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Rousselot, le calvaire d'un président

Rousselot, le calvaire d'un président

L’AS Nancy-Lorraine se bat pour garder sa place en Ligue 1. Son président Jacques Rousselot y laisse son temps, son argent et son énergie. Mais existe-il une issue de secours ?

Jacques Rousselot incarne à l’excès ces présidents de clubs amateurs qui finissent toujours par être victimes de leur passion dévorante. Le football les rend fous d’amour pour leurs joueurs après une victoire inespérée, arrachée dans les arrêts de jeu. Au-delà de toute raison, ces chefs d’entreprise raisonnables sont capables de grimper sur une table de massage à l’issue d’une victoire et de tripler la prime de match au milieu d’opportunistes hilares. Puis, quelques matchs plus tard, ce même président sera capable de maudire les mêmes joueurs et de les qualifier de « petits cons », après une défaite.

Le week-end dernier, Jacques Rousselot a illustré cette folie douce qui gagne ces présidents à l’issue d’une insondable déception. Alors que Nancy menait (2-0), ses joueurs ont trouvé le moyen de perdre (2-3) face à Lorient, une lanterne aussi rouge que moribonde. A force de jouer avec le feu, Nancy va finir par replonger en Ligue 2 et mettre en péril tout un club aux faibles moyens. A bout d’arguments et non sans humour, les supporters des Lorrains ont même mis leur club sur leboncoin.fr : prix de départ 20 M d’euros.

Ces moqueries ne font sans doute pas rire Jacques Rousselot qui a mis sa vie dans ce club. Aujourd’hui, il est prêt à le vendre. Il faut se souvenir que l’ancien club de Michel Platini a failli être vendu à des Chinois aux finances fumeuses. A cette époque-là, M. Rousselot avait vécu l’ivresse de ces présidents qui croyaient avoir, enfin, trouvé un gogo pour racheter l’ASNL, et son cortège d’emmerdes en tous genres. Au Havre, à Marseille ou à Sedan, on a déjà connu ces feuilletons burlesques qui ne font rire aucun vrai supporter de foot.

Oui, le football peut rendre fou. Fou d’amour. Mais aussi fou tout court. Ce week-end, Jacques Rousselot a traversé toutes les émotions. Il se voyait président de la Fédération française de football avant de constater la « trahison » de ses amis qui ont finalement renouvelé leur confiance au roué Noël Le Graët. Le même jour, au stade Marcel-Picot, il a vu son équipe s’incliner dans les dernières minutes alors que la victoire était dans la poche. Comme les caméras de J+1 l’ont démontré, il a dû calmer la colère de Pablo Correa, son entraîneur, fatigué d’avoir une équipe de bras cassés et un gardien de but « en bois ». Cette colère saine des deux hommes fut un vrai moment de « football réalité ». Au moment où le football devient du business, Nancy et son président incarnent le crépuscule d’un monde qui disparaît et qui nous rend déjà nostalgiques d’une époque révolue.