"Quand on regarde un match de l'OM, on ne s'ennuie pas", sa saison, le vestiaire, Tudor... Gigot se livre
Jérôme Rothen: On va faire un petit bilan de cette première saison avec toi, ton ressenti. Elle n’est pas encore finie, j’espère qu’elle se finira bien. Première question: comment vas-tu? J’imagine que ça va avec la belle victoire à Lyon (1-2).
Samuel Gigot: Oui, ça va très bien. C'est vrai que c'est une victoire très importante pour nous. On l'attendait depuis plusieurs années et c'est vrai que là c'était un match très important pour nous. L’avoir gagné, ça fait du bien au moral.
>> Tous les podcasts de Rothen s'enflamme sur RMC
Jérôme Rothen: Est-ce que ça donne un peu plus d'excitation encore sur la dernière ligne droite? J'imagine qu'il y en avait même avant ce match-là. Mais là vu que vous avez repris à la dernière seconde la 2e place qualificative pour la Ligue des champions, il doit y avoir une excitation particulière dans le vestiaire.
Samuel Gigot: Il n’y a pas d'euphorie, on a les pieds sur terre. C'est vrai que c'était un match important, avec le scénario qui a été favorable pour nous. On est très content, on sait qu'on est dans le sprint final. Chaque match sera une finale. Donc on est concentrés sur notre objectif de fin de saison.
Jérôme Rothen: Mine de rien, quand tu regardes le calendrier et les matchs à domicile - même s’il faut les gagner et que dernièrement il y a eu quelques faux pas -, on se dit que c’est largement accessible pour l’OM. Par contre, il y a ce choc qui arrive bientôt contre Lens. Est-ce que vous l’avez déjà un peu dans un coin de la tête ?
Samuel Gigot: Non, on pense au prochain match qui est dimanche face à Auxerre. C'est le plus important pour nous parce qu'on sait que chaque match est difficile, surtout dans le sprint final. On a eu des résultats un petit peu difficiles ces derniers temps en stade Vélodrome. On est concentré sur notre match de dimanche parce que c'est le plus important.
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
"Malgré les grosses mésaventures, on n'a pas lâché"
Jérôme Rothen: Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment se passe dans le vestiaire cette saison de l'OM, avec tout ce que représente le club, avec cette pression ?
Samuel Gigot: On a la chance d'avoir vraiment un très bon vestiaire. Tout le monde vit bien avec tout le monde, on s'entend tous très. C'est rare mais c'est vrai que, malgré les hauts et les bas, on est restés très soudés et c'est aussi notre force. Ça se voit sur le terrain, on ne lâche jamais rien jusqu'au bout, comme là par exemple avec ce dernier match. Malgré toutes les épreuves de cette saison, avec des grosses mésaventures, c’est vrai qu'on n’a pas lâché, on a toujours continué à travailler tous ensemble. On est tous concentrés sur notre objectif de fin de saison: garder cette 2e place.
Jérôme Rothen: Tu n’es pas un petit jeune, même si tu découvres la Ligue 1 cette année à 29 ans. Tu as vadrouillé, à Arles au tout début et puis en Belgique et surtout en Russie. Avec l’expérience que tu as, est-ce que le vestiaire marseillais vit mieux que dans tous les autres clubs où t’es passé?
Samuel Gigot: Oui, bien sûr. Honnêtement, c'est un vestiaire qui vit énormément. Il y a une très bonne ambiance. Après, quand il faut se mettre au travail, on se met tous au travail.
Jérôme Rothen: De toute façon, vous n’avez pas le choix!
Samuel Gigot: Oui! Mais franchement c’est vestiaire qui vit très, très bien. On s’entend tous très bien et c’est important de toute manière pour faire une bonne saison.
Jean-Louis Tourre: Et ça permet de surmonter les coups durs? Parce qu'il y en a eu cette saison. Il y a eu cette élimination en Coupe de France, la désillusion de Tottenham en Coupe d’Europe... Cette bonne ambiance dans le vestiaire aide à surmonter tout cela?
Samuel Gigot: Oui, c'est clair, parce que c'est vrai que ça a été de deux grosses claques. Ça a été des moments assez difficiles, les lendemains de ces deux éliminations aussi. Mais on est restés cohérents. On est restés concentrés, tous ensemble, et c'était très important de vite se se relever après. Derrière ces éliminations, on a réussi à gagner le match d'après. Ce qui prouve aussi qu'on est un bon groupe et qu'on sait se relever.
Jérôme Rothen: Toi qui a connu des expériences à l’étranger... Comment évalues-tu le niveau de la Ligue 1 par rapport à la Belgique et à la Russie?
Samuel Gigot: C’est vrai que c'est assez étrange en Europe parce que les clubs français n'ont pas de très bons résultats. Mais honnêtement, il y a de très bons joueurs, ça va très vite, c'est rapide, c'est technique. Je pense qu'on a vraiment un très bon championnat, qui est sous-estimé. Mais bon, chacun a le droit d'avoir son avis. Mais pour moi, bien sûr que c'est un très bon championnat.
"Gaël Givet? Pour moi, c'est mon grand frère"
Jean-Louis Tourre: Samuel, tu es assez rare dans les médias. Tu fais ta première saison en Ligue 1. Cette interview, c’est aussi l’occasion de te découvrir, même si on sait que tu n’aimes pas trop parler de toi, te mettre en avant. T’es vraiment un soldat du collectif. Raconte-nous ton parcours atypique.
Samuel Gigot: C’est vrai que je n’aime pas trop me mettre en avant, parce que je pense que c’est un sport collectif. Mon parcours est assez simple: j’ai fait toute ma carrière (de jeune, ndlr) à Avignon. Je n’ai pas spécialement fait de centre de formation. J’ai atterri à Arles-Avignon quand ils étaient en Ligue 2. J’ai commencé là-bas avec la réserve. J’ai eu la chance de signer mon premier mon contrat pro.
Jérôme Rothen: Et t’as eu la chance de jouer avec Gaël Givet!
Samuel Gigot: Ah oui, pour moi c’est mon grand frère. Je lui dois beaucoup. Encore aujourd’hui, je suis tout le temps en contact avec lui. L’avoir vu et avoir pu jouer à ses côtés, ça m’a énormément aidé. Que ce soit dans la mentalité, dans tout... C’était un vrai exemple pour moi, je lui suis très reconnaissant.
Jean-Louis Tourre: T'es né à Avignon, t'as donc été formé dans la région avant de partir en Belgique et en Russie. Porter le maillot de l'OM, marquer avec l'OM, ça a toujours été un rêve de gosse?
Samuel Gigot: C’était mon vrai rêve ultime. Juste jouer au Stade Vélodrome, avoir pu marquer dans ce stade devant toute ma famille, c'est extraordinaire.
Jean-Louis Tourre: Ça me rappelle quelqu'un, ça, ce rêve de gosse de porter un maillot...
Jérôme Rothen: Ça me parle parce qu’on sent que tu transpires l’émotion de jouer au Vélodrome. Tu sais ce que c'est de porter ce maillot-là, de le représenter avec tous les supporters qu'il peut y avoir dans ce club très populaire, l'importance du stade Vélodrome... C'est quand même un rôle important que tu as dans le vestiaire. Je parle souvent d'identification au club pour les joueurs. Des joueurs doivent absolument s'identifier au maximum à ce club. Pour toi c'est très facile, tu es né pas loin. Est-ce que t'as ce côté-là dans le vestiaire pour rappeler ce que représente le club?
Samuel Gigot: Je pense que les joueurs prennent conscience automatiquement. Quand vous voyez la ferveur en arrivant au stade, dans la ville... Moi, je suis naturel. Après, le plus important c’est le terrain. Les supporters aiment les joueurs qui donnent tout et mouillent le maillot. C’est le plus important.
Jérôme Rothen: C’est important, c’est bien de dégager ces valeurs. On parle beaucoup d’argent, de joueurs qui sont des mercenaires... Je trouve que c’est important d’avoir des joueurs comme toi, qui avaient un rêve de gosse et qui le réalisent. Donc je te félicite, car ce n’est pas donné à tout le monde. Et quand tu as de tels rêves, est-ce que tu te vois aller plus loin que ce contrat qui se termine en 2025 à l’OM?
Samuel Gigot: Honnêtement, même si vous n'aimez pas trop cette phrase: je vis au jour le jour. Je profite. Vraiment! Parce que je sais que je viens de loin. Je profite à fond. Pour moi, c’est un kiff énorme de rendre fière sa famille. Je sais que mon père vient me voir au stade. C’est quelque chose de merveilleux. J’espère continuer comme ça et profiter de chaque moment.
"Quand on regarde un match de l'OM, on ne s'ennuie pas"
Jérôme Rothen: Je ne peux pas te laisser partir sans te parler d’Igor Tudor. Je sais que tu ne vas pas être critique. Mais il n’y a pas lieu d’être critique: il te fait confiance, vous avez de bons résultats. Je trouve logique qu’il y ait beaucoup de qualité qui ressorte quand vous parlez de votre coach. Mais j’ai été critique une bonne partie de la saison, parce que je trouve hallucinant ses prises de risques tactiques sur des matchs de très haut niveau. Vous avez souvent pris le retour du bâton. Est-ce que tu confirmes que cette prise de risque est acceptée par tout le monde? Est-ce qu’en tant que défenseur, faire du marquage individuel, rester en un contre un, voire un contre deux, ce n’est pas très difficile pour mettre ce système dans votre tête?
Samuel Gigot: C'est vrai qu'il y a une prise de risque lorsque vous faites du marquage individuel, du un contre un sur tout le terrain. Surtout pour nous les défenseurs. On a eu un petit temps d'adaptation avec le coach au tout début, le temps de de bien comprendre ce qu'il voulait mettre en place, de bien assimiler son système, ce qu'il voulait vraiment. Et après, on a montré qu'on a pu faire de très grands matchs. C'est sûr, il y a des jours où ça va payer et d’autres moins. Ça fait partie du du sport aussi. Il y a aussi des équipes qui sont là pour nous embêter, parce qu'elles veulent gagner. Mais le plus important, c'est aussi les supporters. Quand ils viennent au stade voir du spectacle. Quand on regarde un match de l’OM, on ne s'ennuie pas, ça part dans les deux sens. Après, c'est sûr que c’est plus compliqué pour nous les défenseurs. Mais on s’accroche, on ne lâche rien. J’espère qu’on va bien finir cette saison et donner du bonheur à nos supporters.
Jérôme Rothen: Trouves-tu que, dans ses méthodes, il s’est un peu adouci? Je le disais après le match à Lyon, et ce n’était pas le première fois que je le constatais, qu’il a évolué dans son comportement, dans son body language. Il y a beaucoup plus de câlinothérapie, il est moins rude, même avec la presse. À l’intérieur du groupe, vous trouvez qu’il s’est adouci?
Samuel Gigot: Personnellement, je ne trouve pas! Après, on arrive dans le sprint final. On a bien assimilé ce qu’il voulait mettre en place. C’est à nous de faire le job sur le terrain, c’est une période dans laquelle il faut rester calme. Je ne pense pas qu’il ait spécialement changé.
"Des petits ajustements, on a dû en faire"
Jérôme Rothen: Dernière question. Sur le match de Lyon, je me suis pris la tête avec Éric Di Meco. J’ai trouvé que sur les gros matchs il y avait parfois un manque cruel d’équilibre et que vous avez été rattrapé par la patrouille et que vous perdiez des matchs sur ce déséquilibre accepté. Face à Lyon, il y a-t-il eu moins de prise de risques? Les défenseurs dézonent moins, les deux milieux restent un peu plus devant, les latéraux se retrouvent moins devant dans la surface... C’est juste moi qui ai un mauvais ressenti?
Samuel Gigot: Des petits ajustements, on a dû en faire parce que c'est important de garder un équilibre. On a vu sur la phase retour qu’on avait un petit peu de mal avec les contre-attaques adverses. Ils arrivaient à nous punir assez rapidement, donc c'est vrai que si ça monte d'un côté, on essaie un petit peu de de resserrer. Mais notre manière de jouer, c'est toujours la même: aller presser très haut. Dans le match contre Lyon, avec Cherki qui dézonait énormément sur le côté droit, ça faisait beaucoup bouger les défenseurs. Mais on a réussi à vite s'adapter. Les 20 premières minutes, c'était un petit peu compliqué. Mais on est restés avec les mêmes attitudes que d'habitude, faire du un contre un partout et essayer de faire mal à l’adversaire.