Solari, le changement dans la continuité au Real Madrid


Julen Lopetegui viré, Santiago Solari a pris les rênes du Real Madrid. Portrait d’un historique de la Maison Blanche, passé de joueur de l’ombre à entraîneur sous les projecteurs.

Relancer Gareth Bale, une mission pour Santiago Solari (AFP)
Relancer Gareth Bale, une mission pour Santiago Solari (AFP)

126 jours, six victoires, deux nuls et six défaites, dont une cinglante manita collée par le Barca pour terminer (5-1) : voilà pour le bilan chiffré du passage de Julen Lopetegui sur le banc du Real Madrid. Moins de cinq mois après avoir mis la Roja dans un pétrin pas possible suite à son éviction à deux jours de l’ouverture de la Coupe du Monde, le Basque conclut ainsi tristement une séquence surréaliste qui fera date dans l’histoire du football espagnol. Adios Lopetegui donc, bienvenido Solari au chevet de la Maison Blanche. Avec l’Argentin, Florentino Pérez fait le choix (provisoire ?) de la stabilité. Portrait d’un homme profondément merengue.

Le syndicaliste des Galactiques

Une Ligue des Champions en 2002, une coupe Intercontinentale et une Supercoupe d’Europe la même saison, deux Liga en 2001 et 2003 : le palmarès de Santiago Solari sous le maillot blanc est éloquent. Car s’il ne fait assurément pas partie des premiers cités lorsqu’on évoque la période Galactiques du Real, il a bien été le coéquipier de Zidane et compagnie au début du XXIe siècle. Cinq saisons à Valdebebas entre 2000 et 2005, dont quatre aux côtés de Zizou, 208 matchs joués, le milieu de terrain a été un homme important du vestiaire madrilène à défaut d’être incontournable sur le terrain. Souvent cantonné au banc, Solari était en revanche précieux dans les relations entre dirigeants et joueurs. Un rôle duquel il a tiré un surnom : le syndicaliste.

Après une fin de carrière à (peu) jouer du côté de l’Inter Milan, de San Lorenzo ou de Peñarol, Santiago Solari fait son retour dans l’ombre du Santiago-Bernabéu. Loin des projecteurs du stade, il prend plutôt en charge les jeunes, des U15 aux U19, avant d’atterrir sur le banc de la réserve en 2016. La Castilla doit alors remplacer son coach : un certain ZZ, parti gagner trois Ligue des Champions avec les grands après l’éviction de Rafael Benítez. Aujourd’hui, malgré des résultats moyens avec la réserve, voilà Santiago Solari (42 ans depuis le 7 octobre) sur les traces de son très glorieux prédécesseur. De là à connaître la même réussite ? « On te le souhaite en tout cas », pourrait l’encourager Laurent Paganelli.

Un mois pour relancer ses nominés au Ballon d’or

Ses atouts ? En premier lieu une parfaite connaissance des arcanes et du vestiaire du Real Madrid. Important dans l’optique de remobiliser les troupes, lorsqu’on observe le niveau de jeu plus que discutable des joueurs cadres depuis le début de saison – un état de fait que Lopetegui a fini par payer. Il pourrait également intégrer les jeunes pousses qu’il entraînait jusqu’à hier (on pense notamment à Vinícius Júnior, ce Brésilien de 18 ans acheté pour 45 millions d’euros à Flamengo) afin de titiller les titulaires. Quand à son approche tactique, si on sait l’Argentin adepte d’un football de possession et plutôt tenant du 4-3-3, on ne peut qu’attendre de le voir à l’oeuvre avec les grands pour se faire une idée plus précise. Car comme les joueurs, les promesses affichées avec les jeunes ne sont pas toujours tenues au plus haut niveau.

Reste une question fondamentale : aura-t-il le temps ? Dans son communiqué officiel, après avoir indiqué vouloir « changer la dynamique dans laquelle se trouve l’équipe première (…) qui compte 8 joueurs nominés pour le prochain Ballon d’or », le club madrilène a précisé un remplacement provisoire par Solari. Dans les coulisses, le nom d’Antonio Conte revient avec insistance. Mais des négociations serrées et les rapports conflictuels que peut entretenir le bouillant italien avec joueurs et dirigeants ralentiraient le processus. En attendant l’issue de ce dossier, Santiago Solari sera donc le boss de la Maison Blanche. Avec un programme abordable pour l’actuel neuvième de Liga : match à Melilla (D3 espagnole) en Coupe du Roi, réception de Valladolid en Liga, puis trois déplacements de rang à Plzen, Vigo et Eibar avant le choc au Stadio Olimpico de l’AS Roma, dans un mois. Santiago Solari sera-t-il toujours l’entraîneur en chef ? Les paris sont ouverts.