"Réconciliation": pourquoi Macron se rend au Mont Saint-Michel puis sur les plages du débarquement

Du soleil, des paysages classés au Patrimoine mondial de l'Unesco, le tout au début d'une semaine qui s'annonce houleuse pour l'exécutif. Emmanuel Macron entame ce lundi un déplacement en Normandie sous le signe des commémorations, poursuivant un itinéraire mémoriel lancé le 8 mai dernier avec l'hommage à Jean Moulin à Lyon.

De quoi donner un peu d'air à la veille d'une quatorzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites et avant les débats sur l'abrogation des 64 ans jeudi à l'Assemblée nationale.

Des commémorations qui "tombent bien"

"Le Président n'est évidemment pas responsable ni de l'agenda parlementaire ni des dates de notre histoire mais c'est certain que cela tombe bien. Ce genre de moment permet de la réconciliation, de l'apaisement", décrypte auprès de BFMTV.com François Patriat, le patron des sénateurs macronistes.

L'Élysée a mis les petits plats dans les grands pour ce déplacement en commençant par un discours à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, qui fête ses mille ans. Pompidou, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande... Le déplacement a tout du passage obligé alors que presque tous ses prédecesseurs se sont fendus d'une visite au cours de leur mandat.

Au menu: un discours sur "la permanence et la résilience de la France face à la maîtrise des éléments, à l’embellissement de la nature et la transmission de notre Histoire". Autant dire que le consensus devrait être de rigueur dans ce site qui figure parmi les plus visités de France.

"Le chef de l'État est institutionnellement en charge du temps long et de la mémoire. S'il ne peut plus s'extraire de l'actualité pour commémorer ceux qui ont donné leur vie pour la démocratie, on arrive à une société qui perd tout sens de l'histoire", assume un proche du président.

"On ne peut pas tout le temps tout conflictualiser"

Le lendemain, Emmanuel Macron prendra la direction des plages du débarquement pour se rendre à Colleville-Montgomery (Calvados) à l'occasion de la commémoration annuelle organisée par l'école des fusiliers marins. Auprès de de Léon Gautier, 100 ans, dernier Français vivant à avoir participé au débarquement, il remettra les bérets verts aux élèves qui viennent de réussir leur stage commando. Sa présence se veut aussi un hommage aux 177 Français qui débarquèrent le 6 juin 1944 aux côtés de centaines de milliers d'alliés, avant une visite au musée du Débarquement.

En parallèle, les syndicats battront le pavé pour une nouvelle journée de mobilisation qui pourrait prendre des allures de baroud d'honneur. Au risque d'un choc des messages en cas de fortes mobilisation ou d'échauffourées en fin de cortège.

"On ne peut pas tout le temps tout conflictualiser. C'est bien de mettre à l'honneur des moments de cohésion ce jour-là comme le fait le président. Il est tout à fait dans son rôle", juge le député Renaissance Hadrien Ghomi.

Des cérémonies qui arrivent après le recadrage de Borne sur le RN

Certains ne cachent cependant pas que ces cérémonies ont une valeur politique qui dépassent de loin les commémorations. "C'est important de rappeler ce que font les nationalismes et les populismes quand ils sont à l'œuvre. Ce type de cérémonie a aussi cette vocation", veut croire le parlementaire Ludovic Mendes. Avec un contexte particulier pour l'exécutif.

La semaine dernière, Emmanuel Macron a désavoué Élisabeth Borne en Conseil des ministres. La cheffe du gouvernement avait qualifié deux jours plus tôt le Rassemblement national "d'héritier de Pétain", "avec une idéologie dangereuse".

Il faut éviter de combattre le parti désormais dirigé par Jordan Bardella avec "les mots des années 90" et des "jugements moraux", l'a recadrée le chef de l'État, avant de faire redescendre la pression et de l'assurer publiquement de "sa confiance".

Plusieurs poids lourds, mal à l'aise, ont apporté leur soutien à la Première ministre, à commencer par Bruno Le Maire. Autant dire que les mots utilisés par le chef de l'État seront particulièrement scrutés.

"C'est sûr qu'on va tous avoir en tête cette question en l'écoutant. Ce serait faux de dire le contraire", reconnaît un macroniste, issu de l'aile gauche de la majoité.

Élisabeth Borne, élue dans le Calvados lors des dernières législatives, sera également présente mardi aux côtés d'Emmmanuel Macron. Autant dire que ces images seront elles aussi très scrutées.

Article original publié sur BFMTV.com