OM-PSG : Tuchel a montré qui était le patron

Du coup de gueule après Naples aux sanctions sportives : Tuchel a pris des risques contre l’OM pour forcer ses joueurs à respecter l’institution PSG. Pari réussi.

Il faut être honnêtes avec nous-mêmes : lorsque l’on a découvert la composition du Paris Saint-Germain avant le choc contre l’Olympique de Marseille, difficile de ne pas être étonnés en voyant Tuchel se passer d’Adrien Rabiot et de Kylian Mbappé dans son 11 de départ. Deux titulaires indiscutables du PSG, privés de ce grand Classique, et qui s’ajoutaient à la liste d’absents déjà imputables à l’équipe, de Silva à Cavani en passant par Kimpembe.

Après le coup de gueule post-Ligue des champions du coach allemand sur le manque d’investissement de ses joueurs, ce dernier aurait sanctionné ses deux joueurs suite à un retard lors de la causerie d’avant-match. Cerise sur le gâteau, après le match proposé par les deux Parisiens contre Naples, l’un ne participant pas à l’effort défensif de son équipe, l’autre s’affichant en dilettante dans l’engagement physique et la récupération du ballon.

« C’est une décision très difficile avant un aussi gros match. Et nous avons des raisons de le faire », a expliqué Tuchel en conférence de presse, précisant que le respect de l’institution passait avant le risque sportif de perdre contre un rival historique.

Alors avant l’entame du match contre l’OM, on le savait déjà : Tuchel serait jugé sur ce choix très fort. Parce qu’il allait oser faire ce que tous ses prédécesseurs n’avaient eu le courage de faire avant lui : envoyer bouler ses titulaires indiscutables, et les traiter comme n’importe quels autres joueurs. Mais aussi et surtout, parce qu’il décidait de sanctionner ces mêmes joueurs lors d’un Classique, l’un des matches les plus attendus de la saison des Parisiens.
Alors oui, Tuchel aurait été traité d’insolent si le PSG était tombé au Vélodrome suite à ces sanctions. Il aurait été jugé responsable du déséquilibre de son équipe, et certainement coupable d’estimer avoir les moyens de se priver de joueurs de ce calibre. Sauf que Tuchel a réussi le pari.
Et puis après tout, même en cas d’échec, comment lui en vouloir, après avoir tant reproché à ses prédécesseurs de se plier au statut de ses joueurs ?

« C’était une décision disciplinaire. Moi, je déteste jouer sans Kylian dans un match comme ça. J’en suis triste. C’était une bonne réponse mais c’est un peu difficile aujourd’hui », s’est expliqué Tuchel après la rencontre au micro de Canal + avant de poursuivre en conférence de presse : « Je n’aime jouer ni sans Kylian ni sans Adrien, car nous ne faisons pas des plans pendant plusieurs jours pour nous passer d’eux. Ça me contrarie ». Une manière pour lui de mêler l’affectif à la sévérité, de jouer la pédagogie plus que la distance, tout en s’affirmant publiquement.

Après ces années durant lesquelles les joueurs du PSG ont baigné dans le confort de ne pas être bousculés, qu’il est bon de voir un coach marquer son territoire, imposer un cadre et se tenir à ses convictions. Car c’est ce que beaucoup attendaient depuis des années dans la capitale. Le respect avant les noms, le club avant les matches.

Finalement, malgré une rencontre pas forcément maitrisée et un but éclair d’un Mbappé en réaction, on retiendra que l’attaquant a répondu positivement sur le terrain en s’offrant un but en 3 minutes de jeu. Le coup gagnant du soir, c’est aussi cette réaction de champion de Mbappé, qui semble se sentir à la hauteur des responsabilités que lui offre son coach. « Une grande équipe se repose sur des leaders. Il faut qu’ils sachent faire la différence. Je pense que je peux assumer », a précisé ce dernier en zone-mixte au terme du match.

Tuchel et son équipe ont battu l’OM ce dimanche soir, mais c’est peut être un autre combat qu’a remporté Tuchel : qu’importent l’adversité et le nombre de caméras braquées sur un match. Qu’importent les millions sur vos épaules et les négociations qui encadrent vos contrats. Qu’importe le flocage sur votre maillot : personne ne sera intouchable, et il était bon de le rappeler.
Ce soir, il
a montré qui était le patron. Un patron triste de sanctionner, déçu de devoir taper du poing sur la table, mais un patron qui ose enfin prendre la mesure d’un club qu’on ne méprise pas dans l’attitude sur et en dehors du terrain. Et si c’était ça, finalement, son premier gros coup dans la capitale ?