Sécheresse: comment le Nord de la France a perdu les bénéfices d'un printemps pluvieux en 3 semaines

Sécheresse: comment le Nord de la France a perdu les bénéfices d'un printemps pluvieux en 3 semaines

Après un hiver, et notamment un mois de février trop peu pluvieux, le printemps était la dernière chance de l'Hexagone afin de recharger les nappes souterraines. Son bilan est mitigé: ce lundi 5 juin, 64 départements avaient des nappes phréatiques affichant un niveau bas (dont 14 très bas), selon les données du site info-secheresse.fr.

À cette sécheresse hydrologique s'ajoute une situation que l'agro-météorologue Serge Zaka qualifie de sécheresse agricole (un déficit en eau des sols superficiels qui altère le bon développement de la végétation, selon Météo-France). En moins d'un mois, dans le Nord notamment, "tout le capital d'eau accumulé en mars-avril a déjà disparu", déplore Serge Zaka.

Des orages dans le Sud, du soleil dans le Nord

Mi-mai, Météo-France affirmait sur son site que "sur le pourtour méditerranéen, la sécheresse des sols" était "exceptionnelle, comparable à une situation normale de la fin juin".

Depuis, la région a connu d'importants orages, dont "la répétition a permis d'absorber de l'eau sur la partie supérieure de la zone méditerranéenne", affirme à BFMTV.com Serge Zaka. Mais dans des départements comme les Pyrénées-Orientales, l'Aude ou l'Hérault, "on partait de tellement loin que ça n'a suffit", selon le chercheur.

Pour la moitié nord toutefois, les précipitations de mars et d’avril avaient "engendré des épisodes de recharge des nappes" et les pluies avaient "amélioré l’humidité des sols, réduisant les besoins d’irrigation de l’agriculture", soulignait Météo-France sur son site.

Depuis une vingtaine de jours, le temps est très ensoleillé et sec dans le Nord. Ce lundi, Paris n'avait par exemple pas vu la pluie depuis 21 jours, une première pour les mois de mai et juin depuis 1949, a affirmé le météorologue de Météo-France François Jobard sur Twitter. Ce temps a été accompagné par un vent sec de nord, qui est un facteur de sécheresse agricole. En effet, le vent favorise l'évapotranspiration (le transfert d'eau du sol vers l'atmosphère).

La situation peut rapidement changer

"Un indice d'humidité bas, un vent continu, un ensoleillement maximal et pas de pluie: tous ces éléments se conjuguent sur une courte période" et entraînent une évapotranspiration rapide des végétaux, explique à BFMTV.com Serge Zaka.

Ces derniers doivent donc pomper de l'eau dans le sol pour se réhydrater, ce qui aggrave la sécheresse. Serge Zaka qualifie cet épisode de "sécheresse éclair" en raison de son aspect soudain et rapide. Météo-France indique à BFMTV.com ne pas employer ce terme pour ne pas porter à confusion. Les épisodes de sécheresse sont rendus plus probables, intenses et longs par le réchauffement climatique, selon le ministère de la Transition écologique.

Le prévisionniste François Jobard a estimé jeudi sur Twitter que la moitié Nord est "en train de perdre les bénéfices d'un printemps pluvieux". "Mais la situation peut très bien se renverser mi-juin", a-t-il ajouté. Météo-France prévoit un "changement de temps" d'ici la fin de la semaine, avec des orages dans le Nord notamment.

Même son de cloche chez Serge Zaka, qui espère une "pluie continue et faible pour rattraper le coup". Il estime aussi qu'il est trop tôt pour se prononcer sur un éventuel impact de cette sécheresse des sols sur l'agriculture.

Article original publié sur BFMTV.com