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Quelqu’un peut-il expliquer l’histoire de la "Marseillaise" à Benzema ?

Dans une énième interview (accordée à Vanity Fair Espagne), où il revient sur l’affaire Valbuena, l’attaquant du Real a aussi évoqué la Marseillaise, qu’il a toujours refusé de chanter avant les matchs des Bleus.

Le reverra-t-on un jour avec le maillot bleu ?

« Si on l’écoute bien, la Marseillaise appelle à faire la guerre, je n’aime pas ça », a déclaré l’ancien joueur de l’OL. Peut-être serait-il nécessaire de lui expliquer les racines de notre hymne national.

La Marseillaise semble guerrière au premier abord :

« Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons!
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons! »…

Au premier abord seulement car quiconque a pris le temps de la resituer dans son contexte permet d’en saisir le sens. Un chant patriotique de la Révolution française, un chant de guerre oui, mais un chant révolutionnaire, un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l’invasion étrangère.

Après, le plus étonnant dans la déclaration de Benzema reste le timing. Alors que Zidane semble pour la première fois remettre en cause son inefficacité (5 buts en 26 matchs de Liga cette saison) – « un attaquant, il faut qu’il inscrive des buts. Et lui aussi ! a-t-il assené. Car même s’il sait faire autre chose et qu’il le fait bien, il faut qu’il marque aussi » -, il n’y avait pas vraiment besoin de créer de nouvelle polémique.

Chanter la Marseillaise sert plusieurs desseins : s’identifier à son pays, s’opposer au communautarisme, rendre à la France ce qu’elle vous a donné (des écoles laïques et gratuites, un système de santé égalitaire, une protection sociale inégalable…)…

Tel est son choix. Interrogé par le passé à ce sujet, un champion du monde 1998 m’avait apporté cet éclairage : « C’est quelque chose de très individuel mais à connotation grand public. Je ne me souviens pas si je la chantais à chaque fois. Oui, ça m’arrivait de chanter selon mes ressentis sur le moment présent, selon les évènements. Je ne pense pas que l’on ait besoin de le faire pour afficher son patriotisme. Cela touche tout simplement à votre propre pudeur. Sinon, c’est du commercial, c’est trop facile, ça veut dire qu’il suffit de chanter l’hymne pour être catalogué comme ceci ou cela. Je rajouterai même que l’intégration “à la Française“ ne se définit pas par rapport au fait de chanter ou non la Marseillaise. Beaucoup d’autres joueurs d’autres équipes étaient dans la même situation mais on a nous a surmédiatisés nous, joueurs de l’équipe de France de football par rapport à ça. Et quand je parle d’autres équipes, il ne faut pas prendre l’équipe de France de rugby en compte car le rugby, c’est très particulier par rapport au patriotisme ». Ah oui et pour quelles raisons ? Et l’équipe de France de handball ? Les athlètes olympiques ? Il serait donc utile d’ajouter un volet d’éducation civique en centre de formation. La conclusion signée d’un homme qui aura marqué des générations de fans de football : « Moi, je fais partie de ces personnes éduquées avec l’amour de l’équipe nationale. Quand j’écoute l’hymne, ça me fait quelque chose. Et quand je suis à Liverpool, ce n’est pas l’hymne national mais c’est l’hymne local, et quand je vois le stade d’Anfield brandir les écharpes et chanter YOU’LL NEVER WALK ALONE, je vous jure, je suis à chaque fois au bord des larmes ». Paroles signées…Thierry Roland.

Antoine GRYNBAUM