OL: quelle place pour Aulas parmi les grands présidents dans l'histoire du football français ?

Jean-Michel Aulas incarnait l'OL depuis 1987, l'année où il avait accédé à la présidence du club. Ce lundi, par le biais d'un communiqué, OL Groupe a fait savoir que le propriétaire John Textor remplaçait l'emblématique dirigeant de 74 ans en tant que président du conseil d'administration et président directeur général. L'ancien patron, désormais président d'honneur, laisse derrière lui une trace à part dans le football français.

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Une longévité rare

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Avec 36 ans de présidence, Jean-Michel Aulas a forcément eu le temps de marquer les époques. A titre de comparaison, Bernard Tapie, qui avait poussé l'entrepreneur à se pencher sur le cas de l'OL, a dirigé l'OM d'avril 1986 à décembre 1994. Il effectuera également un passage au sein du club phocéen en tant que directeur sportif en 2001-2002. Si le "Boss" reste le seul président à avoir remporté la Ligue des champions à la tête d'un club français, son bilan reste aussi controversé après l'affaire VA-OM.

En longévité, Jean-Michel Aulas n'a néanmoins pas égalé d'autres présidents mythiques comme Louis Nicollin, qui a repris Montpellier sur les cendres d'une ancienne structure en 1974, alors en division d'honneur. Resté à son poste jusqu'à sa mort en 2017, "Loulou" avait amené le MHSC jusqu'au titre en Ligue 1 en 2012. A la tête d'Auxerre, Jean-Claude Hamel était resté lui 46 ans en exercice, entre 1963 et 2009. Dans le sillage de la collaboration avec Guy Roux, l'AJA a été titré en première division en 1996 et à quatre reprises en Coupe de France.

Arrivé pratiquement au même moment que Jean-Michel Aulas à Lens, Gervais Martel a conduit le RC Lens en deux temps, d'abord entre 1988 et 2012 puis sur la période 2013-2017, avec un titre de champion de France à la clé en 1998. Toutefois, après la gloire, le RCL a fini par tomber en Ligue 2, la faute notamment à des difficultés financières. Au contraire, l'OL a réussi à être régulier au plus haut niveau, avec une série de 23 années en Europe (1997-1998 jusqu'à la saison 2019-2020). Une statistique unique en France.

L'OL, dans les traces d'autres clubs dominants

Si l'OL a été le club dominant des années 2000, avec sept titres de suite en championnat, un record jamais égalé depuis, pas même par le PSG version qatari, les Girondins de Bordeaux ont eux dominé les années 1980 sous la houlette de Claude Bez. Le club au scapulaire a alors triomphé à trois reprises en première division mais le mandat de Bez (1978-1991) s'est terminé par une relégation administrative. En 1994, l'ancien président avait été condamné aussi dans l'affaire du Haillan.

En remontant les décennies, d'autres présidents ont aussi marqué le football français à l'image du Stade de Reims avec Henri Germain dans les années 1950, une collaboration marquée par deux finales perdues de C1 face au Real Madrid et six titres de champion de France. Pour Saint-Etienne, dominateur au cours de la décennie 1970. Rocher a dirigé les Verts entre 1961 et 1982, pour un bilan de neuf victoires en première division et une finale européenne mythique, perdue en 1976. Mais l'affaire de la caisse noire en 1981 a terni son bilan, en étant condamné à 36 mois de prison dont 32 avec sursis.

En parallèle de la domination de l'ASSE dans les années 1970-1980, Nantes a gagné quatre titres en première division sous la présidence de Louis Fonteneau (1969-1986). Président de l'AS Monaco pendant 28 ans, Jean-Louis Campora a lui mis au point l'un des centres de formation les plus prolifiques avec plusieurs champions du monde 1998 qui en sont sortis (Lilian Thuram, Emmanuel Petit, Thierry Henry et David Trezeguet). Cinq des huit sacres en première division du club du Rocher ont été remportés avec Campora en président.

Le PSG a aussi abrité plusieurs présidents emblématiques comme Francis Borelli (1978-1991), qui a aussi dirigé l'AS Cannes (1992-1996), autre club réputé alors pour sa formation. Si Nasser al-Khelaïfi, l'incarnation du propriétaire QSI, compte huit titres de Ligue 1 avec le club parisien, il ne laissera pas l'image, comme Aulas, d'un homme qui a tout bâti ou presque.

Francis Borelli avait était l'homme du premier sacre parisien en 1986. Tout comme des deux premières Coupes de France en 1982 et 1983. Michel Denisot a apporté lui d'autres trophées dans les années 1990 marquées par la rivalité face à l'OM avec un championnat de France (1994), trois Coupes de France (1993, 1995, 1998) et la Coupe des Coupes (1996), un succès européen. Avec Châteauroux, Denisot a atteint la finale de Coupe de France en 2004... perdue contre le PSG.

Un palmarès impressionnant

De son côté, Jean-Michel Aulas a permis à l'OL de revenir en première division en 1988-1989, ne la quittant plus depuis. Cinquièmes pour leur retour dans l'élite, les Gones ont retrouvé l'Europe en 1990-1991, quinze ans après. En 1994-1995, le club rhodanien terminait en deuxième position du championnat, son meilleur classement historique jusqu'alors.

Après trois nouvelles années sur le podium entre 1998 et 2001, l'OL décrochait le premier titre de champion de France de son histoire en 2002, pour un cycle de sept ans jusqu'en 2008. En parallèle, Aulas a obtenu sa première Coupe de France en 2008 puis la seconde en 2012, le dernier titre majeur pour lui, avec le Trophée des Champions remporté dans la foulée.

Vainqueur de la Coupe Intertoto en 1997, l'OL n'a jamais néanmoins décroché le Graal sur la scène européenne chez les hommes, avec des demi-finales en 2010 et 2020 en Ligue des champions, avec le Bayern Munich comme bourreau à chaque fois. En 2017, l'OL échouait aux portes de la finale de la Ligue Europa, face à l'Ajax Amsterdam, qui se jouait l'année suivante dans sa nouvelle enceinte du Groupama Stadium. Mais c'était l'autre Olympique qui s'était hissé à ce rendez-vous, là où l'OL avait été sorti en huitièmes.

Toutefois, après la demi-finale de Ligue des champions en 2010, Jean-Michel Aulas a fini par glaner la compétition à huit reprises grâce à la section féminine, l'autre grande réussite de "JMA". Au total, l'OL féminin a apporté huit titres dans la plus prestigieuse compétition européenne. Dans un règne pratiquement sans partage jusqu'à l'avènement du PSG, l'OL a aussi outrageusement dominé la scène nationale, comptant 14 championnats de France et neuf Coupes de France.

Les autres accomplissements d'Aulas

A l'image de l'AS Monaco, l'OL a aussi été ces dernières années à la pointe de la formation. Karim Benzema, actuel Ballon d'or, en est le plus bel exemple, lui qui est un pur produit de l'OL. Samuel Umtiti, Corentin Tolisso et Nabil Fekir, formés par le club d'Aulas, ont eux décroché le titre de champion du monde 2018.

Outre les titres avec ses équipes, Jean-Michel Aulas a aussi considérablement contribué à assainir les finances du club d'abord, avant de les développer au point de construire son propre stade et de placer OL Groupe en bourse. En 2016, lors de l'inauguration du projet de son Grand stade à Décines-Charpieu, Jean-Michel Aulas disait qu'il s'agissait du "plus beau jour" de sa vie lorsqu'il se trouvait face à cette enceinte ultramoderne de 59.000 places.

Sur le même site, appelé "OL Vallée", doit désormais s'élever une nouvelle "arena" multifonctionnelle, symbole de la diversification d'OL Groupe, qui détient aussi un tiers du capital du club de basket de l'Asvel Lyon-Villeurbanne (Elite). Aux yeux de tous, la grande force d'Aulas a été sa puissance de travail, lui qui est présent dans toutes les instances qui comptent, de la Fédération française à la Ligue en passant par la puissante association européenne des clubs (ECA).

Meneur d'hommes, à l'aise avec les médias, stratège, Aulas laisse derrière lui un club bien structuré et l'un des plus beaux héritages du football français. A John Textor et ses équipes désormais de poursuivre la route dans le sillon tracé par Jean-Michel Aulas.

Article original publié sur RMC Sport