Ouganda : la nouvelle loi "anti-homosexualité", l'une des plus répressives au monde, a été promulguée

Ouganda : la nouvelle loi "anti-homosexualité", l'une des plus répressives au monde, a été promulguée

Dans la version définitive du texte, les députés ont maintenu, contre l'avis du président, une disposition faisant de "l'homosexualité aggravée" un crime capital, ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort.

Consternation et inquiétude. Ce lundi, et malgré les mises en garde de la communauté internationale, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué une loi anti-LGBT+ prévoyant de lourdes peines pour les relations homosexuelles et la "promotion" de l'homosexualité. Cette nouvelle législation est considérée comme l'une des plus répressives au monde.

"Elle s’appelle loi anti-homosexualité 2023. Lorsque vous commettez un acte d’homosexualité aggravé, selon la loi, vous serez passible de la peine de mort", se réjouit ainsi Asuman Basalirwa, député ougandais et auteur du projet de loi, qui présente aux caméras le document signé par le président en fonction depuis 1986.

Selon le texte, quiconque - particulier ou organisation - "promeut sciemment l'homosexualité" encourt jusqu'à 20 ans de prison. S'il s'agit d'une organisation, elle risque dix ans d'interdiction. Cette loi permet également la mise en place de thérapies de conversion obligatoires.

Chaque Ougandais "devient un policier"

Avant même la promulgation de cette loi, l'une des plus répressives du monde, de nombreuses associations locales ont exprimé leur grande préoccupation.

Frank Mugisha, directeur exécutif de Sexual Minorities Uganda, une organisation de défense des droits des homosexuels dont les activités ont été suspendues par les autorités l'année dernière, s'était alarmé du vote quasi-unanime du texte qui, selon lui, "montre à quel point les parlementaires sont extrêmes et homophobes et met les personnes LGBTQ encore plus en danger".

"La loi impose à tout citoyen de dénoncer une personne qu’elle soupçonne ou croit être homosexuelle. Cela signifie que chaque personne en Ouganda devient un policier", assure à BFMTV Francis Tumwesgye, avocat ougandais spécialisé dans les Droits de l’Homme.

Mais surtout, sur un continent où l'homosexualité est passible de prison dans une trentaine de pays, les activistes craignent l'effet tache d'huile de la loi ougandaise. "Pourquoi un pays devrait criminaliser une partie de sa population en fonction de sa sexualité ? Je pense que c’est très barbare, c’est primitif, et ça renvoie à l’ère coloniale", dit Alex Kofi Donkor, président de LGBT rights in Ghana.

Loi modifiée à la marge

Dans un premier temps, le vote de ce projet de loi au Parlement le 21 mars avait suscité un tollé international. Le président Museveni avait demandé fin avril aux parlementaires de "réexaminer" le texte et de préciser que le "fait d'être homosexuel" n'était pas un crime mais que seules les relations sexuelles l'étaient.

Dans une version modifiée à la marge et votée à l'unanimité moins une voix le 2 mai, les élus avaient inclus dans le texte qu'"une personne qui est présumée ou soupçonnée d'être homosexuelle, qui n'a pas commis d'acte sexuel avec une autre personne de même sexe, ne commet pas le délit d'homosexualité".

Dans le nouveau texte, les parlementaires ont toutefois maintenu, contre l'avis du chef de l'Etat, une disposition faisant de "l'homosexualité aggravée" un crime capital, ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort. En Ouganda, la peine capitale n'est plus appliquée depuis des années.

Le président ougandais qualifie lui-même régulièrement l'homosexualité de "déviance". En avril dernier, il avait pointé l'homosexualité comme étant "une grande menace et un danger pour la procréation de l'espèce humaine".

Article original publié sur BFMTV.com

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