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Raphaël Varane, comme un symbole

ÉQUIPE DE FRANCE – Buteur en devançant Stuani de la tête sur un coup franc botté par Griezmann, Varane a effacé le douloureux souvenir de 2014.

Le 4 juillet 2014, la France s’inclinait 1-0 en quart de finale de Coupe du monde, au Brésil, face au futur champion du monde, l’Allemagne. Mats Hummels avait marqué le but de la victoire à la 12ème minute de jeu, de la tête, après avoir « mangé » Raphaël Varane – 21 ans à l’époque – dans les airs. Un duel perdu qui est resté dans la mémoire collective. En marquant de la tête, en quart de finale du Mondial russe face à l’Uruguay, le défenseur du Real a effacé ce mauvais souvenir.

Élégant, rapide et à l’aise dans la relance, Varane est perçu comme un défenseur propre. Un défenseur qui va davantage chercher à éviter le duel, par sons sens de l’anticipation, plutôt que d’aller au contact direct. Lorsqu’on évoque son manque d’agressivité, ce duel perdu face à Hummels en 2014, est alors systématiquement avancé.

Au Real Madrid, le natif de Lille fait la paire avec un monstre d’agressivité et de vice, Sergio Ramos. Durant les quatre années, qui ont séparé le Mondial brésilien du russe, Varane a remporté trois Ligues des Champions (il a remporté sa première juste avant la Coupe du Monde 2014, ndlr). Dont les deux dernières dans la peau d’un titulaire indiscutable sous les ordres de Zinedine Zidane après avoir rayé Pepe de la carte.

Malgré cette exceptionnelle réussite, son manque d’agressivité lui est constamment reproché, notamment en équipe de France. Biberonné par Ramos en club et par Laurent Koscielny en sélection, Varane laisse cette impression de refuser le combat. Pourtant, c’est l’un des cadres de Didier Deschamps, puisqu’il s’agit du vice-capitaine derrière Hugo Lloris.

Forfait pour l’Euro 2016, Raphaël Varane a alors vu Samuel Umtiti émerger en Bleu aux côtés de Laurent Koscielny. L’ancien Lyonnais, brillant à Barcelone, s’impose rapidement en équipe de France et le sélectionneur l’associe au Madrilène. Les deux défenseurs sont jeunes et représentent l’avenir de l’équipe de France. La terrible blessure de Koscielny juste avant le début Mondial ne laissera plus l’ombre d’un doute. Bien que rarement associés, entre les fortraits et méformes, Varane et Umtiti formeront la charnière tricolore lors de la Coupe du Monde 2018.

Raphaël Varane reste pour ses partenaires un des leaders. Un patron, le patron de la défense. Après une entrée poussive face à l’Australie (2-1), le joueur de 25 ans (47 sélections, 3 buts) est monté en puissance. Très bon, notamment dans la communication, face à au Pérou (1-0), il a pris ses responsabilités. Capitane face au Danemark (0-0), Varane dégage de la sérénité. « Ma personnalité ne peut pas plaire à tout le monde, j’ai besoin de parler à mes partenaires pour avoir des repères communs. Mais voilà, il existe différents types de leaders et de façons d’être. A Madrid, on a le meilleur exemple avec Zidane. Un leader n’a pas toujours besoin de chercher la lumière ou de parler fort », confiait-il à Istra, le 19 juin dernier.

Son but face à l’Uruguay est un beau clin d’œil. Raphaël Varane prend, quelque part, sa revanche sur 2014. Pour un défenseur, le caractère se forge avec l’expérience. Malgré ses 233 matches avec le Real Madrid (2011 – 2018), le droitier apprend toujours, logique à 25 ans. « Je suis content pour lui (Varane). Il a quatre ans de plus. Je vous l’ai dit, mes joueurs ont grandi. Ils ont plus de maturité, de vécu. On a besoin de ça. Je lui ai dit à la fin du match : aujourd’hui, c’est l’effet inverse. C’est souvent dans les moments difficiles qu’on apprend le plus », a résumé Didier Deschamps en conférence de presse après la qualification des Bleus en demi-finale. C’est un beau résumé effectivement.

G.C., à Nijni Novgorod