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Renaissance, LR, gouvernement... Qui savait quoi sur l'affaire Damien Abad?

4 jours après la révélation de deux accusations de viols qui visent Damien Abad, les langues se délient à droite tandis qu'au sein de Renaissance, on n'assure n'avoir rien su avant sa nomination. Du côté de l'exécutif, on reconnaît cependant avoir eu connaissance de la plainte classée sans suite, avant son entrée au gouvernement.

Depuis la nomination vendredi dernier de Damien Abad au ministère des Solidarités, puis les révélations le lendemain de Mediapart dévoilant le témoignage de 2 femmes l'accusant de viol en 2010 et en 2011, les Républicains et Renaissance (ex-LaREM) se renvoient la balle. Le parquet a classé sans suite deux plaintes en 2012 et en 2017 de l'une des plaignantes.

Le nouvel Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique (créé en février par des initiatrices du collectif #MeTooPolitique) a de son côté procédé à un signalement auprès des LR et de la majorité présidentielle, avant son arrivée au gouvernement. BFMTV.com vous résume ce que savait le personnel politique de ces accusations.

La droite, pas surprise

Aurélien Pradié, le secrétaire général du parti, a beau assurer n'avoir reçu aucun signalement - "je ne consulte jamais cette boîte mail dans laquelle je reçois 2000 e-mails par semaine" -, il ne cache pas avoir eu connaissance du comportement supposé de Damien Abad. Le ministre a dirigé le groupe parlementaire des LR à partir de 2019 avant de se mettre en congé du parti, la veille de sa nomination au gouvernement.

Le numéro 2 du parti explique ainsi l'avoir questionné en 2020 à la suite de témoignages "de comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices", en évoquant des gestes déplacés et des propos intolérables" auprès de Mediapart.

"Il n’était pas du tout surpris, il s’est agacé en me disant qu’il en avait marre d’entendre parler de cela, donc je n’étais pas le premier à le faire. Il m’a dit que ce n’était pas vrai, et qu’il s’était excusé. Je lui ai dit : “Est-ce que ce n’est pas vrai ou est-ce que tu t’es excusé, parce que c’est pas la même chose ?” Et la discussion s’est arrêtée là", avance encore le député du Lot, en précisant avoir "toujours trouvé qu'il avait avec les femmes un comportement étrange, évoquant "des réflexions sur la tenue vestimentaire, des regards".

Christian Jacob, le patron des Républicains, reconnaît également l'avoir interrogé.

"Des rumeurs sur une plainte déposée contre lui avaient circulé en 2017, j'avais interrogé Damien Abad à cette époque. Il m'avait répondu que tout cela était faux et qu'il n'avait d'ailleurs jamais été convoqué par la justice", a expliqué Christian Jacob dans les colonnes du Point lundi. 876450610001_6306681907112

Preuve que la réputation de Damien Abad dépassait le cercle des députés, les propos de plusieurs cadres du parti mettent également en cause le député de l'Ain.

"C’était devenu une blague super récurrente de mimer l’handicapé qui attrape la fille de force", se souvient ainsi une membre du parti à l'époque de la campagne de François Fillon en 2017, alors que Damien Abad était alors son porte-parole, rapporte Libération.

"Je ne peux pas imaginer que Thierry Solère (actuellement conseiller politique d'Emmanuel Macron, longtemps élu sous les couleurs de la droite NDLR) qui était à fond dans la campagne Fillon, ne savait pas", avance encore cette élue des LR, auprès de nos confrères.

Castaner et Guérini affirment ne pas avoir été au courant

Le signalement adressé à Renaissance (ex-LaREM) par le nouvel Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique est resté sans réponse.

Christophe Castaner, le patron du groupe à l'Assemblée nationale indique "n'avoir rien reçu" et précise avoir informé le parquet après avoir lu l'article de Médiapart. Il a également appelé les victimes présumées "à porter plainte".

Même son de cloche de Stanislas Guérini, le secrétaire général du parti, également nommé au gouvernement ce vendredi. Il indique avoir eu connaissance du mail de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique samedi matin, après avoir été contacté par le site d'information en ligne.

L'exécutif avait eu connaissance de la première plainte

Interrogée dimanche lors d'un déplacement dans le Calvados ce dimanche, Élisabeth Borne, la Première ministre a déclaré avoir découvert samedi les accusations visant Damien Abad.

"Bien évidemment que je n'étais pas au courant. Je peux vous assurer que s'il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision", a avancé la locataire de Matignon au micro de BFMTV.

Changement de ton ce matin. Son cabinet tout comme celui d'Emmanuel Macron ont expliqué à BFMTV avoir eu connaissance de la plainte classée sans suite à deux reprises avant la nomination de Damien Abad, sans cependant connaître le détail de l'affaire et les faits reprochés au nouveau ministre des Solidarités.

L'entourage du chef de l'État et de la cheffe du gouvernement affirment également ne pas avoir eu connaissance du signalement de la seconde femme dont ils ont appris l'existence samedi dans Mediapart.

Le ministre s'est de son côté défendu lundi. "Un homme innocent doit-il démissionner? Je ne crois pas", a martelé l'ex-chef des députés LR, après s'être déjà défendu dans les colonnes du Progrès en contestant "les accusations à (son) encontre après la plus grande fermeté".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Jean-Michel Aphatie : "Damien Abad peut-il rester ministre ? La réponse est probablement non"