Sénégal : le chef de l'opposition condamné à deux ans de prison ferme

Sénégal : le chef de l'opposition condamné à deux ans de prison ferme

Ousmane Sonko, le chef de l'opposition sénégalaise, est condamné à deux ans de prison : l'homme politique a été reconnu coupable de "corruption de la jeunesse", mais a été acquitté des accusations de viols et de menaces de mort dont il était visé.

Ousmane Sonko n'a pas assisté à son procès dans la capitale sénégalaise et a été jugé, de ce fait, par coutumace. Aucun mandat d'arrêt n'a encore été délivré à son encontre, d'après son avocat.

La "corruption de la jeunesse" dont l'opposant a été reconnu coupable désigne le fait de débaucher un jeune de moins de 21 ans. Il était en l'occurrence accusé d'avoir violé une femme, Adji Sarr, qui avait moins de 21 ans au moment des faits. Employée dans le salon de beauté où Ousmane Sonko se faisait masser, Adji Sarr et ses accusations, rendues publiques en 2021, ont secoué le Sénégal. Certains la soutiennent, quand d'autres, dont les défenseurs du prévenu, la jugent à la solde du pouvoir.

Une éligibilité compromise pour l'élection présidentielle 2024

En 2019, Ousmane Sonko était arrivé troisième à l'élection présidentielle, derrière Macky Sall (l'actuel président) et Idrissa Seck. Pour les partisans d'Ousmane Sonko, les affaires judiciaires dont il est le protagoniste seraient une manière, pour le parti de Macky Sall, de faire dérailler la candidature de l'opposant à l'élection présidentielle 2024.

Car dans le droit sénégalais, une condamnation comme celle dont Ousmane Sonko fait l'objet, empêche le candidat de se présenter à des élections. Son avocat, M. Cissé, a dénoncé le déroulement du procès, jugé injuste : "La condamnation pour corruption de la jeunesse entrave son éligibilité car il a été condamné par contumace, et nous ne pouvons donc pas faire appel". La course du candidat à la présidentielle s'avère menacée et le Sénégalais crie au complot.

Des heurts liés à la situation depuis février 2021

Car depuis deux ans, une bataille se joue entre le camp du président Macky Sall et celui d'Ousmane Sonko. En février 2021 était révélée l'affaire de viols présumés dont il vient d'être jugé et l'opposant politique s'est engagé dans un bras de fer avec le pouvoir. A cause de troubles liés à cette situation, une vingtaine de civils ont perdu la vie depuis 2021.

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Un policier anti-émeute passe devant une voiture en feu lors d'une manifestation sur le campus de l'université Cheikh Anta Diop à Dakar, au Sénégal, le jeudi 1er juin 2023. - Leo Correa/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.

Les défenseurs du candidat et les autorités sénégalaises se sont affrontés dans les rues de Dakar à de nombreuses reprises depuis l'annonce du procès. Des maisons de proches du camp présidentiel de Macky Sall ont été attaquées ce jeudi 1er juin par des opposants. Ousmane Sonko est accusé par son adversaire de se servir de la rue pour régler ses comptes.