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Réforme des retraites: les débats se poursuivent à l'Assemblée, le projet de loi enflamme l'hémicycle

L'Assemblée nationale le 7 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP
L'Assemblée nationale le 7 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP

Au cœur du chaudron. Invectives, coups d'éclats, passes d'armes, huées et sifflements: les débats sur la réforme des retraites ont débuté de manière intense cette semaine dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Et alors que des centaines de milliers de personnes donnaient la voix dans les cortèges contre le projet du gouvernement, les parlementaires et membres du gouvernement ont aussi haussé le ton dans l'enceinte du Palais-Bourbon.

Dès 15 heures, les hostilités ont commencé avec les questions au gouvernement, où les députés peuvent interpeller un membre de l'exécutif. Louis Boyard a notamment accusé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de "réprimer les jeunes" en mentionnant que plusieurs lycéens ont été "frappés au visage" et ont reçu des gaz lacrymogènes alors qu'ils tentaient de bloquer leurs établissements.

"Vous êtes la caricature de ce que je dénonce, la bordélisation du pays!" a répondu Gérald Darmanin.

Olivier Dussopt mis en cause par la Nupes

L'exécutif a aussi été mis en difficulté lorsque Inaki Echaniz, qui a piégé Olivier Dussopt en reposant presque "mot pour mot" la question sur les retraites qu'il avait adressée à Éric Woerth en 2010.

Le ministre du Travail, soupçonné de favoritisme par le parquet national financier dans l'affaire de deux œuvres d'art reçues en cadeau en 2017, a également été mis en cause par Aurélien Saintoul (LFI). "Vous ne dirigez plus un gouvernement mais un cloaque", a lancé l'élu à Élisabeth Borne.

La Première ministre lui a réitéré sa confiance. "Il a ma confiance et celle du président. Il a été un député et un maire engagé. Il est un ministre engagé", a-t-elle déclaré.

Après les questions au gouvernement, les députés ont adopté en fin de journée l'article liminaire du projet de loi. Mais le gouvernement n'était pas très loin d'une défaite majeure: l'article n'a été voté que par 246 députés, 229 élus votant contre. Un scrutin serré, qui montre qu'une majorité absolue sur l'ensemble de la réforme des retraites est loin d'être acquise par l'exécutif, comme le souligne notre COMPTEUR BFMTV.

Aurore Bergé dénonce les "stratagèmes" de l'opposition

Mardi soir, l'Assemblée nationale a donc entamé l'examen de l'article 1er, qui vise à la suppression des principaux régimes spéciaux. "On n'est pas bien là, dans l'idéologie pure?", a ironisé Sandrine Rousseau. "La RATP manque de chauffeurs, on n'arrive pas à prendre des métros, elle est au bord de la rupture, allez hop, on y va, on casse des droits sociaux!" a dénoncé l'élue écologiste.

"N'allez pas pleurer si, par hasard, dans vos permanences, le jus est coupé deux ou trois heures par semaine", a de son côté lancé le député communiste Sébastien Jumel.

Les députés communistes ont tenté de faire suspendre les débats en faisant voter la constitution d'une commission spéciale pour que l'Assemblée examine, en lieu et place du projet du gouvernement, le projet du groupe GDR. Un "nouveau stratagème" dénoncé par la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé.

La demande des députés communistes a été rejetée par 260 députés (127 pour) et les débats sur la réforme des retraites ont donc repris.

Huées et applaudissements pour Quatennens

À cause d'un "tunnel" d'amendements, les députés étaient toujours bloqués ce mardi soir à l'article 1er du projet de loi. Mais la séance du soir a été marquée par la première prise de parole dans l'hémicycle d'Adrien Quatennens depuis sa condamnation pour violence conjugale. Alors qu'il s'apprêtait à défendre un amendement, le député du Nord a été interrompu par des élus de la majorité.

"Ce qu'il se passe ce soir ne peut pas être passé sous silence", a notamment déclaré Pierre Cazeneuve (Renaissance).

"Nous avons eu pendant deux jours des rappels au règlement, des députés sont sortis de cet hémicycle parce qu'ils n'ont pas gagné au tirage au sort, et quand l'un de leur collègue qui a été condamné pour avoir frappé son épouse prend la parole sur un amendement vous restez stoïques", a poursuivi le député.

"Pire que ça vous l'applaudissez! Où on est? C'est scandaleux! C'est une honte!", a conclu le parlementaire, alors que plusieurs insoumis ont affiché un soutien franc à Adrien Quattennes. Plusieurs députées Nupes ont aussi quitté l'hémicycle, dont les écologistes Sandrine Rousseau et Marie-Charlotte Garin.

Après ce "tumulte", la séance a été suspendue pour quelques minutes avant de reprendre dans le calme. Elle a été achevée peu après minuit, comme le prévoit le règlement de l'Assemblée nationale. Les débats reprendront ce mercredi matin, à partir de 9 heures. Toujours dans le bruit et la fureur?

Article original publié sur BFMTV.com