Neuf mois après le Stade de France, les Madrilènes choqués mais fatalistes

Le virage des supporters du Real Madrid au Stade de France, le 28 mai dernier. (P. Lahalle/L'Équipe)

Les supporters du Real, qui ont gardé un très mauvais souvenir de leur déplacement à Paris pour la finale de Ligue des champions au Stade de France, ont préféré tourner la page, résignés.

La victoire a sans aucun doute atténué leur effroi et leur colère. Les supporters du Real Madrid restent pourtant encore très marqués par les « scènes de chaos » de la dernière finale de Ligue des champions entre leur club et Liverpool (1-0), le 28 mai dernier, à Saint-Denis. « Depuis 1980, je n'ai quasiment pas raté un match du Real en Europe et c'est le pire déplacement que j'ai vécu, affirme Gerardo, 63 ans, président de la peña (groupe de supporters) La Gran Familia. C'était un désastre d'organisation, du début à la fin. Il y avait très peu de policiers et ils ont immédiatement été dépassés. Plus les problèmes s'accumulaient, plus on était livrés à nous-mêmes. »

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« C'était ma cinquième finale de C1 et jamais je n'avais ressenti une telle insécurité et un tel danger », abonde Borja, socio madrilène de 43 ans, qui s'est fait fracturer son véhicule, a passé plus de trois heures au commissariat après le match et a dû rentrer avec une vitre cassée jusqu'à Madrid. « J'ai assisté à huit finales de C1 et là, c'était de l'improvisation totale. Sans parler de l'indifférence et du manque de respect des policiers, enchaîne David, vice-président de la peña "Paris 2000". On en garde un goût très amer. Ça a gâché notre victoire et c'est la première fois qu'on n'a pas pu la fêter en dehors du stade. On n'avait qu'une seule idée en tête : partir le plus vite possible. »

Si le « souvenir désagréable » reste vivace, les supporters madrilènes ne sont « pas traumatisés » non plus et ont vite été fatalistes. Contrairement aux fans de Liverpool, ils sont très peu à s'être retournés contre l'UEFA et les autorités françaises. « On savait déjà que c'était peine perdue et que les responsables ne feraient rien », argue Luis, alors que « cette finale aurait pu être une tragédie ».

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De nombreuses peñas ont tout de même adressé à leur retour des mails au club madrilène « pour qu'il se plaigne auprès de l'UEFA du traitement qu'on avait reçu et qu'à l'avenir on soit en sécurité sur ce genre d'événement », raconte David. « On aurait au minimum aimé que l'UEFA et les autorités françaises reconnaissent leurs erreurs et présentent des excuses publiques aux supporters, admet Borja. Aujourd'hui, on ne veut plus rien savoir et juste l'effacer de notre mémoire. »

Les supporters madrilènes ont préféré tourner la page mais nombreux doutent de revenir assister à une finale à Paris. « Avec des enfants, jamais, assure David, avant de conclure. Si ce soir, Anfield déploie une banderole "Honte pour Saint-Denis", tous les supporters du Real vont l'applaudir parce qu'on a ressenti la même peur et le même dégoût qu'eux. »

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