Roland-Garros: pourquoi la FFT se refuse à inviter Benoît Paire

Les relations orageuses entre la FFT et Benoît Paire ont pris une tournure inédite avec l’affaire de la divulgation des wild-cards au mérite avant la date fatidique. Les organisateurs ont pris le prétexte de l’absence de classement ATP le 15 mai prochain – parce que le Masters 1000 de Rome s’étire pour la première fois sur deux semaines – pour couper l’herbe sous le pied à Benoît Paire, deuxième derrière Hugo Gaston et potentiel bénéficiaire en cas de victoire au Challenger de Francavilla, en Italie.

Sur Twitter, l’Avignonnais a fait l’étonné. "On parle de classement Race au 15 mai! Le classement race est actualisé tous les jours donc il y aura bien un nouveau classement race au 15 mai", a-t-il indiqué. Sur ce point, il a raison. En déroulant son règlement intérieur de Destination Roland-Garros, la FFT signifiait bien le drapeau à damier au 15 mai.

Mais entre Gilles Moretton et Benoît Paire, c’est une relation proviseur-élève. Turbulent, l’Avignonnais l’est – il le reconnaît – et il avait déjà pris quelques coups de règle en avril 2021, le comité d’éthique avait été saisi pour son comportement au tournoi de Buenos Aires. Cette citation l’avait écarté de la sélection olympique.

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Devant la commission des litiges en février

Mais il y a eu un autre rappel à l’ordre. Plus récent. RMC Sport s’est procuré le procès-verbal d’un passage devant la commission fédérale des litiges le 16 février dernier. En visioconférence, Benoît Paire a dû s’expliquer sur son comportement vocal lors d’une rencontre au Challenger de Matsuyama, au Japon, le 8 novembre 2022. Opposé à l’Australien Dane Sweeny, Benoît Paire avait effectivement totalement dérapé. La bande son avait connu son petit succès sur les réseaux sociaux. Mais aussi déclenché l’ire du président Gilles Moretton.

Pendant la séance de visioconférence – le président était représenté par Jacky Terreau, vice-président délégué, décédé depuis - , le joueur français avait reconnu les faits, arguant ne pas être "bien dans sa tête et dans sa vie."

La commission a surtout insisté sur le fait que le joueur "a manqué au devoir d’exemplarité qui lui incombe et, sans aucun doute, porté atteinte à l’honneur, l’image, la réputation, et la notoriété de la FFT."

En conséquence, la commission avait prononcé la sanction "d’interdire temporairement à Benoît Paire de participer à des compétitions sportives par équipes organisées et homologuées par la FFT au titre de l’année sportive 2024." Décision communiquée à son club de la Villa Primrose Bordeaux.

Un préjudice financier pour Benoît Paire

Précisons que cette sanction ne l’empêche pas d’exercer son métier sur le circuit ATP. Compte tenu de ses antécédents, on comprend pourquoi la FFT a préféré anticiper la divulgation de cette fameuse wild-card au mérite. Envoyer un bristol d’invitation à un garçon aux antipodes des valeurs fédérales – pour ne pas dire "peu fréquentable" - aurait été considéré comme un camouflet.

Maintenant, l’affaire n’est peut-être pas terminée. Si Benoît Paire devance effectivement Hugo Gaston à ce classement "fantôme" lundi, il peut y avoir des suites à cette affaire. Le cas semble défendable d’autant que l’ATP publie désormais un classement Race actualisé…

Pour Benoît Paire, le préjudice serait financier. L’an passé, le battu du premier tour à Roland-Garros avait empoché 62 000 Euros et Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi, a indiqué, lors de la présentation des Internationaux de France 2023, que la grille du prize money serait à la hausse.

Article original publié sur RMC Sport