Rennes pique sa crise

Ben Arfa et Julien Stephan
Ben Arfa et Julien Stephan

Il y a 3 semaines à peine, Rennes chavirait de bonheur en remportant la Coupe de France. Bye bye la loose ! Rennes avait bien changé… Si les tensions internes existent depuis des mois, l’aventure du SRFC en Europa League puis le parcours gagnant en Coupe de France avaient calmé les ardeurs des protagonistes.

Incontestablement, depuis leur victoire, les joueurs rennais ont un peu décompressé, la qualification en Europa League acquise, ils ne mettent plus l’engagement et l’intensité nécessaires et ils devraient finir la saison dans la seconde partie du tableau de la L1. La saison avait été réussie dès le 27 avril au Stade de France.

Hatem Ben Arfa, déjà le sujet de réelles crispations dès cet hiver, a réveillé des âmes pas vraiment endormies. Dimanche, après un nul médiocre face au voisin guingampais, il s’est arrêté en zone mixte et a exprimé son insatisfaction quant à la qualité du jeu proposé. Rien de grave sauf que, malgré la demande de Julien Stephan dès dimanche soir et répétée plusieurs fois, Olivier Létang n’a pas bronché et a même refusé de publiquement stigmatiser le joueur.

Beaucoup à Rennes reprochent à Létang sa proximité voire sa complicité avec Hatem Ben Arfa. C’était déjà le cas de Sabri Lamouchi. Plusieurs fois, l’ex coach rennais n’avait pas accepté l’attitude du joueur et la complaisance de Létang à son sujet. Il était notamment arrivé très tardivement et hors de forme. Sa gestion et les interférences présidentielles - Hatem étant clairement le choix de Létang davantage que le souhait de Lamouchi qui voulait Khazri - avait fait de Ben Arfa un sujet de grande tension. A l’entrainement déjà, Hatem avait eu un accrochages avec des coéquipiers et également des membres du staff. Témoin des faits, le coach demande au board des sanctions contre Hatem. Létang refuse. Dans les jours suivants, Hatem refuse de saluer Lamouchi. Sabri Lamouchi n’est pas un novice dans le milieu et n’accepte pas l’attitude du joueur. Il demande une réunion au président : ce sera Lamouchi ou Ben Arfa. Quelques heures plus tard, Sabri Lamouchi est remplacé.

Julien Stephan nommé, parmi ses missions, il y a évidemment celle de parvenir à gérer le cas Ben Arfa et le mettre dans les meilleures conditions pour exprimer son potentiel. Dans cet exercice aussi périlleux que dangereux pour la vie de son groupe, le nouveau coach rennais parvient à obtenir une collaboration du joueur. Premier accroc : Hatem, fatigué au sortir d’un match de Coupe d’Europe et d’un long déplacement, annonce qu’il ne participera pas à une mise au vert. Julien Stephan en prend acte et indique au joueur qu’il ne jouera pas s’il n’est pas à la mise au vert. Malgré une intervention du président, la veille du match, le coach tient bon et maintient que lui sur le banc, il ne jouera pas.

Il existe un accord entre le président Létang et Stéphan : en cas de top 7, le coach, sous contrat jusqu’en 2020, serait prolongé et revalorisé. L’un des adjoints du coach rennais disposant encore d’un contrat école de football ! La Coupe de France gagnée, son travail salué, le coach rennais s’attendait à une prolongation qui n’est pas venue. La sortie d’Hatem dimanche dernier a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En exposant son mécontentement devant la presse, Julien Stephan a choisi d’exposer publiquement son insatisfaction. Il sait la côte qui est la sienne sur le marché des entraineurs à l’heure actuelle. Il n’aurait d’ailleurs que très peu apprécié que le président rappelle, lors de sa tournée des médias, qu’en championnat, le travail restait à faire. Il ne gouterait pas non plus le peu de poids que l’on accorde à ses demandes concernant le mercato.

Les positions se sont crispées. Le coach n’exclurait pas un départ si les relations ne se fluidifient pas.

Manu Lonjon