Quand Chirac obtenait l’organisation de la Coupe du Monde de football 1998...

Quel lien y a-t-il entre la défaite de Paris pour l’organisation des JO 1992, et l’attribution du Mondial 1998 ? En fin stratège, Jacques Chirac va se servir de l’échec parisien pour obtenir la 1ère Coupe du Monde de football sur le sol français. Révélations.

le président Jacques Chirac (C) brandit le maillot tricolore, que vient de lui offrir le capitaine de l'Equipe de France de football, Didier Deschamps (2e G), le 01 septembre au Palais de l'Elysée à Paris, lors de la cérémonie organisée en l'honneur de la sélection des 22 joueurs de l'équipe de France, victorieuse de la Coupe du Monde. (Photo by Gabriel BOUYS / AFP)        (Photo credit should read GABRIEL BOUYS/AFP/Getty Images)
Jacques Chirac à l'Elysée, en compagnie des Champions du monde 1998...

Chez Jacques Chirac, Maire de Paris à l’époque, il y a la volonté de faire coup double. Paris, cette ville qu’il a marqué de son empreinte, terre de victoires électorales et offrant à la France un rayonnement exceptionnel. Offrir les Jeux à Paris en 1992 et mettre le pays au cœur de toutes les attentions internationales, géopolitiques, le pari semble cohérent.

Proche de Chirac, Jean-François Lamour a vécu ces moments-là de l’intérieur.

« Il y a eu un rendez-vous houleux avec Joao Havelange (ancien Président de la FIFA et membre du CIO). Le Brésilien avait promis de voter pour Paris 1992 et finalement s'était rétracté au profit de Barcelone, évidemment poussé par Samaranch, le Président (catalan) du Comité International Olympique. À ce moment-là, Chirac en voulait énormément à Havelange de l'avoir "trahi". Et donc à l'époque, la réunion du CIO avait lieu à Berlin et il est allé dans la chambre du Brésilien pour lui dire ce qu’il pensait. Et c'est à ce moment-là qu'Havelange lui a dit : "Puisque je comprends votre dépit et votre colère, je ferai tout pour vous donner la Coupe du Monde de football". C'est donc comme ça qu'on a eu le Mondial 1998 ».

Un évènement qui va servir Chirac politiquement. Un an plus tôt, la droite connaît pourtant l’une de ses plus grandes défaites électorales... Les législatives de 1997, la dissolution de l’Assemblée Nationale et la cohabitation, le Chef de l’Etat va rebondir malgré tout. Chirac – Jospin, tant de choses les opposent et notamment le rapport au peuple. L’un est à l’aise en public, aime la convivialité. L’autre est plus froid, distant.

Et à l’heure de la Coupe du Monde 1998, les Français vont assister à un déplacement du duel sur le terrain footballistique.

A 4 ans de la présidentielle, le Président et son Premier Ministre pensent évidemment déjà à 2002… Un nouveau combat, un affrontement que le leader de la gauche va perdre. Il n’est pas question de débat d’idées, de réformes. Il s’agit d’être supporter, d’en rajouter.

Et Chirac va complètement vivre cette histoire. Les exemples sont nombreux. Outre la garden-party du 14 juillet 1998 et la starisation des Champions du monde, il y aura aussi cette séquence où le chef de la droite tente de scander le nom des Bleus à l’annonce du onze de départ lors de la finale à Saint-Denis.

Et que dire de l’après-match, l’après-finale à même de servir d’exemple pendant de nombreuses années. De la récupération politique, la vraie, l’unique… Le maillot de l’équipe de France sur le dos, il est dans son monde, participe au bonheur ambiant, rigole avec les joueurs, et symboliquement, comme Laurent Blanc, embrasse Fabien Barthez sur le crâne... Puis sera réélu 4 ans plus tard, après avoir parfaitement géré le virage de SA Coupe du Monde.

Antoine GRYNBAUM