Roland-Garros: vaccination, Covid-19, Serbie... avant ses propos sur le Kosovo, Djokovic multipliait déjà les positions clivantes

Roland-Garros: vaccination, Covid-19, Serbie... avant ses propos sur le Kosovo, Djokovic multipliait déjà les positions clivantes

La première apparition de Novak Djokovic Porte d’Auteuil n’est pas passée inaperçue. S’il est facilement venu à bout de l’Américain Aleksandar Kovacevic (114e mondial) pour son entrée en lice à Roland-Garros lundi (6-3, 6-2, 7-6), le Serbe a fait beaucoup fait parler de lui au moment de quitter le court.

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"Le Kosovo est le cœur de la Serbie. Stop à la violence", a écrit l’actuel N°3 mondial au moment de la traditionnelle signature sur l’objectif de la caméra. Un message de paix… mais aussi très politique. Djokovic évoque en effet les tensions qui touchent le nord du Kosovo, ancienne province serbe, depuis son indépendance proclamée en 2008. Contrairement à la France et à l’ONU, la Serbie n’a toujours pas reconnu le pays et son armée a récemment annoncé rester "jusqu’à nouvel ordre" en "état d’alerte maximale" à la frontière, alors que des heurts ont éclaté dans plusieurs localités du Kosovo entre forces de l'ordre et populations serbes.

Par ces mots, le joueur considère donc que le Kosovo fait partie de la Serbie, une position considérée comme nationaliste. "Je ne suis pas un politicien et je n’ai pas l’intention d’entrer dans un débat politique, a assuré Djokovic mardi auprès de plusieurs médias serbes, au lendemain du début de cette polémique. Je me sens responsable, en tant que personnalité publique – quel que soit le domaine – d’apporter mon soutien. En particulier, en tant que fils d’un homme né au Kosovo, je ressens le besoin de leur apporter mon soutien, ainsi qu’à la Serbie."

Mardi, l’homme aux 22 titres en Grand Chelem a conclu sa prise de parole auprès des médias serbes en indiquant qu’il assumait totalement ses propos: "J’ai entendu dire qu’il y avait eu beaucoup d’objections sur les réseaux sociaux. Peut‐être que je serais sanctionné. Mais je ne me retiens pas et je le referais", a conclu Djokovic. Sur ce point, difficile de ne pas le croire. Depuis le début de sa carrière, l’ex N°1 mondial a multiplié les prises de position sur des sujets extra-sportifs, cultivant ainsi l'image d’un joueur clivant auprès du grand public. A la différence de Roger Federer ou Rafael Nadal, qui ont toujours pris le soin de ne jamais s’aventurer sur des sujets trop sensibles.

En janvier 2008, après sa première victoire en Grand Chelem à l'Open d'Australie, Djokovic, alors âgé de 20 ans, s’était déjà exprimé sur le Kosovo. "Le Kosovo est la Serbie", avait-il lancé, à une époque où le Kosovo était sur le point de proclamer son indépendance.

"Il y a un côté provocateur chez lui, indéniablement"

Djokovic n’a jamais eu peur d’exprimer des positions qui peuvent nuire à son image. Et l’épisode du Covid-19 en a été une nouvelle preuve. Opposé à la vaccination, il a été au cœur d’un énorme imbroglio en janvier 2022 au moment de disputer l’Open d’Australie. Sa position contre le vaccin anti-Covid lui a coûté cher, avec plusieurs jours de rétention et une expulsion hyper médiatisée d'Australie en janvier 2022. En refusant de se faire vacciner, le Serbe avait alors était perçu comme un complotiste par une partie de l’opinion. Là encore, il assumait pleinement.

"En me basant sur toutes les informations sur le vaccin, j'ai décidé de ne pas me faire vacciner. C'est ma position”, clamait-il dans les colonnes de L’Equipe en février 2022, un mois après l’épisode de l’Open d’Australie. En ce moment, je ne sens pas le fait que j'en ai besoin pour protéger mon corps et je n'ai pas l'impression que je suis une menace pour les autres. Mon corps, c'est mon outil, mon principal actif. En tant qu'athlète de haut niveau, j'ai besoin d'en prendre soin pour être compétitif et constant."

"Il a surtout des prises de position qui ne sont pas dans le ‘mainstream occidental’. Il y a un côté provocateur chez lui, indéniablement, décrypte pour l’AFP Lukas Macek, chercheur à l'Institut Jacques Delors (Paris). Son ‘Covid-Tour’ organisé en ex-Yougoslavie en pleine pandémie, qui a viré au cluster, illustre parfaitement ces aspérités."

Sa personnalité, probablement une énigme pour beaucoup, "semble lui couper les ponts d'une popularité à la hauteur de son talent", avait estimé il y a quelques années un directeur de tournoi. Mais, à 36 ans et comme le montre la polémique de ce premier tour à Roland-Garros, le principal intéressé ne semble pas décidé à dévier de sa ligne.

Article original publié sur RMC Sport