OM: bilan, avenir, Tudor... l'intégrale de Guendouzi dans Rothen s'enflamme sur RMC

OM: bilan, avenir, Tudor... l'intégrale de Guendouzi dans Rothen s'enflamme sur RMC

Jérôme Rothen: Salut Mattéo, ça va?

Mattéo Guendouzi: Ça va super.

Jérôme Rothen: Oui quand c’est les vacances, on est mieux…

On est bien, en plus il y a un peu de soleil ici, donc c’est pas mal.

Jérôme Rothen: Tu peux nous dire pourquoi tu nous reçois ici, pourquoi on est dans cette enceinte sportive (à Verneuil-sur-Seine, dans les Yvelines)?

Parce que j’ai l’immense fierté d’avoir un stade à mon nom. C'est un moment particulier pour moi, un moment magique, quelque chose de toujours extraordinaire. Il y a pas mal de très grands joueurs qui en ont aussi à leur nom, donc à 24 ans ça me fait extrêmement plaisir. J’ai fait ma pré-formation ici quand j’étais au PSG. Entre 13 et 15 ans, j’étais au collège ici, en 5e, 4e et 3e. La pré-formation du PSG est encore installée ici. On s'entraînait ici une fois par jour jusqu’au vendredi avant de jouer les matchs le week-end.

Jérôme Rothen: Tu as gardé les contacts de personnes qui t’ont aidé à devenir professionnel?

Oui oui, bien sûr. Il y a déjà pas mal de personnes du PSG avec qui je suis resté en contact quand j’étais en pré-formation, notamment Sébastien Thierry ou Cédric Cattenoy, qui était à l’époque le responsable du centre de formation. J’ai évidemment gardé contact avec tous les joueurs de ma génération, comme Boubakary Soumaré, Moussa Diaby, Dan-Axel Zagadou…

Jean-Louis Tourre: As-tu hésité avant d’accepter et de faire l’inauguration maintenant alors que t’es encore sous contrat avec l’OM? C’est quand même courageux d’assumer son passé de joueur du PSG alors que t’es encore sous contrat avec l’OM…

Non non, ça fait partie de ma carrière, ça a été une étape de ma carrière. Ce qu’il faut distinguer, c’est la pré-formation et le centre de formation. La pré-formation, c’est ce que j’ai fait entre 12 et 15 ans au PSG. Ensuite, je suis parti à Lorient au centre de formation, c’est là que je me suis formé. Là, c’est Verneuil-sur-Seine, c’est un stade qui va porter mon nom, donc c’est vraiment un très beau moment pour moi.

"On aurait pu mieux faire à certains moments de la saison"

Jérôme Rothen: On profite de ta présence pour faire un bilan de ta saison. Quel bilan fais-tu? Il s’est passé des choses pour toi en plus…

Comme tous les ans, on sait qu’on peut toujours progresser et faire de meilleures choses. J'ai beaucoup appris, j’ai appris de nouvelles choses. Comme tout le monde le sait, l’année dernière on pratiquait un football totalement différent de celui de cette saison. Il a fallu s’adapter et imaginer de nouvelles choses sur le terrain, un nouveau poste aussi pour moi qui n’était pas évident pour le départ. Mais c’est le football, il faut savoir s'adapter à n’importe quel contexte.

Collectivement, je pense qu’on aurait pu mieux faire à certains moments de la saison, à des moments clefs. Je pense notamment au match contre Annecy en Coupe de France, aux matchs à l’extérieur en fin de saison en Ligue 1 à Lens et Lille, qui nous ont mis un coup sur la tête et fait perdre cette deuxième place qu’on avait pendant toute la saison. Après, il ne faut pas tout jeter, car on a quand même fait de bonnes choses. Mais on est l’OM, on se doit d’arriver minimum deuxième. Cette saison, il y avait aussi la place pour aller plus loin en Coupe de France, surtout quand tu élimines le PSG et le Stade Rennais. On a continué d’avancer, continué de progresser. Maintenant, il va y avoir de nouvelles choses cet été, avec un nouveau coach.

Jérôme Rothen: Pablo Longoria a parlé d’un manque d’humilité à partir de la victoire en Coupe de France contre le PSG. Est-ce que toi t’as senti quelque chose de la part des joueurs?

Non, pas forcément. Je pense que cette année-là s’est surtout jouée sur des moments-clefs où on a manqué de personnalité sur le terrain, certaines choses qui auraient pu nous faire arriver deuxièmes. Individuellement, les qualités sont là dans l’équipe. Il y a de très bons joueurs.

Jérôme Rothen: Est-ce que ces moments-clefs n’ont pas aussi été causés par le fait que Tudor décide de carrer certains mecs au début de l’année ou de changer de position certains joueurs comme toi? Est-ce que ça fait partie des manques qu’il y a eu toute l’année?

C’est une question qu’on se pose forcément en fin de saison. Pendant la saison, peu de personne parlait de ça car il y avait des résultats. Forcément, on fait les comptes après la 38e journée. C’est sûr qu’on a tous notre part de responsabilité là-dedans, que ce soient le coach ou les joueurs. Nous, y’a des moments sur le terrain où on n'a pas été bons et il faut aussi l’assumer. Le coach a peut-être aussi fait des erreurs, mais comme tout le monde peut en faire.

Jérôme Rothen: Toi, il n’y a pas un moment où tu t’es demandé "Mais pourquoi il ne me remet pas un poste où j’ai excellé l’année dernière?"

Pour être honnête, j’avais discuté avec le coach cet hiver qui m’avait dit qu’il allait me remettre à mon poste de prédilection, donc au milieu de terrain dans le double pivot. J’ai attendu qu’on me remette à ce poste-là et je n’y ai pas joué beaucoup. Mais ce n’est pas grave, je me suis adapté car je n’ai pas fait passer mon cas personnel avant celui de l’équipe. Y’a d’autres joueurs, comme Clauss qui a joué à gauche, qui n’ont pas joué à leur poste. Il a fallu s’adapter avec un nouveau coach et aussi des nouveaux joueurs qui sont arrivés en janvier. Il faut toujours s'adapter. Mais mon poste, c’est plus au milieu de terrain, c’est là où je me sens le mieux et où je pense pouvoir aider le plus l’équipe. Dans la position plus haute, j’ai aussi fait des bons matchs et aidé l’équipe. Ce sont des choix du coach qu’il faut savoir respecter comme on l’a fait tout au long de l’année et mettre le côté individuel derrière pour penser à l’équipe.

"Je préfère un jeu avec un coach comme Sampaoli"

Jean-Louis Tourre: As-tu été soulagé d’apprendre qu’Igor Tudor quittait le poste d’entraîneur de l’OM? Je dis ça parce que vous avez parlé du positionnement, mais aussi du temps de jeu. Tu as beaucoup moins joué avec Tudor qu’avec Sampaoli. Même si tu as beaucoup de matchs joués, il y en a eu pas mal en étant remplaçant ou en sortant en cours de match, ce qui n’était pas le cas l’an dernier.
Les six premiers mois, j’ai beaucoup joué, j’ai pratiquement joué tous les matchs titulaire. En revenant de la Coupe du monde, j’ai joué un mois titulaire encore. Puis après il y a des matchs où j’ai été mis sur le banc, j’ai été mis sur le côté. Je n’ai jamais mis mon côté individuel avant celui de l’équipe, je ne suis jamais allé me plaindre auprès du coach, de personne. Des choix ont été faits, peut-être qu’on aurait pu faire de meilleures choses sur le terrain, le coach aussi. Mais il faut savoir continuer de travailler, savoir ne pas se plaindre. Et quand on est sur le terrain, savoir aussi montrer qu’on est une vraie valeur ajoutée pour l’équipe et que notre place est sur le terrain et pas en-dehors. Jean-Louis Tourre: Mais ça ne répond pas à la question. Jérôme Rothen: Pour rebondir sur la question, quand tu vis une deuxième partie de saison qui ne ressemble pas à la première, je suis passé par là, automatiquement tu te remets en question et tu remets en question les choix de l’entraîneur et la relation qui était peut-être fusionnelle au départ et qui ne l’est plus sur les six derniers mois. Tu te dis que c’est peut-être une bonne nouvelle que ça change pour moi… C’est humain de penser comme ça.

Non, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. C’est son choix, il faut le respecter. C’est lui qui a décidé de partir, même si je ne sais pas comment ça s’est passé avec la direction. Mais un choix a été fait entre eux, on l’a subi deux trois jours avant le match contre Ajaccio. Après, c’est sûr que le style de jeu du coach Tudor n’est pas celui qui me convient le plus. J’ai toujours été honnête par rapport à ça. Je préfère un jeu avec un coach comme Sampaoli la saison dernière, où mes qualités footballistiques peuvent ressortir au mieux et peuvent aider l’équipe au maximum.
Jérôme Rothen: Même avec les caractéristiques d’Igor Tudor, en jouant à ton poste, double pivot où avec ton volume de jeu, l’abattage, la grinta, tout était réuni pour que tu t’imposes à ce poste là. Même avec Igor Tudor, tu aurais pu y arriver. Oui bien sûr, c’est ce qui m’avait été dit en début de saison. La direction et le coach savaient que j’avais un jeu qui était beaucoup basé sur la possession, où je touchais beaucoup de ballons, mais ils m’avait dit que je pensais que je pourrais faire de belles choses dans ce nouveau dispositif, un peu plus haut, ou même au milieu de terrain, mais que je pourrais apporter de nouvelles choses à l’équipe parce que c’est un jeu complètement différent de celui de Sampaoli. Il n’y a pas de soucis, j’ai travaillé comme ça depuis le début de saison, je n’ai jamais rien lâché à l’entrâinement. Après, j’ai dit au coach que je préférais jouer dans le double pivot, mais le coach avait besoin de moi plus haut. Je l’ai fait pendant toute la saison, et comme je l’ai dit j’ai pensé d’abord au collectif avant de penser à moi. Jérôme Rothen: Tu as raison, maintenant, tu penses forcément à toi quand tu es à la fin d’une saison et à l’aube d’une nouvelle, même si t’es sous contrat à l’OM (jusqu’en juin 2025, ndlr). Le fait que le projet va être différent à l’OM, est-ce que tu te dis que tu n’as pas fini l’aventure à Marseille? Que tu vas continuer? Alors qu’on a quand même l’impression qu’on était arrivé au bout si Tudor était resté et que l’OM t’aurais peut-être vendu sachant que t’as une bonne valeur marchande aujourd’hui. Ce sont des discussions qu’il faudra avoir avec la direction. Je n’ai pas encore parlé avec après la saison. On sait que toutes les cartes sont rabattues, parce qu’un coach est parti, qu’un nouveau va arriver. Il faut connaître aussi la position de la direction, celle du nouveau coach, s’il aura vraiment besoin de toi, à ce poste ou à un autre, s’il pense que tu seras un joueur important pour lui ou pas. Beaucoup de facteurs vont entrer en compte. Jérôme Rothen: Mais tu restes un joueur international. Quand tu as ce statut, tu as un rôle important dans n’importe quel groupe. Bien sûr, c’est ce que la direction m’a déjà fait savoir. Que j’étais un joueur important de l’équipe. C’est pour ça qu’on va vraiment se poser, qu’on puisse discuter de tout ça avec le nouveau coach et avec la direction. Ensuite, on verra.

"J’ai été sollicité en janvier"

Jérôme Rothen: Mais toi, tu ne te sens pas au bout de l’aventure marseillaise?
Non, pas du tout. Comme je l’ai toujours dit, j’ai toujours voulu faire de grandes choses ici, gagner des trophées. C’est quelque chose qui me tient vraiment à coeur, et encore plus à l’Olympique de Marseille. Je suis un peu resté sur ma faim en cette fin de saison, parce qu’il y a un goût d’inachevé. J’ai vraiment envie de faire de belles choses ici. On va peser le pour et le contre, il y aura des réflexions, une bonne discussion avec le club. Mais là, il faut d’abord partir en vacances, souffler et voir ce qu’il se passe. Jean-Louis Tourre: On est d’accord que Pablo Longoria ne vous a pas dit: “S’il y a une bonne offre pour toi, on te vend”? Parce que ce sont des choses qui ont déjà circulé lors du mercato précédent. Non, mais c’est vrai que le président Pablo Longoria savait que j’ai été sollicité en janvier. J’ai discuté avec lui, il m’a dit qu’il n’avait pas envie que je parte en janvier. Donc je ne suis pas parti et moi-même je n’avais pas envie de partir à ce moment de la saison. J’ai discuté avec le coach dans le même sens. On avait vraiment envie de super bien terminer la saison et de faire de belles choses. Mais non, la direction ne m’a jamais parlé de valeur marchande, qu’il faut absolument me vendre ou quoi que ce soit. Peut-être qu’ils auront un discours différent quand je discuterai avec eux cet été. Mais en tout cas, non, ils n’ont pas tenu ce discours avec moi. Ils m’ont toujours fait part de leur intérêt et du fait que j’étais un joueur très important pour eux. Jérôme Rothen: Pour parler encore de ton cas personnel, sur l’équipe de France. Là, tu n’as pas eu de sélection. Est-ce que tu t’es entretenu avec Didier Deschamps? Non pas du tout, mais le sélectionneur prend des décisions, qui sont souvent très bonnes parce qu’il a toujours eu de très bons résultats en équipe de France. Jérôme Rothen: Elles sont moins bonnes quand il ne t’appelle pas! Ne t’en fais pas, je ne dis pas ça pour toi! Moi, à l’époque, quand on ne m’appelait pas, et ce n’était pas Didier mais un autre, je disais: “Mais qu’est-ce qu’il est con celui-là!” Non pas du tout! Il faut savoir que c’est l’équipe de France, il y a de très grands joueurs à n’importe quel poste. Après, c’est sûr que j’ai été appelé pour la Coupe du monde parce que j’ai beaucoup joué en un an et demi. C’est vrai que j’ai un peu moins joué, et moins à mon poste aussi. Ça a peut-être joué dans la balance. Il va falloir continuer de travailler, ne rien lâcher, parce que l’Euro va arriver l’été prochain. C’est un objectif que j’ai en tête. Je veux vraiment faire partie de ce groupe. Jérôme Rothen: Si tu joues à ton poste, il n’y a pas de raison… On verra, mais c’est sûr que j’aurai plus de chances.

Article original publié sur RMC Sport