Une « pause réglementaire » sur l’écologie ? La Commission européenne répond à Emmanuel Macron

Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne a fait sa réponse à Emmanuel Macron.
Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne a fait sa réponse à Emmanuel Macron.

ENVIRONNEMENT - La réponse est nette et cinglante. « On n’a pas le luxe de pauses », a déclaré ce vendredi 2 juin Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, en réponse au récent appel d’Emmanuel Macron en matière d’écologie. Le 11 mai dernier, le président de la République réclamait à l’Union européenne de faire une « pause » dans les règles environnementales.

« Appliquons et allons au bout » du Pacte vert de la Commission européenne, « mais n’en rajoutons pas plus », avait-il plaidé, arguant que l’Europe est en avance sur les autres puissances mondiales.

Une position reprise par le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui réclamait aussi « une pause », y compris sur des textes du Pacte vert encore en négociation, pour « éviter de surcharger la barque » des normes environnementales. Mais face à l’urgence climatique et à la crise de la biodiversité, ces propos ont fait bondir les écologistes et pas seulement.

« On n’a pas le luxe de pauses, ni dans la politique climatique ni dans la protection de notre biodiversité », a cinglé le numéro deux de la Commission. « La crise climatique s’accélère » tandis que « 60 %, même plus, des terres européennes sont en mauvaise condition, on est en train de perdre nos abeilles, on est en train de créer des périodes de sécheresse qui éviteront de la production agricole sur des surfaces énormes… », a souligné Frans Timmermans.

La loi européenne de restauration de la nature divise

Lors de sa prise de parole à la Conférence Jacques Delors à Paris, le dirigeant a également particulièrement insisté sur les enjeux en matière de biodiversité. Ce n’est pas un hasard : depuis plusieurs semaines les négociations se compliquent autour de la loi de restauration de la nature.

Ce texte clé du Pacte vert fixe des objectifs contraignants de restauration des écosystèmes abîmés : s’il est voté, il faudra restaurer 20 % des zones naturelles de l’Union européenne d’ici à 2030. Plusieurs États membres et eurodéputés y sont réticents car inquiets du potentiel impact sur la production agricole.

Le texte a fait l’objet fin mai de deux votes consultatifs de rejet dans les commissions agriculture et pêche du Parlement européen, avant un vote final attendu mi-juin en commission Environnement. Le groupe PPE (droite), première force politique du Parlement, demande son retrait, ainsi qu’un moratoire sur un autre texte prévoyant une réduction de l’usage des pesticides.

« Sans protection de la nature le Green deal fera faillite parce qu’une grande partie des mesures que nous avons décidées dépendent de la capacité de la nature de capter du carbone. Une terre morte ne capte pas du carbone », a défendu M. Timmermans. « Sans volet nature il n’y a pas moyen de protéger l’Europe et le monde contre la crise climatique », a-t-il insisté.

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