Pourquoi Red Bull a tort de se séparer de Renault de cette façon ?

FORMULE 1 – Red Bull a officialisé ce mardi matin qu’elle serait motorisée dès 2019 par Honda, après des mois de tension avec Renault, son motoriste actuel. Une bonne idée vraiment ?

Red Bull a officialisé ce mardi qu’elle se passerait de Renault la saison prochaine, lui préférant le moteur Honda. (Crédit Getty)
Red Bull a officialisé ce mardi qu’elle se passerait de Renault la saison prochaine, lui préférant le moteur Honda. (Crédit Getty)

Voilà des mois que le torchon brûlait entre Red Bull et Renault. Des années qu’il y avait de la friture sur la ligne. En 2015, on avait longtemps cru que les deux amants finiraient par se séparer après s’être déchirés par médias interposés. Mais si finalement, l’écurie autrichienne et la firme au Losange avait fini par s’entendre pour poursuivre l’aventure F1 main dans la main, le divorce est cette fois consommé. Ce mardi matin, Red Bull a officialisé que dès la saison prochaine, son avenir s’écrirait avec Honda.

Le Taureau Ailé s’est engagé pour deux ans avec le motoriste nippon. Un contrat court synonyme de « nouvelle ère », dixit Helmut Marko. “Nous partageons les mêmes ambitions : nous battre pour les titres”, a ajouté le big boss, dans ce qui semble être un nouveau tacle à son partenaire historique. Car depuis quelques semaines, la guerre était de nouveau déclarée entre Renault et RB. Mais alors que les tacles appuyés se sont multipliés entre ces deux-là ces dernières semaines, un divorce loin d’être à l’amiable est-il une si bonne idée ? Pas sûr…

Parce que c’est avec Renault qu’elle a dominé le monde de la F1

Entre 2010 et 2013, Red Bull Renault a tout gagné. Une époque bien loin… (Crédit Getty)
Entre 2010 et 2013, Red Bull Renault a tout gagné. Une époque bien loin… (Crédit Getty)


On le sait, en Formule 1, les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. Et encore moins celles de demain. Que les victoires d’hier ne feront pas les triomphes de demain. Mais au vu du ton employé vis-à-vis de Renault ces dernières semaines, on pouvait logiquement se demander si Red Bull n’avait pas oublié que c’est avec un bloc propulseur Renault qu’elle a outrageusement dominé la Formule 1. Que le début des années 2010 avait été marqué par le trio magique Vettel – Red Bull – Renault. Le bon pilote, le bon châssis, le bon moteur. En 12 années de collaboration, le Taureau Ailé et son moteur français ont démontré leur capacité à gagner, empilant à ce jour 4 titres mondiaux pilote et constructeur, 58 victoires et 59 poles. Rien que ça. Un tel palmarès aurait bien mérité un peu plus d’égard au moment de négocier la séparation.

Parce que le problème ne vient peut-être pas du moteur Renault
En 2014, Mercedes a mis fin à l’hégémonie Red Bull en se hissant sur le toit de la F1. Et si depuis deux saisons, Vettel et sa Ferrari semblent en mesure de discuter cet ordre établi, Red Bull est à la peine. Si l’écurie autrichienne pointe depuis longtemps le manque de performance de son moteur par rapport à celui de ses adversaires, le cœur du problème pourrait bien ne pas être le moteur en lui-même. Certes, le bloc Renault accuse un déficit. Mais pas aussi important que veut le faire croire Christian Horner.

Renault a ainsi révélé que le carburant utilisé par Red Bull ralentissait les monoplaces du Taureau Ailé. En effet, alors que Renault conseillait aux écuries qu’elle fournit de collaborer avec BP/Castrol, Red Bull a préféré faire confiance à ExxonMobil, son partenaire personnel. Un choix assumé par Horner en début de saison, qui assurait que l’écurie « voyait cela comme un avantage technique ». Raté ! Selon le motoriste, ce carburant ne permettrait pas de tirer davantage de puissance du moteur.

Surtout, l’histoire a démontré qu’il ne fallait pas nécessairement avoir le moteur le plus performant pour s’imposer en Formule 1. La clé du succès tient en l’équilibre fragile et la cohésion parfaite du châssis et du moteur. Demandez à Ferrari, ils sauront en parler. Il y a quelques années, elle disposait d’un moteur redoutable en performance. Pour autant, ses pilotes étaient obligés de brider leur talent en course, car poussé à fond, c’était la casse assurée. La faute à une mauvaise optimisation de l’ensemble châssis-moteur.

Parce que Honda n’a pas encore prouvé ses capacités à concurrencer les meilleurs
Difficile d’oublier le triste bilan affiché par Honda durant ses trois années de collaboration avec McLaren. Difficile d’oublier les (très) nombreuses critiques de Fernando Alonso à l’encontre d’un moteur qui l’a à maintes reprises trahi. Après trois années de calvaire, McLaren pouvait être soulagé d’annoncer sa future association avec Renault en septembre 2017. Désormais motoriste de Toro Rosso, les Nippons ont démontré qu’ils étaient capables de concevoir des moteurs capables de tenir une course entière. Même si avouons-le, comme pour le mariage Red Bull-Renault, les ennuis à répétition de McLaren les saisons précédentes tiennent plutôt d’un mauvais équilibre entre le moteur et le châssis. Pour autant, si la fiabilité sur un Grand Prix est là, les performances du bloc Honda sont loin d’être celles affichées par les Mercedes et Ferrari. Dans ce cas, pourquoi changer ?

Parce que la saison est loin d’être finie
Il n’est en aucun cas question de remettre en cause le professionnalisme de l’équipe de Viry-Châtillon. Mais après les nombreuses critiques adressées par Red Bull au moteur au Losange, il serait compréhensible que le motoriste français ne privilégie pas les requêtes de l’écurie autrichienne d’ici la fin de la saison. Alors que les relations entre les deux entités sont déjà extrêmement tendues, la fin de saison s’annonce trèèèès longue…