne pas en avoir vu plus. "Il a besoin de s’améliorer mais le potentiel est là, lance Gabe. Sa défense était bonne, il a bien organisé le jeu, il faut juste limiter les pertes de balle et s’améliorer dans la finition. La première année va être compliquée, il ne va pas être à la hauteur des attentes mais il peut devenir spécial. Il faut être patient." "Il était plutôt nerveux mais je pense qu’il va trouver son rythme, lâche Michael. C’était bon défensivement. Il a un peu ralenti l’attaque, il n’a pas pris de bons tirs, mais je pense qu’il va devenir un grand."

"Il a été plutôt bon, juge Joel. Il contre, il prend des rebonds, il fait ce qu’il sait faire, des choses essentielles dans le jeu. L’attaque viendra vite. Tout le pays se soucie de lui et veut le voir jouer. Il a commencé doucement mais on pouvait s’y attendre. Personne ne peut s’attendre à dominer alors que tout le monde le regarde. Il va vite rebondir et il deviendra un grand joueur. Depuis que je regarde la Summer League dans mon enfance, ça n’a jamais été rempli comme ça. Voir ça pour un seul gars, ça a dû lui faire quelque chose."

"Avec lui, les gens vont y réfléchir à deux fois avant d’attaquer le cercle", se satisfait David, qui porte déjà un t-shirt "Leave Wemby alone Britney" qui le fait beaucoup rire. "Ce n’est pas ce que j’attendais, conclut Miguel, mais c’est normal pour un premier match. Il a besoin d’améliorer sa puissance, sa force, c’est évident. C’est un nouveau pays pour lui, il a beaucoup de pression car tout le monde parle de lui dans les médias. Je ne retiens pas cette performance contre lui, beaucoup des plus grands ont mal commencé la Summer League avant de devenir des stars." C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Article original publié sur RMC Sport