Sepp Blatter (1ère partie) : «Infantino n’a plus de limites»

Sepp Blatter (1ère partie) : «Infantino n’a plus de limites»

EXCLU YAHOO SPORT - Auteur de « Ma vérité » (éditions Héloïse d’Ormesson), l’ex-Président de la FIFA s’est confié en exclusivité. «Ah Yahoo, j’aime bien», observe-t-il d’entrée avant d’aborder tous les thèmes de l’actualité chaude, et notamment l’abandon du Mondial à 48 pour le Mondial 2022. Infantino, la prochaine élection à la FIFA, sa relation avec Platini, Sarkozy, le Suisse ne mâche pas ses mots. Entretien sans langue de bois.

L’abandon du projet de Coupe du Monde à 48 pour 2022 a été acté. A quel point est-ce un camouflet pour Infantino ?

Sepp Blatter : A un moment donné, il faut respecter les décisions prises par la FIFA à une certaine époque, et les conditions d’attribution des 2 Coupes du monde (2018 et 2022) faîtes le même jour, avec les partenaires économiques notamment. On a vu que le Mondial 2018 à 32 équipes s’était bien déroulé. Financièrement, cela a été un grand succès. Après sur le plan footballistique, ça n’a pas été une très grande Coupe du Monde.

Vous trouvez que la France n’est pas un beau vainqueur ?

S. B. : Le succès des Bleus est mérité, et l’équipe de France a démontré dès le début son potentiel. Elle le mérite. En fait, on a surtout vu beaucoup d’équipes qui n’avaient pas le niveau. Cette édition n’a pas été marquée par des individualités, comme ça a pu être le cas par le passé, avec une équipe qui a fait florès jusqu’au bout.

Et la vidéo, qu’en avez-vous pensé ?

S. B. : L’installation de la VAR n’a pas apporté la valeur qu’on voulait bien lui attribuer. Il y a eu trop de discussions sur le terrain, et trop de phases de jeu découpées par les demandes d’aide à la vidéo.

Mais revenons-en à la Coupe du Monde à 48 pour 2022… Comment expliquer que le passage en force d’Infantino n’ait pas fonctionné ?

S. B. : A la base, pour 2022, il avait dit que cela se ferait à 32 équipes, puis il a changé d’idée, en cherchant à tout modifier, avec de nouvelles compétitions : une grande Coupe du Monde des clubs, une mini-Coupe du Monde (avec huit sélections tous les deux ans, en plus du Mondial traditionnel), et donc une Coupe du Monde à 48 au Qatar.

Que s’est-il passé pour qu’Infantino fasse machine arrière ? Le blocage du Qatar est-il lié au fait qu’il ne voulait pas partager sa compétition avec d’autres pays du Moyen-Orient ?

S. B. : Ce n’est pas le rôle de la FIFA d’intervenir dans une situation politique compliquée au Moyen-Orient. Quand on sait qu’aujourd’hui, le Qatar est isolé, Infantino a fait de la politique pure avec son Mondial à 48, et il a dû s’en rendre compte. A l’arrivée, ce n’est pas une surprise qu’il revienne à la case départ.

Cette affaire de la Coupe du Monde à 48 et tous ces jeux de pouvoir donnent l’impression qu’Infantino souhaite obtenir le Nobel de la paix ? Comme vous à une certaine époque…

S. B. : Si quelqu’un méritait le Nobel, ce n’est pas une personne, mais la FIFA concernant le développement du football dans le monde. Son intervention politique est déplacée. Il n’a plus de limites, et ce n’est pas sûr que cela s’arrête là.

La suite de l’interview de l’ex-Président de la FIFA à venir très rapidement…

Propos recueillis par Antoine GRYNBAUM