« La souveraineté numérique est morte... Vive la résilience ! »

L'Europe, qui a joué un rôle énorme dans le développement d'Internet, est toutefois menacée par la militarisation croissante du réseau. (Photo d'illustration)  - Credit:YANN SCHREIBER / AFP
L'Europe, qui a joué un rôle énorme dans le développement d'Internet, est toutefois menacée par la militarisation croissante du réseau. (Photo d'illustration) - Credit:YANN SCHREIBER / AFP

Nous avions dix ans pour construire la souveraineté numérique de la France et la préparer au monde de demain, celui de la fragmentation et de la militarisation de l'Internet. Un monde où la déglobalisation compliquera l'accès aux composants technologiques nécessaires pour faire fonctionner le pays. Un monde où accepter la protection des États-Unis dans le domaine numérique nous obligerait, faute de véritable infrastructure indépendante, à ne faire que de mauvais choix économiques et politiques à l'image du deal « Données personnelles contre Gaz » initié l'année dernière par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Il nous reste dix ans pour mettre en place la résilience numérique de l'Europe, colonne vertébrale de nos échanges commerciaux ainsi que de notre vie citoyenne et culturelle.

La souveraineté numérique est un combat légitime, mais déjà dépassé par la situation géopolitique actuelle. Après la création d'un réseau mondial, puis son accaparation par quelques acteurs, nous entrons dans le troisième acte de l'histoire de l'Internet, marqué par un risque de fragmentation et d'instabilité. L'Internet ouvert, qui aura été pendant trente ans une source extraordinaire de croissance économique, laisse place à un réseau balkanisé et militarisé auquel nous ne sommes pas préparés. Nous avions pourtant une décennie pour faire de l'Europe et de la France le phare de l'Internet où il fait bon vivre. Mais au lieu de soutenir cette « troisième voie numér [...] Lire la suite