Rapport SOS Homophobie 2022 : Pourquoi les cas de transphobie continuent d'augmenter

Comme chaque année le 17 mai, l'association SOS Homophobie publie son rapport annuel sur les LGBTIphobies. Cette année, le nombre de témoignages est en baisse, sauf pour les actes transphobes.

TRANSPHOBIE - 179, c’est le nombre de cas de transphobie comptabilisés par SOS homophobie, qui diffuse ce mardi 17 mai son rapport annuel 2022, à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Contrairement aux autres faits de LGBTIphobies pour lesquels l’association a été contactée, ce sont les seuls signalements qui sont en augmentation par rapport à l’an passé.

En effet, l’association a reçu 1 515 témoignages, contre 1 815 en 2021. Une baisse qui s’expliquait déjà, l’an dernier, par la situation sanitaire et qui se poursuit, mais qui s’explique aussi par l’ajout, sur le site de SOS homophobie, d’une plateforme d’aide en ligne permettant aux utilisateurs d’avoir accès à des informations juridiques et de contacter des associations spécialisées.

Mais ce recul des signalements ne s’applique pas aux situations de violence envers les personnes trans et non binaires. Sur les 179 cas relevés par l’association, 16 % concernent même des moins de 18 ans. Ces actes transphobes se traduisent majoritairement par du rejet (79 % des cas), par des insultes (27 %), du harcèlement (20 %) ou de la discrimination (17 %).

Quant au contexte dans lequel ils ont lieu, il s’agit avant tout de la famille, dans 16 % des cas, de haine en ligne (16 % également) ou des commerces et services (15 %). 22 % des agresseurs décrits dans ces témoignages sont des hommes seuls et 7 % des groupes d’hommes. Les femmes ou groupes de femmes représentent 10 % des agresseurs, le reste étant des inconnus ou aucun agresseur (35 %) ou des groupes mixtes (26 %).

Le “revers” de la visibilité des personnes trans

Plusieurs raisons sont avancées par l’association pour expliquer ces chiffres et cette augmentation (que l’on constatait déjà en 2017 mais qui n’était pas telle). Parmi celles-ci, “les revers de la plus grande visibilité des personnes trans”. “La visibilité des personnes transgenres est enfin là. C’est un phénomène dont l’ampleur et les enjeux politiques ne peuvent plus être ignorés. Cette évolution positive a aussi comme effet d’attirer l’attention d’acteurices peu bienveillant·es”, peut-on lire dans le rapport, qui mentionne les propos d’Élisabeth Roudinesco affirmant sur le plateau de Quotidien qu’il y a “un peu une épidémie de transgenres” ou encore la Une de Valeurs Actuelles intitulée “Le délire transgenre”.

Autre élément d’explication : le fossé entre les manifestations des transidentités et l’évolution lente de la société, notamment en termes juridiques, avec des changements de genre à l’état civil qui prennent encore du temps.

Enfin, SOS homophobie met en avant le fait que la jeunesse se retrouve de moins en moins dans la binarité et soit, en parallèle, plus stigmatisée. “Grâce à la diversité des ressources qui leur sont maintenant disponibles, de plus en plus de mineur‧es se découvrent trans. Iels sont particulièrement vulnérables à la transphobie en famille et à l’école. Dans le cercle familial, cela va du simple refus de l’identité à la tentative de thérapie de conversion”, décrit l’association.

Comme chaque année, SOS homophobie recueille des témoignages via ses dispositifs d’écoute et publie une synthèse des discriminations LGBTphobes en France. L’association rappelle que, si 2021 a été marquée par des moments difficiles, comme la libération de la parole autour des violences intracommunautaires avec #MetooGay, elle a aussi été ponctuée d’avancées positives comme l’accès à la PMA pour les couples de femmes et femmes seules ou encore la loi prohibant les thérapies de conversion.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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