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PSG - Juan Bernat, la bonne surprise du chef Tuchel ?

Débauché d’un Bayern Munich désireux de le vendre, pour combler un poste périlleux au PSG, Juan Bernat répond doucement aux exigences de son nouveau club. Zoom sur la dernière recrue du mercato.

Comme Thilo Kehrer ou Eric Choupo-Moting avant lui, Juan Bernat n’avait pas franchement l’allure des grandes recrues estivales du Paris Saint-Germain, ni le standing des fantasmes Filipe Luis ou Alex Sandro.

Débauché à 25 ans du Bayern Munich, il faut dire que l’international espagnol partait de loin : en signant au PSG le 31 août à quelques heures de la fermeture du mercato, il débarquait dans la capitale à l’arrachée, pour combler les carences d’un club qui n’avait pas su trouver la perle rare à son poste depuis trois ans.
La perle rare, d’ailleurs, le Bayern Munich ne semblait pas franchement s’en séparer, cédant son défenseur pour moins de 10 millions d’euros. Comme si l’institution bavaroise se débarrassait d’un joueur qui, de toute façon, avait été miné par 11 blessures lors des trois dernières saisons. Il faut dire qu’en 2017-2018, Bernat n’avait participé qu’à 12 petits matches toutes compétitions confondues, en manquant près de 26 au total.

Du côté du PSG, on n’avait pas vraiment d’autres choix, de toute façon, que de recruter vite, bien, et pas trop cher pour limiter la casse en cas d’erreur de casting, à un poste difficile à combler depuis le désir de retraite sportive de Maxwell (qui avait justement prolongé d’une saison supplémentaire). Berchiche avait filé en Espagne, Kurzawa n’était plus revenu de l’infirmerie depuis la fin de saison dernière… Alors cette fois, il fallait que la pioche Bernat soit la bonne.

Du côté de Thomas Tuchel, fraîchement installé dans son rôle de nouvel entraîneur du PSG, on se voulait pourtant confiant. Il faut dire que non seulement l’Allemand n’avait pas pléthore d’opportunités sur le marché des transferts, mais en plus il connaissait bien le joueur pour l’avoir déjà vu évoluer dans son championnat lorsqu’il était entraîneur de Dortmund.

« Juan Bernat a joué à Valence, il a commencé comme attaquant et a joué avec Pep au Bayern comme défenseur gauche. C’est un joueur avec une bonne technique, très sûr avec le ballon. Il est actif, agressif et je pense qu’il convient très bien à notre équipe. Il n’a pas joué pendant très longtemps la saison dernière et il faut faire attention », avait toutefois prévenu le coach, avant de lui offrir sa toute première titularisation contre Saint-Etienne, à peine deux semaines après son arrivée.

Et sur le terrain, ça donne quoi ?

Pour ses premières apparitions sous le maillot rouge et bleu, Bernat donnait la lancinante impression que le PSG avait a nouveau recruté un contre-attaquant incapable de solidifier la défense francilienne, le tout éprouvé par un réel manque de condition physique. L’avantage, c’est qu’après la saison pas vraiment reluisante de Kurzawa à son poste et aux vues de son CV, personne n’attendait la 8e merveille du monde dans ce maudis couloir gauche. Et après trois mois alarmants, on n’avait pas franchement de quoi se réjouir de la recrue défensive.

Pourtant, après quelques matches sur la pointe des crampons, le Valencien a fini par prendre de l’amplitude : sur le terrain et dans son jeu. Pour son premier match complet en Ligue des champions depuis 2 ans, Bernat a eu le mérite de ne rien lâcher dans l’antre d’Anfield, avant de faire belle impression contre Belgrade.

Et s’il était finalement la belle découverte de ce début de saison ? Au fur et à mesure des matches, force est de constater que la recrue de Tuchel est montée peu à peu en puissance, en défense comme en attaque.
Renforcé par l’animation hybride de Tuchel et un 3-4-3 qui protège ses carences défensives, Bernat peut à la fois combiner avec Verratti et se projeter avec Neymar lorsqu’il faut lancer des attaques, tenir le ballon pour protéger les espaces libres pendant que Marquinhos redescend d’un cran, mais aussi presser le porteur du ballon dès que son équipe est en difficulté. La tambouille idéale pour exploiter son passif d’ailier en masquant les lacunes inévitables d’un défenseur formé sur le tard. La solution idéale pour celui qui avait justement déjà évolué, sous Guardiola, en piston gauche d’une équipe à trois défenseurs centraux.

« C’est un joueur qui est très fiable avec le ballon, qui aime la possession, il fait beaucoup de passes et il aime ce style. En même temps, il est très bien pour le contre-pressing et il est très responsable et très fiable pour protéger les espaces quand les autres joueurs attaquent. Il protège très bien les demi-espaces quand nous attaquons, il ferme des lignes et c’est très important », avait d’ailleurs expliqué Tuchel en conférence de presse.

Alors oui, Bernat n’a pas la science innée du placement défensif, mais contrairement à son concurrent à ce poste, il a le mérite de ne pas subir et de toujours chercher à compenser dans l’engagement : s’acharner sur un repli défensif qu’il ne maîtrise pas forcément, ou jouer des épaules avec ses adversaires pour récupérer un précieux ballon. Un joueur qui n’hésite jamais non plus à venir au secours de Verratti ou de Draxler, quand il faut apporter le surnombre pour étouffer l’adversaire. Et puis, du haut de son petit mètre 72, Bernat affiche une vraie vitesse d’exécution et une technique appréciable pour servir les flèches parisiennes sur le front de l’attaque. Le tout, en s’offrant même le luxe d’être décisif puisqu’il a inscrit deux buts cruciaux dans des rencontres déterminantes : contre Naples au San Paolo, qui permet au PSG de rester vivant dans ce groupe (1-1), et contre Liverpool au Parc des Princes, qui offrira les chances de qualifications aux siens (2-1). Assez pour faire un petit coucou aux dirigeants du Bayern.

Résultat, depuis son arrivée à Paris, Bernat n’a jamais vécu un match complet sur le banc de touche, étant toujours utilisé par son coach lorsqu’il était disponible. Au total, l’Espagnol a ainsi disputé 15 matches avec le PSG, dont l’intégralité des 6 matches de Ligue des champions dans la peau d’un titulaire. Et pour Tuchel, il s’agit désormais de savoir bien gérer le temps de jeu, pour celui qui n’avait disputé que 45 petites minutes européennes la saison passée avec le Bayern.
En le laissant au repos lors de 5 matches depuis le début de la saison, Tuchel n’a pas hésité à lancer tantôt le jeune Nsoki, tantôt Kimpembe, allant même jusqu’à envoyer Di Maria en piston gauche, toujours dans l’idée d’épargner Bernat d’une usure prématurée.

« Je me sens bien. Au début, c’était un peu compliqué. Un nouveau club, une nouvelle ville, une nouvelle langue, de nouveaux partenaires. Le vestiaire m’aide beaucoup, je me sens bien intégré à l’équipe. Je reprends le rythme. J’ai eu une grosse blessure la saison passée, j’ai très peu joué. Je suis content d’être ici, de jouer, de retrouver le rythme des matches », s’est toutefois félicité le n°14.

On l’a compris, avec Bernat, il ne faudra pas mettre la charrue avant les bœufs, mais on peut déjà s’avouer conquis par la détermination et l’envie affichée par un joueur dont personne n’attendait grand chose. Concerné aux entraînements et impliqué sur le terrain, Bernat n’est pas là non plus pour faire des vagues, et ça arrange tout le monde dans un vestiaire peuplé d’egos. Pour le PSG, force est de constater qu’avec 5 à 10 millions d’euros dépensés, le défi est pour l’instant relevé. Et pour Thomas Tuchel, c’est désormais un travail d’équilibriste qu’il faudra mettre en place, afin de laisser Bernat continuer sa progression, tout en réintégrant doucement un Kurzawa affamé dans le collectif. De belle augure pour 2019 ?

« Je n’aime pas faire des bilans avant l’heure, mais il a été bon et nous sommes heureux qu’il soit avec nous car c’est un gars très calme, très tranquille et humble. Ce n’était pas facile, il est arrivé très tard au mois d’août avec nous et il a fait de très bonnes choses. Il a joué beaucoup de matches, déjà plus que la saison dernière et même que les deux dernières saisons. On doit donc être attentifs à lui physiquement, lui donner du repos. (…) J’ai le sentiment qu’il aime jouer avec nous et qu’il peut jouer à un très haut niveau », a finalement conclu Tuchel avant la trêve hivernale, visiblement satisfait du retour sur investissement.