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"Scènes de la vie au temps du Covid", la chronique de Teresa Cremisi

Une journée pluvieuse dans une grande ville ; des magasins fermés, des magasins vides. Soudain sur un trottoir mouillé une longue queue de personnes en parka. Tranquilles, masquées, déjà pâles et fatiguées. Il aurait pu s’agir d’un laboratoire de tests PCR, mais non : c’est un grand "store" de matériel informatique qui, en temps normaux, vend des téléphones, des ordinateurs, des accessoires en tout genre et prodigue de bons conseils dans un "espace atelier". Personne ne se lasse, personne ne s’en va, presque tout le monde a pris rendez-vous, des créneaux de quinze minutes par client. On avance très lentement.

Dans un sac blanc, j’ai mis la boîte design du smartphone acheté trois jours plus tôt, avec le reçu du paiement. J’essaie d’avoir l’air aussi calme que mes camarades en file indienne, mais j’ai hâte de me défouler sur le premier vendeur disponible du stress que j’ai accumulé. L’engin, le téléphone, je veux dire, ne sonne pas. Ah, inutile de me dire d’aller sur "réglages", d’aller sur "sonnerie", d’aller sur "notifications", d’éteindre et de rallumer. Ça je sais faire. La veille, j’ai d’ailleurs pratiquement tout essayé de manière compulsive et obsessionnelle. Après des manipulations multiples, le téléphone a consenti à émettre un son assourdi à peine audible.

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S’il y a une chose qui désoriente tout être humain, c’est l’utilisation de mots archi-connus pour dire des choses inconnues

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Tout le reste fonctionne, je peux lire Libération, re...


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