“Pour une société véritablement démocratique” : trois intellectuels sénégalais interpellent Macky Sall

Il convient, tout d’abord, de nous incliner devant nos morts et d’avoir une pensée pour leurs proches endeuillés. Ils sont une vingtaine [16, selon les chiffres officiels], à l’heure où nous écrivons cette tribune, à avoir déjà perdu la vie. Ce décompte lugubre pourrait croître dans les jours qui suivent.

Les événements en cours exigent de chacun qu’il prenne ses responsabilités. Nous affirmons que la situation que vit actuellement notre pays résulte de la dérive autoritaire du président Macky Sall.

En 2012 [Macky Sall, jusqu’alors Premier ministre du président Abdoulaye Wade, était élu pour la première fois], notre confiance l’a placé à la tête de l’État sénégalais. Mais mû par son désir de se maintenir à tout prix au pouvoir, il s’est promis de “réduire l’opposition à sa plus simple expression”.

Cette inquiétante banalité

Le président Macky Sall a ainsi semé les graines de la discorde et de la violence dans notre pays. Sa responsabilité devant le peuple sénégalais est sans appel. L’histoire retiendra que c’est lui qui nous a entraînés dans cette crise politique sans précédent, fragilisé notre tissu social et affaissé nos Institutions.

Il a de surcroît imprudemment libéré les monstres qui sommeillent en chaque groupe humain et qu’il convient de toujours brider par une pratique de la justice, de l’égalité des citoyen·ne·s et de la paix sociale.

Si nous en sommes arrivés là, c’est parce que nous, le peuple sénégalais, n’avons pas assez réagi quand le régime en place s’est mis à traquer les militants et les cadres de Pastef [Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, fondé en 2014 par Ousmane Sonko et membre de la principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, “libérez le peuple” en wolof] en plus, bien évidemment, de son leader, Ousmane Sonko.

Il y a pourtant eu des signes avant-coureurs – que nous n’avons hélas pas su décrypter – de cette campagne de répression systématique et sans précédent au Sénégal.

Depuis quelque temps, en effet, tous ceux qui osent élever la voix contre une troisième candidature du président sortant [si Macky Sall ne s’est pas encore officiellement déclaré, il a toutefois estimé que sur le plan juridique rien ne l’empêcherait de briguer un troisième mandat*] en font immédiatement les frais. Peu à peu, les interdictions de marches pacifiques sont devenues la règle ; les arrestations et emprisonnements arbitraires se sont multipliés.

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