OL: rapports tendus avec Textor, deux visions du club... les dessous du départ d’Aulas de la présidence

Tout s’est déclenché et accéléré, vendredi. Lors d’un conseil d’administration très long, un ultime point à l’ordre du jour est abordé. Et il sera décisif. Son intitulé: "relations entre Eagle football et Holnest", Eagle Football étant la société de l’homme d’affaires américain, John Textor qui a racheté l’OL en juin dernier et Holnest, la "family office" détenue par Jean Michel Aulas, actionnaire de 8,24 % des actions après la vente actée en juin 2023. Et c’est bien cette date du 5 mai qui est notée dans le communiqué de 17 lignes qui entérine, froidement, le départ du "Préz", comme on l’appelle dans les bureaux. Les rapports s’étaient en effet tendus entre les deux hommes, visiblement pas sur le même axe pour faire repartir l’OL dans les années à venir après des saisons en dents de scie et une absence de Coupe d’Europe cette saison après la 7e place en mai 2022.

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Deux visions s'opposent

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Deux hommes, deux visions s’affrontent: l’une "continentale et française" sur laquelle Jean Michel Aulas entend continuer de s’appuyer avec ses hommes, ses réseaux, ses habitudes, appuyé par le renouveau sportif en cours en Ligue 1 ; l’autre, plus "américaine et business" avec la volonté de tout balayer et de repartir d’une feuille blanche.

Et le premier dossier d’importance apparu au cours des conseils d’administration a crispé: il s’agit de la réorganisation d’OL Groupe, autour de deux pôles "multiclubs", d’un côté "Eagle football au masculin" autour de l’OL, Botafogo, Molenbeck – sous la gouvernance de JMA pendant trois ans, selon les termes de la vente de juin 2022 et de l’autre, un pôle féminin dirigé par une nouvelle entrante au conseil d’administration, une femme d’affaires américaine, Michele Kang. Tout au long des dernières semaines, les réunions furent dures et éprouvantes au sujet des différents fonctionnements de ces futures entités pour Jean-Michel Aulas. JMA pensait rééditer ce qui avait bien fonctionné avec Jérôme Seydoux, apporteur de fonds pour être un actionnaire de référence en février 1999, mais lui laissant le volant quotidien et concret du club. Jérôme Seydoux était souvent consulté, écouté mais au final, c’était toujours Jean-Michel Aulas qui décidait.

En contractant avec John Textor, un accord de gouvernance lui accordant 3 ans - minimum - de présence, il pensait avoir acté le même type de fonctionnement. Mais c’était sans compter avec un homme d’affaires américain qui a bien vite montré qu’il ne voulait pas être l’acheteur et actionnaire majoritaire (78,4 %) tout en laissant les rênes à un autre… "boss". La froideur du communiqué témoigne aisément du fossé qui sépare le président – bâtisseur de l’OL depuis 36 ans et son successeur qui a décidé de prendre des allures de rouleau compresseur.

Alors que John Textor était arrivé quelques heures auparavant à Lyon, l’absence à ses côtés, de JMA dimanche dans la corbeille du Groupama Stadium lors d’OL-Montpellier (5-4), d’abord annoncée pour raison personnelle était bien une conséquence de ce débarquement en gestation.

Quand les deux hommes se sont vus pour la dernière fois? Avant le match? Après le match? En jeu maintenant, les 10 millions d’euros que doit toucher le désormais ex-président de l’OL dans une telle situation, couchée noir sur blanc dans le contrat de vente. John Textor qui doit aussi poursuivre son "achat" de l’OL, avec l’OPA qu’il doit lancer pour racheter le dernier parquet d’actions des petits porteurs encore sur le marché. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’OL qui prend donc bien désormais ses contours US, moins de cinq mois après le rachat par John Textor. Avec une kyrielle de questions qui en découlent alors que JMA passe d’omni-président depuis 1987 à (simple) "Président d’honneur".

Article original publié sur RMC Sport