Neymar – Cavani, comment gérer les égos dans un vestiaire ?

De tous temps, les grands joueurs ont été difficiles à gérer. Caprices, rivalités sportives, salaires, les objets de conflit sont si nombreux… Sans oublier depuis une semaine, la pseudo-affaire du pénalty de la discorde.

Cavani et Neymar vont-ils continuer à regarder dans la même direction pour le bien du PSG?
Cavani et Neymar vont-ils continuer à regarder dans la même direction pour le bien du PSG?

Des tensions finalement très classiques, entre l’ancien leader uruguayen de l’attaque du PSG, et un Brésilien venu à Paris gagner le Ballon d’or. Et à ce titre de nouveau numéro 1, tout est censé lui revenir : coup-francs bien placés, pénaltys et meilleure pose devant les photographes. Alors, oui Neymar s’est excusé il y a quelques heures pour avoir cherché à tirer le pénalty le plus célèbre de ce début de saison, mais cette affaire peut-elle laisser des traces dans le vestiaire ? Sociologue et auteur de l’ouvrage « Des footballeurs au travail » chez Agone, Frédéric Rasera décrypte. « Dans mon enquête, deux joueurs de L2 en étaient venus aux mains, 2 amis. Le lendemain matin, pour s’excuser, ils avaient payé le petit-déjeuner à tout le monde. Ils étaient passés très vite à autre chose. Entre Neymar et Cavani, cela peut laisser des traces, ne pas en laisser. Difficile de le dire à chaud aujourd’hui. En tout cas, une certitude, le fait que le Brésilien se soit excusé devant ses coéquipiers renforce la cohésion du groupe, renforce la dimension collective ».

Ancien Président de l’OM, Pape Diouf a eu de gros égos à gérer, mais sans rencontrer de vrais problèmes à l’intérieur de son vestiaire. « Ribéry, Barthez, Nasri avaient du caractère, mais en début de saison, j’insistais sur les intérêts de l’équipe, je cherchais à installer un esprit de camaraderie, les rapprocher les uns des autres, dans l’intérêt du groupe. Il faut aussi dire qu’à l’époque, à Marseille, il n’y avait pas une aussi grande réunion de stars en comparaison avec le Paris Saint-Germain d’aujourd’hui. L’épisode Neymar – Cavani m’a étonné. Quand on a des joueurs aussi importants, quand on connait leur égo, il faut le prévoir et prendre les dispositions nécessaires. Avant que cela ne survienne, c’est à anticiper ».

Ce type d’épisode peut-il réapparaître ? Peu probable. Les 2 joueurs ont été rappelés à l’ordre par Nasser en début de semaine, et figurent dans leurs contrats des clauses en matière de bonne attitude à tenir sur le terrain, de communication à soigner en zone mixte. Rasera y apporte un bémol. « Malgré tous les projecteurs braqués sur lui, Neymar sait très bien que cela ne se fait pas, mais pris dans le jeu, sur le terrain, cela lui échappe, et se pose ensuite la question de son image. Généralement, cela se règle en privé ».

Au-delà de ce conflit entre 2 hommes, apparaît un autre sujet, plus profond. Le clan des Brésiliens du PSG a-t-il pris le pouvoir ? Que des joueurs déracinés, loin de leur pays d’origine se rapprochent, paraît légitime, mais dans cette séquence, le rôle de grand frère – lieutenant d’Alves et l’épisode du coup-franc de PSG – OL raconte une autre histoire. Cavani semble isolé dans ce nouveau Paris Saint-Germain, et à terme, il ne faudrait pas que l’entre soi brésilien, de ces joueurs qui dînent ensemble, dont les femmes sont proches, parlant la même langue, déstabilise l’équilibre si fragile d’un vestiaire, ô combien peuplé de gros égos.

Antoine GRYNBAUM