Paul Pogba prend ses responsabilités

ÉQUIPE DE FRANCE – Sifflé à Nice par une partie du public français, en préparation lors de la rencontre amicale face à l’Italie, Paul Pogba se montre à son avantage en Russie. Sur et en dehors du terrain.

Paul Pogba prend ses responsabilités (photo Reuters).
Paul Pogba prend ses responsabilités (photo Reuters).

Paul Pogba parle, beaucoup. Dans les médias, sur les réseaux sociaux, le milieu français affiche sa confiance et sa décontraction. Lorsqu’il n’est pas au mieux sur le terrain, Pogba paie cette communication, que certains qualifie d’arrogante. Pour le grand public, il est même trop bling-bling, trop nonchalant sur le pré.

Un leader charismatique qui occupe l’espace médiatique
Pourtant, au sein du groupe de l’équipe de France, Paul Pogba fait l’unanimité. Adoré par ses coéquipiers, il est un relais privilégié pour Didier Deschamps. Lorsque le sélectionneur doit faire passer certains messages, il sollicite « La Pioche ». Le coach français le sait, le milieu de Manchester United assure parfaitement le lien entre les différences générations de cette équipe.

Écouté et respecté par les plus anciens comme Hugo Lloris, Olivier Giroud et Blaise Matuidi, Pogba se comporte aussi en grand frère pour les plus jeunes comme Lucas Hernandez, Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé ou Benjamin Pavard. Avant le début de la Coupe du Monde, tous sont montés au créneau pour le défendre, en conférence de presse. Affirmant qu’il était un leader, un patron. Par ailleurs, l’ancien Turinois est également très important pour Antoine Griezmann. Amis dans la vie, les deux stars de l’équipe de France – donc plus exposées – se soutiennent.

Médiatiquement, Paul Pogba prend de la place, comme sur le terrain d’ailleurs. Mais cette occupation permet aux autres joueurs d’être moins scrutés. Il cristallise l’attention et les critiques, qui semblent glisser sur lui. Cette confiance en soi, que certain lui rapproche, sert au groupe. Pour ses camarades, il apporte du calme. C’est un leader charismatique.

Sur le terrain, il assume
Critiqué et même sifflé – lors du match du match amical face à l’Italie à Nice – pendant la préparation des Bleus, Paul Pogba se montre à son avantage depuis le début du Mondial. Pour la première rencontre face à l’Australie (2-1), il s’est montré décisif en étant impliqué sur les deux buts tricolores. C’est lui qui donne la passe pour Antoine Griezmann qui amène le pénalty. C’est encore lui qui provoque le csc australien et qui offre la victoire à la France. Le tout en réalisant un mach solide dans le cœur du jeu.

Contre le Pérou, il est monté en puissance. Il a distribué bon nombre de consignes sur le terrain. Après le premier match, les joueurs avaient évoqué une mauvaise communication. Pogba a pris ses responsabilités et donné de la voix pour y remédier. Associé à un excellent N’Golo Kanté, il a pris le contrôle du jeu français, sans se cacher. Il a parfaitement alterné le jeu court et long, avec peu de déchets, avec 72,6% de passes réussies. Plus intéressant, sur ses 62 passes tentées, 27 ont été distribué vers l’avant (dans les 30 derniers mètres). Le meilleur total du match avec Kanté (27 également).

Plus significatif de sa montée en puissance. Le joueur de 26 ans a récupéré 10 ballons face au Pérou (deuxième meilleur total, après N’Golo Kanté qui en a gratté 13, ndlr). Soit 4 de plus que face à l’Australie (6, 4ème meilleur total). Didier Deschamps voulait le voir au combat, il l’a été. Pourtant pas dans sa nature, Pogba a su se faire violence pour le bien du collectif.

En attendant le réveil d’Antoine Griezmann, la France peut compter sur son autre tête d’affiche, Paul Pogba. Hormis le staff, ses coéquipiers et lui, peu de gens aurait prédit qu’après deux rencontres, il figurerait dans la case des satisfactions tricolores. En espérant qu’il fasse de preuve de constance. Performant, il l’a déjà été. Régulier, un peu moins.

G.C, à Iekaterinburg