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Prix des billets, cérémonie d'ouverture... les réponses d'Oudéa-Castéra sur les JO de Paris 2024

Prix des billets, cérémonie d'ouverture... les réponses d'Oudéa-Castéra sur les JO de Paris 2024

Nous sommes à un peu plus d’un an des Jeux olympiques de Paris, en avez-vous assez de toutes ces polémiques autour des Jeux ?

Moi ça me semble tout à fait normal et légitime qu’on parle d'autres dimensions que le sport sur ces Jeux parce que ces Jeux vont au-delà du sport, il y a des enjeux majeurs autour de l’organisation, de la sécurité, des transports, des services de la restauration de la sécurité privée, on a une dimension extrêmement importante sur l’héritage également. Pas que l’héritage sportif, mais aussi comment on va mener à bien le chantier de la baignabilité de la Seine et de la Marne, comment on transforme la Seine-Saint-Denis, comment on va recoudre les parties du territoire qui doivent l'être grâce à de nouveaux aménagements urbains, comment on arrive à développer l’offre de logements sociaux, comment on réussit nos engagements écologiques dans le cadre de ces Jeux. Toutes ces conversations sont légitimes et ça fait la richesse extraordinaire de ce projet et de cette opportunité.

Par contre, ce que moi je dis, c’est qu’il ne faut pas véhiculer de fausses informations. La désinformation, c’est le pire service à rendre à notre pays. J’y reviendrai peut-être, mais sur le logement étudiant, on a raconté tout et n’importe quoi à ce sujet, et c’est très important de bien remettre les points sur les i. Sur le fait qu’aucun étudiant ne sera pénalisé à l’été 2024 et encore moins par les Jeux olympiques et paralympiques. Il ne faut pas faire porter aux Jeux olympiques le chapeau de difficultés qu’on a par ailleurs, notamment sur les problématiques que l’on rencontre aujourd’hui en matière d'hébergement d’urgence. Un sujet sur lequel le gouvernement est engagé aux côtés des sans-abris des associations de solidarité, des élus, aux côtés des préfets, des associations dans les territoires, pour aider à la résolution la plus humaine la plus digne la plus efficace de cette question des sans-abris, mais qui n’est pas la faute des Jeux olympiques comme on a pu l’entendre dire. Ce sont pour moi les deux choses importantes : pas de désinformation, et ne pas faire des Jeux les bouc-émissaires.

Pourquoi n’est-ce pas le ministère des Sports qui gère la billetterie de la cérémonie d’ouverture ?

C’est une question d’unité dans les équipes. Vous savez que cette cérémonie d’ouverture est placée sous le haut commandement de Gérald Darmanin, avec la délégation qu’il a donnée à Laurent Nuñez. Il est donc important que la direction numérique du ministère de l’Intérieur puisse piloter la mise en place de cette billetterie avec la logique de gestion des flux qui ira avec le contrôle des volumes de personnes, et à travers aussi l’identification des noms et prénoms de ces personnes de manière tout à fait conforme avec les exigences de la protection des données personnelles. C’est donc une unité opérationnelle et de commandement, et je rappellerais que le ministère des Sports a fort à faire sur toute une série d’autres choses. C’est très bien qu’il y ait cette répartition des rôles et des responsabilités : le préfet de la région Île-de-France avec toutes ses équipes sont chargés de la dimension fluviale de l’événement, il y aura aussi un concours de l’armée. Tout le monde retrousse ses manches et c’est très bien. C’est important.

La jauge de 400.000 spectateurs sera-t-elle amenée à évoluer ?

Nous n’avons pas encore de date précise d'une jauge exacte. Ce que je peux vous confirmer c’est que nous aurons 100.000 billets sur les quais bas, plusieurs centaines de milliers sur les quais hauts. Et au global si vous voulez vraiment que je sorte un chiffre je pense que dans Paris, on aura à peu près un million de personnes qui pourront bénéficier du spectacle de plus ou moins près, mais qui auront accès à ces festivités et envie de profiter de cette cérémonie d’ouverture.

Il manque aussi un partenaire à cette cérémonie d’ouverture. Les négociations avec LVMH ont-elles avancé ?

Elles avancent, moi je suis optimiste (sourire).

Possible qu’il soit le prochain partenaire des Jeux ?

C’est une possibilité (sourire).

Voir Mbappé, Wembanyama, Dupont, Marchand sur ces Jeux, c’est la jeunesse française qui réussit ?

C’est extraordinaire, sans oublier des femmes qui sont très prometteuses. Ce sixième sacre de Clarisse (Agbégnénou), c’est extraordinaire. On a des cyclistes qui sont capables de faire de grandes choses, on a toute une série de grandes dames. Je pense à une Pauline Ferrand-Prévot qui a réalisé des choses extraordinaires ces derniers mois, une Mathilde Gros, des femmes comme ça. En tennis, on a une Caroline Garcia qui peut émerger. En tennis de table, on a des espoirs là aussi prometteuses, on a les sœurs Lutz, il n’y a pas que les frères Lebrun. On voit qu’il y a un renouvellement et un printemps du sport français qui est super appréciable. On a nos handballeuses, nos volleyeuses, le foot féminin emmené par Hervé Renard, cette très belle équipe. Je pense que le fait qu’il exprime cette ambition, pas seulement autour de la Coupe du monde féminine, mais aussi des Jeux olympiques, c’est vraiment extraordinaire. Je pense qu’on a une variété, à travers les 54 sports, que ce soit sur le champ olympique ou paralympique, de magnifiques opportunités de voir le sport français et ces nouveaux espoirs rayonner.

Certains des sportifs que vous avez cités se sont plaints du prix des billets, le comprenez-vous ?

Je l’ai dit, incontestablement les tarifs les plus élevés sont très élevés, pas plus que dans les éditions précédentes de Jeux mais très élevés. Pourquoi ? S’il y a des personnes qui ont la capacité financière de payer ces tarifs, c’est bon pour les recettes billetterie qui permettent d’éviter qu’il y ait un impôt JO et un déséquilibre dans les finances du comité d’organisation. Je rappelle qu’il y aussi à l’autre bout du spectre, beaucoup d’efforts qui sont fait pour l’accessibilité tarifaire de ces Jeux. Un million de billets à 24 euros, la moitié des billets à 50 euros et moins. Au total, on n'a que 10% des billets qui sont au-dessus de 200 euros. Quand on voit un concert de Madonna ou de Beyoncé c’est plutôt 45 à 50% des places qui sont au-dessus de 200 euros, il faut faire très attention à tout ça. Je rappelle que c’est un immense spectacle, que ce sont les meilleurs athlètes de la planète. Je rappelle aussi sur ce registre de l’accessibilité tarifaire que l’état et les collectivités territoriales font un effort incroyable avec une billetterie populaire pour l’état de 400.000 billets, une billetterie territoriale, des collectivités, de 500.000 billets, et un effort du comité d’organisation lui-même à hauteur de 100.000 billets pour des publics qui sont aujourd’hui en précarité.

C’est, au global, un million de billets qui sont offerts. Quand on regarde les centaines de milliers de places qui sont gratuites pour la cérémonie d’ouverture qu’on met tout ça bout à bout ; c’est quasiment 10% des personnes qui vont assister au spectacle des Jeux qui vont le faire à titre gratuit, sans compte les épreuves sur route ou dans la Seine qui vont être complètement gratuites là aussi. Il faut je pense relativiser le discours, se souvenir que c’est le niveau de prix habituel, que les Jeux s’autofinancent sur le volet olympique, il faut bien qu’il y ait des recettes privées. Et en même temps je veux souligner l’engouement populaire qu’il y a eu, parce que les billets sont partis extrêmement vite, et de rappeler à chacun qu’il reste encore des opportunités puisqu’il y aura un troisième tour de vente, cette fois-ci sans tirage au sort. Il y aura les billets pour les Jeux paralympiques, et il y aura aussi une plateforme de revente qui permettra aussi, comme c’est le cas pour la Coupe du monde de rugby, de faire de nouveaux élus, de redistribuer les places. Je sais que certains ont eu la tristesse de ne pas être choisis, de ne pas être retenus dans le tirage au sort, c’est difficile, mais j’espère qu’à la fin tout le monde trouvera sa place dans l’aventure, et je suis confiante là-dessus.

Les jauges des stades ne sont-elles pas trop petites ?

On aura quand même 13,5 millions de billets qui vont être mis en vente, avec beaucoup de stades à grandes jauges mobilisés dans les territoires notamment sur les épreuves de foot.

La place de la billetterie dans le modèle du budget est-elle trop importante ?

Je pense que boucler un budget pour les JO, c’est difficile, c’est exigeant. On voit bien qu’il y a un tiers issu de recettes de la billetterie, un tiers issu du CIO, un tiers issu des partenaires privés. C’est difficile de trouver des entreprises qui s’engagent, parce que les tickets sont assez élevés. On voit qu’il y aussi toutes ces polémiques, les marques peuvent aussi être un peu hésitantes à se mêler à une aventure qui est parfois critiquée, peut faire l’objet de certains amalgames, donc ce n’est pas facile. Je pense que les calibrages ont été faits aux bons niveaux. Il faut qu’on essaie de préserver cette capacité d’autofinancement tout en étant au rendez-vous de l’impératif d’accessibilité, tous ensemble. Ce qui est important pour moi c’est qu’il y ait l’embarquement de tout un pays. On l’aura grâce à l'accessibilité tarifaire, les associations, on aura des personnes en situation de handicap. On aura beaucoup de bénévoles du monde sportif. On aura des enfants, la jeunesse, des étudiants boursiers, des jeunes qui se distinguent par leur parcours citoyen. Toutes les composantes de notre société vont être embarquées dans l’aventure des Jeux.

L’apothéose de cette cérémonie des Jeux ne serait-elle pas d’avoir la flamme sur la Tour Eiffel ?

Chaque annonce en temps utile. Je pense que Paris est la plus belle ville du monde. Je pense que cette cérémonie sera magnifique, on y travaille tous très dur, chacun dans nos rôles et nos responsabilités. J’ai toute confiance sur le fait que le spectacle sera éblouissant, et surprendra les Français, et le monde entier. Je vous laisse libre de vos pronostics.

Que va-t-il rester de ces Jeux olympiques en matière d’héritage ?

Il va rester une transformation de la Seine-Saint-Denis qui concentre 80% des investissements publics dans ces Jeux. Il va rester un immense progrès social et sociétal de cadre de vie qui est cette baignabilité de la Seine et de la Marne. On aura réussi à faire en quelques années ce que d’autres grands hommes politiques illustres auraient rêvé de faire et qui n’a pas pu être fait pendant des décennies. On va aussi laisser un héritage d’une nation sportive, avec plus de promotion du sport féminin, avec une plus grande inclusion des personnes en situation de handicap, avec le sport comme un moteur économique, qui est créateur d’emploi, dans le respect des exigences sociales. On va avoir des retombées économiques pour nos territoires, des recettes touristiques, c’est aussi une dimension importante de cet héritage. Je pense qu’on va avoir une forme de fierté retrouvée, et une forme de communion autour de ces Jeux olympiques et paralympiques qui, dans ces moments de transformation, qui sont parfois complexes à vivre pour notre pays, valent plus que tout.

Le budget des sports va-t-il baisser après les Jeux olympiques ?

Absolument pas. Chaque chose en son temps. Pour l’instant je suis dans la conception, et je viendrais ensuite défendre devant le parlement nos choix pour l'exercice 2024. L’engagement du président de la République et de la première ministre en faveur de la place centrale du sport dans notre société et un engagement de long terme, il n'est pas question de laisser tomber le sport français et le mouvement sportif, tous les éléments de politique publique que j’ai mis en place dans les territoires sont là pour durer. Je pense à la généralisation des 30 minutes à l’école primaire, au déploiement des heures en plus pour les collégiens qui ont besoin qu’on prenne soin de leur condition physique. Je pense à la promotion de la pratique sportive pour nos étudiants qui, post-covid, ont plus que jamais besoin qu’on soit là. Je pense au succès du plan sur les 5.000 équipements de proximité, terrains de sports, dans tous les territoires où on a besoin de continuer l’effort, ça nous est demandé par les collectivités locales. Il y également la rénovation thermique d’un certain nombre de ces équipements sportifs à travers le fond vert et des idées additionnelles que nous aurons sur la rénovation des équipements sportifs. Sur tous ces registres, le soutien au bénévolat, aux athlètes, à leur reconversion, cet accompagnement, ce suivi socio-professionnel, ce sont des engagements de long terme que nous allons porter dans les années à venir et nous serons portés nous-mêmes par l’élan des Jeux olympiques et paralympiques pour faire bouger les lignes du sport français.

Article original publié sur RMC Sport