PSG : L'An pire du Milieu

Pour son premier gros choc de l’année 2019, le PSG a souffert dans tous les compartiments du jeu. Mais, à 10 jours du déplacement à Manchester United, zoom sur les défaillances criantes au milieu de terrain.

Bon, on ne va pas se leurrer ni être très original, en concédant que cela fait déjà plus de six mois que Thomas Tuchel tire la sonnette d’alarme sur l’état de son effectif, notamment au milieu de terrain.
Des stars devant, des cadors derrière, et la pénurie au milieu de terrain : voilà le constat qu’a dressé le coach allemand dès son arrivée dans la capitale, pas franchement aidé par le non-remplacement de Motta, le départ de Lo Celso et l’absence de recrutement estival.

Alors, après des mois à imaginer des subterfuges pour cacher la misère, envoyant Marquinhos jouer les pompiers de service au milieu de terrain, Thomas Tuchel semble être à court d’idées.
Il faut dire qu’il n’est pas verni : le défenseur brésilien, qui avait jusque-là pris toute la dimension de son nouveau rôle, aux côtés de Verratti, a finalement dû quitter le milieu de terrain pour remplacer numériquement un Kimpembe lui aussi blessé. Ni une ni deux, son compatriote Dani Alves, tout juste revenu de huit mois de blessures, tentait alors à son tour de rafistoler le milieu de terrain sans rechigner.

Bon, et puis comme les ennuis n’arrivent jamais seul, c’est dans ce joli flou artistique que Marco Verratti, seul vrai milieu de formation, a finalement rejoint l’infirmerie pour quelques semaines. Et comme la cerise sur un gâteau déjà pauvre en goût dans l’entrevue parisien, la direction francilienne décidait coup sur coup en fin d’année de priver Tuchel d’Adrien Rabiot – mis au placard – et de Lassana Diarra, qui a mis un terme à son contrat.
Et comme si ça ne suffisait pas, même Julian Draxler, reconverti lui aussi en milieu de terrain depuis le début de la saison, allait devoir remplacer numériquement un Neymar blessé pour les prochaines semaines.
Le coach, de son côté, commençait clairement à accuser le coup. C’est sympa la fashion Week à Paris l’hiver, mais s’il pouvait éviter d’envoyer tous ses joueurs défiler au milieu de terrain, ça aurait arrangé le couturier.

Alors oui, contre des équipes plus modestes, les qualités individuelles peuvent masquer les manques à tous les étages, mais difficile de faire bonne figure contre des adversités un peu plus relevées, où l’intensité ne laissera pas de places aux errements de joueurs qui n’ont pas encore pleinement pris la mesure de leurs nouveaux postes.

Ce dimanche contre Lyon, plus personne ne faisait illusion. C’est un PSG avec 6 défenseurs et 4 attaquants qui se présentait sur le terrain, pour tenter de freiner les ardeurs de Lyonnais affamés de matches références. Le problème, c’est que malgré la qualité des ingrédients, si on ne suit pas la recette, le plat n’est pas très ragoutant. Un Alves clairement emprunté physiquement, un Draxler qui ne savait plus s’il devait épauler l’attaque ou jouer les rustines au milieu de terrain, un Marquinhos esseulé au milieu…
À 10 jours d’une rencontre déterminante contre Manchester United, il n’y avait pas franchement de quoi fanfaronner tant tactiquement, techniquement, et mentalement, les joueurs de Thomas Tuchel semblaient pour la première fois impuissants à l’idée de combler les failles des uns et des autres.

C’est un fait, jusque-là, Tuchel a fait du mieux qu’il pouvait, sans être franchement bien armé pour partir au combat.
Si vous amenez demain une belle Ferrari au garage, mais que le moteur est abîmé : même le meilleur des mécanos la fera démarrer, mais le bolide finira par lâcher après quelques kilomètres. Pour le PSG, c’est un peu pareil. Il y a la belle carrosserie, mais il manque des pièces maitresses, et sans elles, le moteur commence sérieusement à se gripper. Et nul n’a besoin d’avoir un diplôme d’ingénieur en mécanique pour remarquer que la fumée qui s’échappe ne sent pas franchement bon avant de s’engager sur l’autoroute européenne.
Bref, Tuchel est un bricolo, mais pas un magicien.

Oublié, le triangle Bernat – Draxler – Neymar, travaillé depuis le début de la saison. Oubliés, les mécanismes entre Rabiot et Verratti, qui tenaient la baraque en début d’exercice. Oubliée aussi, cette animation hybride qui permettait à Marquinhos de décrocher pour créer le surnombre dans la charnière centrale. Comme si tous les acquis travaillés depuis des semaines pour combler les lacunes, avaient été mises à mal par les hommes, les choix, et les physiques de certains.

La direction parisienne, elle, à défaut de répondre à tous les cris d’alarme du coach, a fini par lui dépêcher un renfort : Leandro Paredes. C’est beau, c’est neuf, et ça vend clairement du rêve… Quand il sera apte. Oui, parce que malgré l’avalanche de qualités dont il dispose, l’Argentin n’avait plus touché un ballon depuis le 9 décembre, et n’a pas encore mis le moindre crampon en Ligue des champions cette saison. Le seul vrai milieu de terrain apte à ce jour aura-t-il les cannes pour faire face à Paul Pogba et Cie, et après deux mois sans compétition ? Ses 11 minutes jouées contre Lyon sont-elles de vraies garanties de sa condition physique ? La question se pose. Celle de la responsabilité de la cellule de recrutement dans ce désert, aussi.

À tel point que le Paris Saint-Germain, ferme sur ses appuis dans le litige qui l’oppose à Rabiot, en viendrait même à songer sa réintégration. Comme un énième camouflet, symbole de la mauvaise gestion dans ce secteur de jeu. Faut-il penser à l’intérêt général, ou à l’institution avant tout ? A-t-on des garanties de son investissement s’il venait à reporter le maillot rouge et bleu ?
Reste qu’à 10 petits jours du déplacement à Old Trafford, il serait temps pour le PSG de bomber le torse et de retrouver des certitudes. Marco Verratti, en phase de reprise, apportera-t-il toutes les garanties suffisantes pour réguler à nouveau le jeu francilien ? Tuchel peut-il compter sur un Kimpembe assez fiable pour laisser Marquinhos évoluer au milieu de terrain ? Autant de questions qui doivent polluer l’esprit de l’entraîneur, d’une équipe qui ne se donne pour l’instant pas les moyens de ses ambitions.