Payer pour devenir pro : “la grande omerta” dans le cyclisme espagnol

Au début des années 2000, Santiago Segú était l’un des grands espoirs du cyclisme espagnol. Ce Catalan disputait les meilleures compétitions de jeunes de son pays et se frottait à de futures légendes du cyclisme, comme l’Espagnol Alejandro Valverde ou l’Italien Ivan Basso. Segú a longtemps espéré basculer du haut niveau amateur vers le professionnalisme, mais aucune offre n’est jamais arrivée, raconte le site espagnol El Confidencial.

En réalité, une équipe professionnelle a bien contacté le père de Santiago, raconte l’ancien espoir espagnol au média en ligne, mais elle lui réclamait une somme d’argent pour qu’il fasse partie de l’effectif. “Le pauvre a réuni ce qu’il a pu, 1,5 million de pesetas [l’ancienne monnaie espagnole, soit environ 9 000 euros]”, se remémore, attristé, Santiago à propos de son père. Car un autre coureur, jugé moins bon, avait lui versé l’équivalent de 15 000 euros à cette équipe, ce qui lui a ouvert les portes du professionnalisme.

“Santiago Segú est l’un des rares cyclistes à avoir osé dire en public ce que tout le secteur sait depuis des années”, lâche El Confidencial :

“Il existe un certain nombre d’équipes qui demandent de l’argent aux jeunes coureurs pour courir dans les rangs professionnels.”

Ce n’est pas le cas des grandes équipes, notamment celles qui ont les moyens de participer au Tour de France, “mais c’est très répandu dans les petites équipes”, révèle un directeur sportif de premier plan souhaitant garder l’anonymat.

Des coureurs “de bonne famille”

D’après cette source, les apports économiques peuvent être multiples : en échange de son intégration dans l’équipe, le coureur (ou sa famille) peut financer le bus de l’équipe, certains équipements ou bien ramener un sponsor. “J’ai connu des collègues directeurs, si on peut les appeler ainsi, qui sont des spécialistes de la détection des garçons de bonne famille”, ajoute la source anonyme.

Difficile de briser “la grande omerta” qui règne dans le milieu, assure le site de centre droit, qui affirme que “l’Espagne n’est pas le seul pays à avoir des pratiques aussi douteuses”. En Italie, le quotidien milanais Corriere della Sera avait révélé une pratique semblable en 2015. L’affaire avait été portée devant les tribunaux quelques mois plus tard. Trois personnes impliquées avaient été bannies à vie du cyclisme de haut niveau, rappelle El Confidencial.

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