Le RN taxé de "courroie de transmission" du pouvoir russe, Le Pen dénonce un "procès politique"

Le RN rejette tout en bloc. Marine Le Pen a estimé que le rapport parlementaire de la commission d'enquête sur les ingérences étrangères, qui a fuité jeudi auprès de RMC, était "malhonnête et tout à fait politisé".

"Il n'y a rien, en fait", a assuré la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, dénonçant "un procès politique" lors d'une conférence de presse dans le Pas-de-Calais.

Des questions sur le prêt russe contracté par Marine Le Pen

Le rapport, rédigé par la députée Renaissance Constance Le Grip, insiste dans ses conclusions sur "l'alignement" du RN (alors appelé Front national) sur le "discours russe" au moment de "l'annexion illégale" de la Crimée en 2014, quelques mois après avoir négocié un prêt auprès d'une banque tchéco-russe.

Selon plusieurs membres de la commission d'enquête, le rapport qualifie le RN de "vecteur" d'éléments de langage pro-russes.

La présidente des députés RN a été auditionnée le 24 avril dernier par cet organe sur d'éventuelles contreparties politiques en échange d'un prêt russe contracté en 2014.

"Si cela m'avait engagé à quoi que ce soit, je n'aurais pas signé", s'était justifiée l'ex-candidate à la présidentielle.

Les habitants de la Crimée "profondément rattachés à la Russie"

Face aux refus de l’intégralité des banques françaises lors de la campagne des régionales en 2014, le mouvement avait dû passer par une banque privée russe afin de se faire prêter neuf millions d’euros.

La présidente des députés RN avait encore affirmé devant la commission d'enquête que les habitants de Crimée, russes depuis 2014 après une annexion et un référendum contesté, se sentaient "beaucoup plus profondément rattachés à la Russie qu'à l'Ukraine".

Ce rattachement, qualifié par Marine Le Pen de "libre, avait été fortement critiquée à l'époque sur la scène internationale. L'élue avait à la suite de ses propos été interdite de séjour à Kiev.

Un élu RN "effaré"

Cette commission d'enquête parlementaire "relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères" avait été lancée en décembre dernier à l'initiative du groupe RN à l'Assemblée, avec l'objectif d'être justement à l'offensive, et de se défendre face aux accusations de collusion entre le parti et Moscou.

Le prêt russe du Rassemblement national est au cœur des attaques portées par les adversaires de Marine Le Pen, en premier lieu Emmanuel Macron, qui avait estimé que la candidate d'extrême droite parlait "à (son) banquier quand elle parle de la Russie", lors du débat d'entre-deux tours de la présidentielle de 2022.

"Effaré" par les conclusions, un membre RN de cette commission a encore dénoncé un rapport "hors sujet qui ne traite pas des ingérences, mais de la politique internationale du Rassemblement national". Les élus du mouvement, dont le président de la commission Jean-Philippe Tanguy, ont voté contre le rapport, adopté par onze voix contre cinq, selon une source parlementaire.

Article original publié sur BFMTV.com