Présidentielle: Olivier Ubéda, de l'UMP à l'orchestration de la campagne d'Éric Zemmour

Olivier Ubéda avec Éric Zemmour et Sarah Knafo, le 18 septembre 2021 à Monaco - VALERY HACHE / AFP
Olivier Ubéda avec Éric Zemmour et Sarah Knafo, le 18 septembre 2021 à Monaco - VALERY HACHE / AFP

Lors de ses apparitions publiques, la silhouette d'Éric Zemmour est souvent encadrée de deux visages. Celui, désormais connu, de sa conseillère Sarah Knafo. Il faut aussi compter Olivier Ubéda. Front dégarni, cheveux lissés en arrière, le conseiller ne se départit guère de son costume trois pièces et de ses baskets blanches. Consultant en stratégie politique, il est présenté comme le directeur national des événements du néo-candidat d'extrême droite à la présidentielle.

Âgé de 51 ans, l'homme est notamment l'une des chevilles ouvrières du meeting de ce dimanche à Villepinte (Seine-Saint-Denis), délocalisé en catastrophe ces derniers jours alors qu'il devait se tenir au Zénith de Paris. Officiellement, en raison d'un trop grand afflux de sympathisants. Officieusement, par crainte des contre-manifestations qui s'annoncent d'ores et déjà suivies.

Entremise d'Érik Tegnér

L'homme de l'ombre est de plus en plus dans la lumière; une nouveauté, notait L'Express fin septembre dans un long portrait. Mardi soir, quelques heures après la déclaration de candidature à la présidentielle de l'ancien journaliste du Figaro et son 20 heures sur TF1, Olivier Ubéda défendait son "client" sur BFMTV: "Un homme qui ne fake pas, qui n'est pas en posture, qui n'est pas dans le compromis", "clivant". Jeudi matin, toujours sur notre plateau, il évoquait la réunion politique à venir ce week-end et se défendait d'être directeur de campagne.

"Je ne suis pas du tout directeur de campagne, je suis directeur national des événements d'Éric Zemmour. Il y a plein de choses qui vont être dévoilées à Villepinte. (...) Il y a une coordination nationale mais le titre de directeur de campagne n'a pas été attribué", a-t-il balisé.

Selon plusieurs récits de presse, Olivier Ubéda et "Z", comme le premier désigne Zemmour, ont fait connaissance au coeur de l'été dernier, par l'entremise d'un ami commun. Un dénommé Érik Tegnér qui avait fait parler de lui il y a quelques années. Chantre de l'union des droites, passé par le FN dans son adolescence, l'ancien soutien de Virginie Calmels devenu proche de Marion Maréchal a été exclu du parti Les Républicains (LR) fin 2019 après avoir notamment coorganisé la "convention de la droite", au cours de laquelle Éric Zemmour avait prononcé une violente charge sur l'islam et l'immigration. Une diatribe qui avait valu une condamnation pour provocation à la haine en première instance à celui qui était à l'époque polémiste, avant une relaxe en septembre dernier.

"Je crois que c'est Érik Tegnér qui les a présentés", corrobore auprès de BFMTV.com Stanislas Rigault, président de l'association Génération Z. 876450610001_6284843321001

De Léotard à Zemmour

Olivier Ubéda a toujours frayé dans les sphères politiques à droite de l'échiquier politique. Contacté par BFMTV.com ces derniers jours, l'intéressé avait d'abord "autre chose à faire", mais n'a finalement pas rechigné à brosser par messages les grandes lignes de son parcours professionnel: le quinquagénaire est passé par le cabinet de François Léotard, alors ministre de la Défense du gouvernement Balladur entre 1994 et 1996, avant de suivre ce dernier à l'UDF.

Passage à la région Bourgogne en 1998 et 2002, puis expérience de courte durée en 2002 au cabinet de Jean-Pierre Raffarin, alors président de Poitou-Charentes. La même année, il est engagé à l'UMP pour s'occuper des relations publiques, époque Juppé, avant de rempiler sous la présidence Sarkozy du mouvement, en tant que "directeur adjoint de la communication, chargé des relations publiques, des événements et du marketing", indique-t-il.

Après l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, bref détour au cabinet de la garde des Sceaux Rachida Dati, avant un retour à l'UMP et une place de "directeur adjoint de la campagne" des élections européennes, détaille-t-il.

Parallèlement, il est aussi conseiller municipal de 2008 à 2014 dans l'opposition de droite à Melle, petite commune de quelque 3000 habitants dans les Deux-Sèvres, et sera élu dans la foulée conseiller régional jusqu'en 2015. "Je n'ai plus de mandat depuis la fin de la région Poitou-Charentes, et je n'en veux pas!", dit-il aujourd'hui.

Plutôt que de mettre en musique des campagnes, Ubéda a failli opter pour une toute autre voie. Pianiste, il avait entamé une formation de chef d'orchestre, arrêtée avant son diplôme pour voyager. Année sabbatique qui débouchera sur la politique, à 23 ans. "Sans retour", pointe-t-il avec le recul.

Clientèle variée à droite

En 2010, Olivier Ubéda crée sa société, devient consultant. Il travaillera notamment pour la campagne de Bruno Le Maire en vue de la primaire de la droite et du centre en 2016. Transfuge de LR, Le Maire est désormais ministre de l'Économie dans le gouvernement Castex.

"J'ai formé 180 collaborateurs, fait 18 campagnes législatives en 2017, dont celle d'Olivia Grégoire (actuelle secrétaire d'État à l'Économie sociale et solidaire, NDLR), et 280 campagnes en 21 ans. On me connaît, on sait qui je suis, et ce que je fais", s'est targué Ubéda auprès de L'Express.

"Je vois qui c'est, c'est quelqu'un qu'on voyait au moment des campagnes", confirme à BFMTV.com une députée LR.

"C'est un professionnel de l'événementiel, de l'organisation de campagne", certifie le sénateur LR du Val-d'Oise Sébastien Meurant. Un temps donné comme possible soutien d'Éric Zemmour, l'élu a soutenu Éric Ciotti au congrès du parti qui s'est achevé ce samedi et a désigné Valérie Pécresse.

Le sénateur, qui avait fait la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, observe que "si Éric Zemmour est très critiqué, s'entourer de quelqu'un comme Ubéda, c'est un signe de professionnalisme. (...) Si Sarko l'avait pris, c'était pas un mauvais". "C'est rassurant pour Zemmour d'avoir Ubéda car il a du savoir-faire, il a du métier", renchérit un sarkozyste historique qui l'a notamment fréquenté il y a quelques années lors de la campagne de 2007.

"C'est pas juste un exécutant"

"Je le côtoie à chaque déplacement", déclare Stanislas Rigault, qui lui confère un rôle "organisationnel", mais aussi "de conseil". "C'est pas juste un exécutant", croit savoir le militant.

Personnalité de droite, assurément, une question reste en suspens. Éric Zemmour est-il pour Olivier Ubéda un simple client, le candidat qu'il soutient personnellement, ou les deux en même temps?

Interrogé sur ce point, Ubéda louvoie, jure soutenir "tous les candidats pour qui (il) travaille dans leur projet politique". Mais de préciser: "En tant que citoyen engagé, je suis un libéral en tout. J'aime la liberté, notamment la liberté d'expression. Je considère que Z est nécessaire au débat public". De prestataire à soutien, il n'y a qu'un pas qui semble avoir été franchi.

Article original publié sur BFMTV.com