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Comment la réussite de Haaland et Odegaard fait flamber les prix des joueurs dans les championnats nordiques

Le football nordique est peut-être en train de devenir le nouvel eldorado des scouts, ave un vivier qui ne demande qu’à découvrir les joies des grands championnats européens. En France, Toulouse est le porte-étendard de ces clubs dont le recrutement est orienté vers le nord. En Angleterre, Brentford applique la même politique sportive, en utilisant également la data. Et cela semble réussir à ces deux clubs récemment promus dans l’élite: les Bees occupent la huitième place de Premier League tandis que le TéFéCé est 12e en Ligue 1, loin de la lutte pour le maintien.

Le rayonnement des championnats nordiques n’est que très récent et reste relativement faible. Mais depuis l’arrivée d’Erling Haaland et Martin Odegaard sur le devant de la scène internationale, une augmentation sensible du prix de vente des joueurs s’est fait ressentir.

Le championnat norvégien en pleine progression

Si pour l’instant personne ne vient titiller John Obi Mikel (vendu 20 millions d’euros à Chelsea en 2006) pour le statut de meilleure vente d’Eliteserien (D1 norvégienne), quatre joueurs ont intégré le Top 10 des ventes les plus chers, ces deux dernières années.

Le journaliste norvégien, Adrian Richvoldsen a dressé le même constat, s’appuyant sur le témoignage de Stale Solbakken, le sélectionneur norvégien: "L'entraîneur de l'équipe nationale norvégienne m’a confié que le succès de Haaland et Ødegaard participe à la hausse des prix."

Les belles ventes comme celles de David Datro Fofana (12 M€ à Chelsea en 2023), Erik Botheim (7,5 M€ à Krasnodar en 2022), Casper Tengstedt (7 M€ à Benfica en 2023) et Joel Mvuka (5,5 M€ à Lorient en 2023) permettent au championnat de monter en gamme.

"Les plus grands clubs ont maintenant tellement plus d'argent pour acheter d'autres joueurs grâce à des ventes allant jusqu'à 10 M€ (Fofana, Botheim, Mvuka, etc)! Et ils parviennent à bien dépenser cet argent", raconte Richvoldsen. Cela se ressent sur les résultats puisque sous l’impulsion de Bodö/Glimt et Molde, la Norvège est désormais aux portes du Top 15 (16e) au classement UEFA des clubs.

Le championnat danois plus homogène et plus vendeur

Le Danemark, précédé désormais par la Norvège, possède un championnat plus homogène, que ce soit en termes de niveau des équipes ou concernant les ventes. Mais dans le royaume, la montée des prix semble avoir débuté avant.

"Je suis d'accord que les prix ont évolué, mais je ne suis pas certain que cela soit dû à Haaland et Odegaard pour être honnête", lance le journaliste danois Jonas Dalgård, rejoint par son collègue Lasse Vøge: "Je pense que l'ascension a commencé avant Haaland. Mais son succès a certainement contribué à accélérer le processus."

Leur compatriote Henrik Fallesen évoque une montée générale des prix accompagnée d’un intérêt croissants pour les championnats nordiques grâce à l’attaquant de Manchester City: "Je pense que c'est difficile à dire, car généralement les prix de transfert ont explosé. Mais il y a beaucoup de joueurs talentueux en Scandinavie, et la montée de Haaland a été une clé pour tout le monde."

Lasse Vøge a un exemple précis en tête. Selon lui, la hausse des prix des joueurs a débuté au Danemark il y a cinq ans. "Quand Alexander Sørloth a été vendu du FC Midtjylland à Crystal Palace en 2018, je pense. C'était la première fois qu'un club danois dépassait 100 millions de couronnes de frais de transfert (13 M€). Et depuis, c'est arrivé presque chaque année", constate-t-il.

Le FC Nordsjaelland symbole de la confiance accordée aux jeunes

Kamaldeen Sulemana domine désormais le classement, après avoir rejoint le Stade Rennais contre 17 millions d’euros à l’été 2021. Il n’est plus rare de voir des joueurs partir pour des montants avoisinant voire dépassant les dix millions d’euros.

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Pour le journaliste islandais, Tryggvi Kristjansson, la hausse des prix des joueurs nordiques n’est pas uniquement due à l’émergence de quelques talents. La progression globale, symbolisée par la réussite du Danemark lors de l’Euro 2021, ou les bonnes performances des sélections nordiques chez les jeunes ne sont, selon lui, pas étrangères au succès des joueurs venus du Nord.

"Je pense que la hausse des prix a lieu notamment grâce aux clubs danois comme le FC Nordsjælland et le FC Copenhague, qui mettent davantage l'accent sur les jeunes, et cela fonctionne à la fois pour les clubs et les différentes équipes nationales juniors et seniors. Un joueur aide certainement à attirer l'attention, mais cela nécessite un flux soutenu de joueurs pour donner une augmentation significative des prix des joueurs nordiques."

Le FC Nordsjælland cité par Kristjansson est un modèle de réussite et illustre parfaitement la volonté des clubs nordiques misant sur les jeunes. Kamaldeen Sulemana et Andreas Schjelderup ont rapporté à eux deux près de 30 millions d’euros au club lié à la Right to Dream – académie ghanéenne collaborant avec l’actuel leader du championnat danois – montrant l’efficacité de ce système. Avec un onze de départ descendant parfois en-dessous des 23 ans de moyenne d’âge, le FC Nordsjælland parvient à allier résultats, jeunes joueurs et gros revenus.

La course à la nouvelle pépite pousse les clubs à acheter les joueurs toujours plus jeunes et toujours plus chers. A seulement 16 ans, Galdur Gudmundsson a quitté Breidablik, en Islande, pour le FC Copenhague contre 336 000 €. Devenu le quatrième joueur le plus cher du championnat islandais, il symbolise la volonté du géant danois de miser sur son académie pour rayonner sur la scène internationale.

"Quelqu'un comme Victor Kristiansen peut être vendu aussi cher, pour un défenseur, car il y a un sentiment que si Leicester ne l'achète pas, alors il y a une énorme file de prétendants qui attendent dans les coulisses et qui sont prêts à l'arracher. Je pense que ce n'était pas le cas avant", lance Tryggvi Kristjansson. Le latéral gauche de 20 ans, formé au club, a rejoint le club de Premier League contre 14 millions d’euros, devenant ainsi la plus grosse vente du FC Copenhague.

La Suède vend mal

Le journaliste islandais rejoint son homologue suédois, Makoto Asahara concernant la situation en Allsvenskan (D1 suédoise): "Les clubs suédois ont plus de mal à obtenir beaucoup d'argent pour leurs joueurs, au contraire du Danemark et de la Suède", concède le Suédois. "La Suède a remporté l’Euro U21 (en 2015), et l'accent est mis sur eux, mais l'échec relatif de cette génération de joueurs n'a pas vraiment aidé le pays à continuer sa progression et à continuer à vendre des joueurs directement aux grands pays", ajoute l’Islandais.

Alexander Isak n’a toujours pas été dépassé depuis son transfert en 2017 au Borussia Dortmund contre 8,6 millions d’euros. Les championnats nordiques peinent à vendre leurs joueurs lorsqu’ils ont dépassé 24 ans, ne présentant plus suffisamment de potentiel pour nécessiter un réel investissement de la part des grands championnats.

Article original publié sur RMC Sport