Neymar, déjà grand joueur mais encore petit homme

Mercredi face à Dijon, Neymar Jr a encore réussi un exploit : celui d’être grand et petit dans le même match. Après son impressionnant triplé, son refus de s’effacer pour permettre au Parc de célébrer Cavani a laissé les supporters incrédules. A juste titre, car si sur la planète football, Neymar est déjà un géant, dans l’histoire du PSG, il n’est pour l’instant qu’un nain.

Si le football est le sport roi un peu partout sur la planète, c’est parce qu’il n’est pas une matière froide. Les chiffres n’ont jamais fait son histoire. Neymar peut inscrire des quadruplés toutes les semaines avec le PSG, cela ne fera jamais de lui l’alter-ego d’un Rai dans le cœur des supporters. Ibrahimovic en a fait l’amer expérience. Bien qu’auto-proclamé « légende du club », le géant suédois n’a, en réalité, marqué à vie que les footix tombés dans la marmite parisienne avec l’arrivée des Qataris. Pour tous les autres, Ibra n’aura été qu’un excellent joueur de passage. Pas une légende.

N’en déplaise à Liberty « Ibrahimovic » Valance (« Quand la légende est plus belle que la réalité, on publie la légende »), une légende ne s’invente pas, elle se nourrit. De buts, de prouesses techniques, de dribbles inédits mais aussi et surtout de regards, de paroles, d’attitudes, de postures et de dons de soi. C’est ainsi que Bernard Lama, par exemple, est entré dans le Panthéon du PSG. Plus que le capitaine, vainqueur de la C2 à Bruxelles, c’est l’homme que les supporters ont retenu dans leur imaginaire. L’homme droit et généreux. L’homme qui, après une énième soirée tendue avec quelques fachos du Kop de Boulogne, était revenu après le match pour discuter pendant plus d’une heure avec ce public si difficile. Sous les sifflets, Lama, lui, n’avait pas fui. Son égo ne le guidait pas.

En déclarant, « qu’avant lui, il n’y avait rien », Ibrahimovic avait piétiné le PSG et son histoire, pour mieux asseoir son autorité et construire son propre mythe. Chez les assoiffés de pouvoir ou de reconnaissance, la technique est vielle comme le monde mais elle berne encore les naïfs. En ne proposant pas à Cavani la possibilité de tirer ce penalty, Neymar s’est lui aussi placé au-dessus de l’histoire récente du club. Là encore, son ambitieux projet personnel (le Ballon d’Or) a guidé son choix. Un projet qu’il mènera sans doute à son terme. Avec Cavani et Paris… ou avec Madrid ou Manchester.

Mais s’il ambitionne aussi de rentrer dans le cœur des supporters parisiens et de faire partie de la légende du club, à l’image de ses compatriotes, Rai, Leonardo, Ricardo ou Ronaldinho, alors il devra comprendre qu’avant lui, il y a du beau monde à Paris et qu’un Cavani, entre autres, en fait incontestablement partie. Certes, Neymar n’est parisien que depuis 6 mois et il n’a peut-être pas encore compris l’importance qu’ont l’Histoire et les Grands Hommes dans la vie des Français. En 4 ans, le « Grand Ibra » lui-même ne l’a jamais vraiment saisi.

Ibra ou Rai. Roi ou Légende, Neymar peut encore écrire et choisir son Histoire. Une occasion s’en est allée, d’autres suivront.