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Réforme des retraites : Les Français de plus en plus hostiles au texte - SONDAGE

C’est toujours non, les Français sont de plus en plus hostiles à la réforme des retraites - SONDAGE EXCLUSIF
JULIEN DE ROSA / AFP C’est toujours non, les Français sont de plus en plus hostiles à la réforme des retraites - SONDAGE EXCLUSIF

Selon une étude YouGov pour Le HuffPost menée en ce début février, le discours d’Élisabeth Borne et Emmanuel Macron ne passe pas du tout auprès de la population.

POLITIQUE - Quatre semaines de « pédagogie », et sept points de perdus. Voilà le constat, peu reluisant pour le gouvernement, un mois après la présentation de sa réforme -phare- des retraites. Début janvier, les Français ne voulaient pas du texte proposé par Elisabeth Borne… Ils en veulent désormais encore moins.

Voici le principal enseignement d’une batterie de réponses récoltées par YouGov pour Le HuffPost en ce tout début février, à l’heure où la mobilisation sociale s’ancre dans la durée et atteint des niveaux records. Le sondeur a interrogé son panel sur plusieurs questions relatives au texte. Les mêmes qu’il leur avait soumis début janvier.

Résultat : des tendances inquiétantes pour l’exécutif, et des voyants qui affichent, tous, un rouge écarlate. Dans le détail, 72 % des Français interrogés dans notre sondage sont défavorables au report de l’âge de départ en retraite de 62 à 64 ans, comme le souhaitent Emmanuel Macron et Elisabeth Borne. Cette mesure, pierre angulaire de la réforme, n’est « plus négociable », a même prévenu cette dernière, dimanche 29 janvier, à la veille de l’arrivée du texte au Parlement.

Discours incompris

Une hostilité qui grimpe de sept points en un mois car début janvier, les Français n’étaient « que » 65 % à se dire opposés à cette rallonge de deux ans. À l’époque, les contours définitifs du texte n’étaient pas encore totalement connus, le gouvernement hésitait entre 64 et 65 ans pour le nouveau couperet.

Dans cette même logique, les autres données de notre étude YouGov, documentent une hostilité globale grandissante à l’égard du discours de l’exécutif. Désormais, 68 % des Français ne sont pas d’accord avec le mantra présidentiel selon lequel les « Français doivent travailler plus longtemps à l’échelle d’une vie », un principe qui motive le texte aujourd’hui. La défiance, sur ce point-là, grimpe de deux points en un mois.

Même tendance pour ce qui est de la nécessité de réformer. 61 % des sondés ne veulent pas entendre parler d’une refonte des retraites, quelle qu’elle soit. Ils n’étaient que 58 % à dire cela, début janvier. Comme si les arguments du gouvernement sur l’impérieuse nécessité de réformer le système pour le « sauver », ne trouvaient pas d’écho, du tout, dans la population.

Signe supplémentaire que le discours de l’exécutif peine à imprimer, ou à faire son chemin chez les Français, le deuxième argument phare, celui de la « justice », brandi par Élisabeth Borne et ses ministres, ne convainc pas non plus. Ainsi, seuls 11 % des Français estiment que le projet de loi actuel va « bénéficier » aux femmes, quand 60 % d’entre eux estiment qu’il va les « pénaliser. » Un chiffre à mettre en parallèle avec les vérifications de nombreux économistes, pour qui, dans leur grande majorité, les femmes sont les grandes perdantes du projet.

Une raison d’espérer, pour le gouvernement ?

Dans ce contexte, difficile de trouver des indicateurs positifs pour la majorité en observant l’opinion publique. Même le soutien à la contestation apparaît massif, alors même que celle-ci est de nature à contraindre le quotidien des Français. 56 % des personnes sondées par YouGov disent ainsi approuver le mouvement, contre 35 % qui s’y opposent.

Et cela alors que la mobilisation pourrait s’inscrire dans le temps, à en croire les organisations syndicales et leurs nouveaux appels à manifester. Une hypothèse prise en compte, par les Français : 71 % du panel YouGov estime « probables » des perturbations à venir dans les transports pour les vacances de février.

La seule raison d’espérer, pour le gouvernement, est sans doute à trouver… du côté de la résignation de la population. Car si les Français sont massivement contre la réforme du tandem Macron - Borne, ils semblent ne pas se faire d’illusion quant au devenir du texte. Près de 6 personnes interrogées sur 10 (59 %) estiment que la mobilisation dans les rues ne fera pas plier le pouvoir. Il est donc une promesse que les Français jugent encore crédible concernant cette réforme : celle de la fermeté de l’exécutif. Et c’est peut-être là l’essentiel pour le pouvoir en place.

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