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Le neuropsychiatre Cyrulnik exhorte Macron à rapatrier les enfants détenus en Syrie

Image d'illustration - Enfants devant un soldat kurde, après avoir quitté l'État Islamique, le 27 février 2019  dans la province de Deir Ezzor, en Syrie. - Bulent Kilic - AFP
Image d'illustration - Enfants devant un soldat kurde, après avoir quitté l'État Islamique, le 27 février 2019 dans la province de Deir Ezzor, en Syrie. - Bulent Kilic - AFP

Le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik exhorte dimanche Emmanuel Macron à rapatrier les quelque 200 enfants français de jihadistes détenus en Syrie, ainsi que leurs mères, car ils constituent sur place "une menace pour notre sécurité".

"Plus ils restent là-bas, moins ils aimeront la France. Ils sont récupérables si on s'en occupe maintenant", affirme Boris Cyrulnik dans les colonnes du Journal du dimanche.

"Si on s'en occupe tôt, ils ne deviendront pas dangereux"

"Je pense que le président craint que ces enfants rapatriés deviennent des djihadistes. Mais j'affirme que non, et mon idée ne tombe pas du ciel, elle se fonde sur des observations scientifiques (...) si on s'en occupe très tôt, ils ne deviendront pas dangereux", ajoute le médecin et auteur de 84 ans.

Président de la commission sur les "1000 premiers jours de l'enfant", qui a rendu en septembre 2020 un rapport au chef de l'Etat sur cette période cruciale - allant de la conception aux deux ans du nourrisson - pour le développement de l'enfant, Boris Cyrulnik plaide pour rapatrier également les mères de ces enfants.

"Pour ces enfants, leur mère est la seule base de sécurité. Les rapatrier seuls est une agression et un isolement supplémentaire. Ils vont probablement haïr le pays qui leur a infligé cette souffrance. C'est une fabrique de délinquants, très faciles à récupérer par des idéologies extrêmes. On risque d'en faire des bombes", explique Boris Cyrulnik.

Selon lui, rapatrier ensemble mères et enfants "pourrait déclencher (chez les enfants) le processus de résilience neuronale", par lequel le cerveau peut surmonter un traumatisme. Et "plus c'est tôt, plus c'est facile".

Environ 200 enfants détenus dans des camps kurdes

"La non-stimulation du cerveau entraîne (...) une hypertrophie de la zone qui génère des pulsions. Chez le petit enfant, cela se traduit par des colères, qui se muent en incivilités et finissent par coûter très cher à l'Etat", développe-t-il.

"Si on attend trop longtemps, les modifications vont s'inscrire trop longtemps (...) ils (les enfants) n'auront comme seule expression que la violence", ajoute-t-il.

Environ 80 femmes françaises, qui avaient rejoint l'organisation État islamique, et 200 enfants sont détenus dans les camps kurdes du Rojava, le nord-est syrien.

Des avocats, parlementaires, ONG ou encore la Commission nationale consultative des droits humains exhortent régulièrement les autorités françaises à les rapatrier.

Celles-ci maintiennent une politique de retour au cas par cas pour ces enfants - 35, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici - et considèrent que les adultes devraient être jugés sur place.

Article original publié sur BFMTV.com