Roland-Garros: pourquoi la programmation de la night session féminine fait polémique

Roland-Garros: pourquoi la programmation de la night session féminine fait polémique

Il aura fallu attendre le début de la deuxième semaine de Roland-Garros pour voir une affiche féminine à l'honneur lors de la night session. Après six premières soirées proposant des affiches masculines - avec notamment Alcaraz, Djokovic, Zverev, Monfils -, un match féminin est mis à l'honneur dimanche soir, le huitième de finale entre Aryna Sabalenka et l'Américaine Sloane Stephens, finaliste de l'édition 2018 aujourd'hui 30e mondiale. Un petit évènement qui fait pourtant grincer des dents, notamment du côté des spectateurs.

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Plus de 200 places disponibles sur la billetterie

Beaucoup d'entre eux ont décidé de revendre leurs billets seulement quelques minutes après l'officialisation de la programmation, ce samedi en début d'après-midi. Si Amélie Mauresmo assure que "globalement tout a été racheté", plus de 200 places étaient encore disponibles ce dimanche à midi, notamment pour la catégorie 2 (110€, en orange) et la catégorie 1 (145€, en jaune), dans une enceinte qui peut accueillir 15.225 personnes.

Des prix qui peuvent freiner les amateurs de la balle jaune. Ces derniers craignent une rencontre rapidement expédiée entre Sabalenka, numéro 2 mondiale, et l'Américaine. Depuis le début du tournoi, la Biélorusse a été expéditive sur ses trois premiers matchs: 1h11 sur le premier tour face à Kostyuk, 1h27 le deuxième contre Shymanovich et 1h07 face à Rakhimova au troisième tour.

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L'organisation se défend

Pourtant, voir du tennis féminin en prime-time à Roland-Garros est extrêmement rare. Depuis l'instauration des night sessions en 2021, seules trois affiches féminines ont été choisies (Serena Williams-Begu et Swiatek-Kostyuk en 2021, Cornet-Ostapenko l’année passée). À quelques heures de la quatrième rencontre, la directrice du tournoi Amélie Mauresmo a tenté de noyer le poisson.

"Tout le monde compare notre session de soirée à celles des Etats-Unis et de l'Australie. On n'a qu'un match, on ne peut pas comparer. Ce qu'on voit dans la programmation, c'est quatre matchs. L'année dernière notamment, les conditions de jeu changeaient plus que ce qu'on souhaitait. Cette année, on a avancé (la night session) d'une demi-heure. Lors du match de Gael Monfils (face à Baez au premier tour), le premier set finit vers 21 heures. On est encore dans des conditions de jour, rappelle l'ancienne numéro un mondiale. On fait aussi attention à l'arrosage après la session de journée pour ne pas alourdir les conditions de jeu. C'est un créneau neuf pour nous. Il y a un vrai travail fait pour l'horaire et l'entretien du court. Le public parisien/francilien vient consommer comme au théâtre. Je ne crois pas qu'ils viennent au stade vers 18-19 heures. On ne voulait pas, comme les autres Grands Chelem, finir à 2-3 heures du matin et avoir cinq matchs sur le Chatrier."

Les joueuses partagées à l'idée de jouer en soirée

Mais les principales intéressées sont-elles vraiment emballées de jouer en soirée ? Iga Swiatek, qui postulait pour un match en soirée ce samedi, continue d'affirmer son attachement pour une session diurne. "Il y a des joueurs qui aiment bien l'énergie du soir, qui aiment jouer le soir en raison des conditions que cela offre, a-t-elle expliqué jeudi en conférence de presse. Moi, je préfère avoir un vrai rythme diurne et je l'ai perdu à Madrid. J'ai demandé tous les jours personnellement à jouer de jour. J'ai déjà joué en session nocturne pendant la saison de terre battue et je n'ai pas trop apprécié. Je ne regarde même pas les matchs le soir, en fait. J'essaie simplement de récupérer et de ne pas penser au tennis. Mais ce serait bien, bien sûr, d'avoir des matchs de nuit avec des femmes, mais je n'aide pas beaucoup à la cause."

Si Coco Gauff "est plutôt contente que les hommes les prennent", Ons Jabeur est ravie de voir le tennis féminin à l'honneur ce domanche. "Il était temps de mettre une night session féminine, a expliqué la Tunisienne après sa victoire contre Olga Danilovic samedi. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a eu que des matchs de mecs sur les premiers jours. J’ai rencontré beaucoup de gens qui jugent que nos matchs sont nuls alors qu’ils reconnaissent ensuite qu’ils n’ont jamais regardé de tennis féminin. Comment jugez-vous sans regarder ? Honnêtement, il est temps de changer ces mentalités, de donner une chance à ces femmes qui se battent tous les jours. On fait beaucoup de sacrifices que beaucoup d’hommes ne font pas sur le circuit. On doit programmer toute notre vie professionnelle. J’espère que le Central sera plein demain. Ce sera un match extraordinaire comme beaucoup le sont. Donnez leur chance à ces filles-là et à tout le sport féminin."

Article original publié sur RMC Sport