Palme d'or 2023: ce que raconte "Anatomie d'une chute", le film de Justine Triet

Anatomie d'une chute, qui a remporté samedi la Palme d'or, est un film de procès qui décortique méticuleusement les rapports de force et de domination au sein d'un couple d'artistes aisés, porté par l'interprétation de Sandra Hüller.

S'inspirant de faits divers, la réalisatrice Justine Triet retrace le procès d'une autrice allemande (Sandra Hüller) accusée aux assises du meurtre de son mari, dans leur chalet des Alpes françaises.

En l'absence de témoin, si ce n'est leur fils, un enfant malvoyant, la justice va disséquer la vie du couple dont les disputes étaient enregistrées par le mari. Et révéler tous les rapports de pouvoir, névroses et failles cachées.

D'une durée de 2h30, il sortira en salles le 23 août. "C'est un film plus ample qu'un film de procès", a déclaré à l'AFP la réalisatrice de 44 ans, remarquée avec Sibyl ou Victoria. Dans Anatomie d'une chute, elle "explore une nouvelle fois la famille et le couple: comment on est ensemble? Qu'est-ce qu'on se donne? Qu'est-ce qu'on se doit?".

Meurtre ou suicide?

Sandra Hüller joue "un personnage qui assume sa liberté, sa sexualité, ses choix de vie. Elle a l'air forte et ça la rend suspecte", décrit la réalisatrice. "J'ai toujours fait des films autour de femmes. Cette fois, c'est quelqu'un qui n'est pas facile à comprendre".

Anatomie d'une chute, dont le scénario a été co-écrit par la réalisatrice et son compagnon, l'acteur et réalisateur Arthur Harari, repose sur une déconstruction cérébrale et méticuleuse des mécanismes du couple et de la justice.

Au-delà de la reconstitution du drame, pour savoir s'il s'agit d'un meurtre ou d'un suicide, le film expose une multitude de rapports de force: le jeu entre les langues, l'allemand maternel du personnage principal, l'anglais pour communiquer et le français parlé au procès, la séduction au sein du couple, la rivalité entre les partenaires quand l'un a plus de succès que l'autre...

Un film "puzzle"

Justine Triet dit avoir construit comme "un puzzle", dans lequel le spectateur est projeté dès la première scène et dont il ne comprend que tardivement le sens.

"Ce film, c'est comme rentrer dans le cerveau de cette femme, essayer de comprendre qui elle est comme femme, comme mère, comme artiste", explique la réalisatrice.

Les scènes de procès sont centrales, portées par l'affrontement entre l'avocat général, joué par Antoine Reinartz, et l'avocat de l'accusée (Swann Arlaud).

La réalisatrice avait très envie de filmer la justice: "Le procès, c'est un endroit où on délire sur la vie des gens, où la parole est déformée. C'est le lieu où la fiction démarre", affirme-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com