Suicide de Lindsay : « On a été lâchés », dénonce la mère de l’adolescente

La mère et le beau-père de Lindsay, lors de la conférence de presse organisée par la famille de l’adolescente pour témoigner des nombreux manquements du collège, de la police et de l’Académie après le suicide de la jeune fille.
La mère et le beau-père de Lindsay, lors de la conférence de presse organisée par la famille de l’adolescente pour témoigner des nombreux manquements du collège, de la police et de l’Académie après le suicide de la jeune fille.

FAITS DIVERS - « Elle était vraiment en détresse, personne ne l’a aidée ». Le 12 mai dernier, le suicide de Lindsay, une adolescente de 13 ans victime de harcèlement scolaire avait conduit à la mise en examen de quatre mineurs et d’une personne majeure. Ce jeudi 1er juin, les parents de la jeune fille, élève de 4e, ont décidé de prendre la parole après ce nouveau drame en milieu scolaire pour dénoncer de trop nombreux dysfonctionnements.

« J’ai tout essayé, j’ai tout fait et on n’a pas été aidé, on a été lâché complètement. Aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après », a dénoncé la mère de Lindsay, Betty, indiquant que la famille n’avait reçu « aucun courrier de qui que ce soit ».

« Lindsay était au collège et elle demandait de l’aide au directeur, qui lui a clairement dit : ’tu m’embêtes avec tes bêtises, ça reste entre vous, on a autre chose à faire’ », a-t-elle ensuite raconté avant de fondre en larmes.

Quatre plaintes déposées

Des dysfonctionnements qui ont donc conduit la famille à déposer plusieurs plaintes, comme l’a précisé Me Pierre Debuisson, avocat de la famille : « Nous avons décidé de déposer plainte contre ceux qui connaissaient la détresse de Lindsay et qui n’ont rien fait », sachant que plusieurs alertes avaient été faites au sein de l’établissement. Comme seule réponse, le directeur du collège avait conseillé à la mère de l’adolescente de lui retirer son téléphone portable. Deux plaintes avaient également été déposées par la famille.

Parmi les personnes et entités visées par ces plaintes, l’avocat a listé le directeur de l’établissement, l’académie de Lille, Facebook France, Instagram France et les policiers que Lindsay avait rencontrés pour dénoncer le harcèlement qu’elle subissait.

Des plaintes déposées « pour non-assistance à personne en péril », a-t-il précisé après avoir lu une lettre écrite par la jeune fille « de nombreux mois » avant de passer à l’acte. « Je n’en peux plus et j’ai envie d’en finir », écrivait alors la jeune fille dans ce courrier.

« Cette famille a été abandonnée avant le décès de Lindsay et après », a-t-il dénoncé ensuite en soulignant le rôle majeur des réseaux sociaux qui ont « amplifié et relayé le harcèlement ».

D’autres parents d’élèves amies de la jeune fille scolarisées au collège Bracke-Desrousseau de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) avaient auparavant témoigné du harcèlement également subi par leurs enfants.

« Le harcèlement continue sur sa mémoire (…) et sur sa meilleure amie » ont également dénoncé les proches de Lindsay, alors qu’un compte Instagram ouvert peu de temps après son décès continue de proférer des messages haineux.

Une enquête administrative demandée par le ministre

La veille de cette prise de parole, le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye a adressé ses « pensées à Lindsay et ses proches » sur les réseaux sociaux, soulignant le fait que « des attaques ignobles se poursuivent sur les réseaux sociaux ».

« En complément des poursuites pénales déjà engagées, j’ai saisi l’Inspection générale d’une enquête administrative », a également fait savoir le ministre dans ce tweet.

Durant plusieurs mois, Lindsay avait subi un harcèlement sévère à base d’« insultes, menaces, moqueries, tags abominables ».

Sur TF1, le beau-père de l’adolescente avait d’ailleurs témoigné de ce quotidien particulièrement difficile. « Avec le recul, on comprend une chose, c’est qu’elle était vraiment à bout. C’était au sein du collège et après ça se gangrenait à la maison. Ça venait devant la maison, des insultes au bord de la rue. C’était un engrenage tout le temps jour et nuit », avait-il raconté.

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