Pollution: la santé des huîtres mise en péril par les microfibres rejetées par nos machines à laver

Si le linge en ressort blanchit, la machine à laver n'est pas aussi propre qu'elle en a l'air. Et pour cause, les lave-linges rejettent chaque année environ 2 millions de tonnes de microfibres dans les océans. Des fibres naturelles ou synthétiques qui ont des conséquences néfastes sur les organismes marins, qui peuvent les ingérer, indique une étude de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), réalisée en collaboration avec le CNRS.

Ce rapport, publié ce jeudi dans la revue Environmental Pollution, pointe notamment les effets de ces microfibres sur le métabolisme des huîtres. Les scientifiques ont ainsi exposé les mollusques à des fibres naturelles (laine, coton biologique et non-biologique) et synthétiques (acrylique, nylon, polyester) durant 96 heures, afin d'estimer la capacité des huîtres à ingérer ces substances et comparer les effets sur leur fonctionnement biologique. Résultat: les microfibres entraînent des inflammations des parois digestives de ces mollusques et affectent leur système immunitaire.

"Nous n'avons pas observé plus d'effets sur les huîtres exposées à de fortes ou de faibles concentrations en microfibres. Cela suggère qu'une faible dose environnementale est suffisante pour déclencher des effets sur leur santé", indique Camille Détée, maître de conférence en biologie marine à l'Université de Caen-Normandie.

Des microfibres naturelles particulièrement néfastes

Les scientifiques ont toutefois été quelque peu surpris, puisque les effets des microfibres naturelles s'avèrent particulièrement dangereux "sur la digestion et l'immunité de l'huître".

Mais, si les effets des fibres naturelles sont ici plus virulents, cela ne signifie en rien que ces microfibres sont plus dangereuses que les synthétiques, avertit l'étude. Cela montre simplement que les fibres d'origine naturelle "ne semblent pas moins 'impactantes' que les synthétiques sur la santé des huîtres", conclut Arnaud Huvet, biologiste marin à l'Ifremer et co-pilote de cette étude.

Pour limiter la quantité de microfibres dans les océans, le gouvernement va imposer les filtres à microplastiques sur les machines à laver à compter de 2025.

Article original publié sur BFMTV.com