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Pourquoi Bardella et le Rassemblement national ne devraient pas se réclamer de la Résistance

Pourquoi Bardella et le RN ne devraient pas se réclamer de la Résistance
Pourquoi Bardella et le RN ne devraient pas se réclamer de la Résistance

POLITIQUE - Cachez cette histoire que l’on pourrait voir. Depuis qu’Élisabeth Borne a accusé le Rassemblement national d’être un parti « hériter de Pétain » - au prix d’un recadrage en règle par Emmanuel Macron - les responsables lepénistes se relaient dans les médias pour riposter.

Jordan Bardella, le président du RN, a encore dénoncé « des propos pitoyables » mercredi 31 mai sur RTL, en faisant valoir les personnalités d’horizons divers qui ont fondé le Front national dans les années 70, à l’image de Georges Bidault. Une figure souvent agitée par le parti d’extrême droite comme un brevet de résistance. Mais qu’en est-il réellement ?

Le lien entre cet illustre résistant, successeur de Jean Moulin à la tête du CNR en 1943, et le Front national a été remis en cause par de nombreux historiens au fil des années, comme le rappelle l’Élysée ce jeudi 1er juin.

« Le Front national a été fondé par des nostalgiques de Vichy. Quant à Georges Bidault, c’est historiquement faux, il n’a jamais rien eu à voir avec le FN », souligne le Palais présidentiel à la presse - dont Le HuffPost - en marge des célébrations du débarquement de juin 44 et du déplacement d’Emmanuel Macron dans la Marne et le Calvados la semaine prochaine.

« Le Front national a été fondé par des nostalgiques de Vichy », rappelle l’Élysée

« Georges Bidault ne va même pas jusqu’au bout du processus de création du parti. C’est un ancien résistant, qui est là car partisan de l’Algérie française, mais il ne reste pas », relate par exemple Laurent Joly, historien spécialiste de la période vichyste et de l’extrême droite, dans les colonnes du Monde, avant une comparaison assez éloquente : « C’est celui qui est passé dix minutes chez vous et que vous présentez plus tard comme votre meilleur ami. »

Quand Le Pen distribuait un journal pétainiste

Le biographe de Georges Bidault réfute lui aussi la théorie selon laquelle le résistant est devenu une des chevilles ouvrières du FN. « Un mensonge absurde », selon Maxime Tandonnet, qui a expliqué l’origine de cette « rumeur » au site spécialisé « Ledialogue.fr » en mars 2023.

« On a voulu lui attribuer une responsabilité dans la création du Front national en 1971. La rumeur est venue de la participation de son secrétaire de l’époque, Guy Ribeaud a une réunion préparatoire à la création de ce parti nationaliste et antigaulliste », raconte ainsi l’historien, auteur de « Georges Bidault, De la Résistance à l’Algérie française. » Or, « dès qu’il en a été informé, Bidault a démenti catégoriquement la moindre implication dans cette initiative et demandé à son collaborateur de rompre tout contact avec le nouveau parti. » Difficile dans ces conditions, d’y voir le fondateur décrit par Sébastien Chenu ou Jordan Bardella.

Surtout, les représentants du parti d’extrême droite oublient l’essentiel dans leur rappel historique biaisé : le Front national, ancêtre du Rassemblement national, a bien été fondé par des partisans ou des nostalgiques du régime de Vichy. À commencer par Jean-Marie Le Pen qui, comme le rappelle Le Monde, a distribué le premier journal pétainiste de l’après-guerre avant de diriger la campagne de Jacques Isorni, avocat de l’ancien chef du régime collaborationniste, élu à Paris.

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