Le Syndicat de la magistrature ne considère plus Éric Dupond-Moretti comme un "interlocuteur"

Eric Dupond-Moretti le 24 septembre 2020 à Pontoise - Alain JOCARD © 2019 AFP
Eric Dupond-Moretti le 24 septembre 2020 à Pontoise - Alain JOCARD © 2019 AFP

Alors que le Syndicat de la magistrature doit se réunir avec la conseillère justice d'Emmanuel Macron, Hélène Davo, ce mercredi matin à l'Élysée, la secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature Sarah Massoud a déclaré sur franceinfo qu'elle ne considérait plus que le ministre de la Justice comme "(leur) interlocuteur".

"Il n'est plus du tout crédible en qualité de garde des Sceaux. Et désormais, vous avez les deux plus hauts magistrats de France qui le disent", a tancé la magistrate ce mercredi matin, en référence à une tribune publiée mardi dans Le Monde par la première présidente de la Cour de cassation Chantal Arens et François Molins, le procureur général près la juridiction suprême de l'ordre judiciaire.

"L'indépendance de la justice est attaquée"

Un texte qui fait état de l'inquiétude des magistrats, notamment depuis la décision prise par Éric Dupond-Moretti de saisir l'Inspection générale de la justice d'une enquête administrative à l'encontre de trois magistrats du parquet national financier, qui avaient mené une procédure ayant trait avec l'ancien ténor des assises.

"Éric Dupond-Moretti est dans une situation de conflit d'intérêts, c'est-à-dire qu'il est à la fois juge et partie dans une affaire des plus importantes. Et aujourd'hui, il y a véritablement une tentative de déstabilisation d'une institution qu'est le parquet national financier, mais aussi l'institution judiciaire, plus généralement. Donc, véritablement, nous sommes très inquiets", a déclaré Sarah Massoud. "L'indépendance de la justice est attaquée", a-t-elle ajouté.

Inquiétude des magistrats

Lundi, les magistrats de plusieurs tribunaux ont appelé Emmanuel Macron à "agir" afin de faire respecter "l'indépendance de l'autorité judiciaire", qu'ils estiment mise à mal par l'ouverture de l'enquête administrative à l'initiative d'Éric Dupond-Moretti.

Les magistrats du tribunal judiciaire de Paris, dans le cadre d'une motion adoptée en assemblée générale extraordinaire que l'AFP a pu consulter, ont dénoncé une "manoeuvre de déstabilisation et d'intimidation de l'institution judiciaire" de la part du ministre de la Justice.

Des motions similaires ont été adoptées lundi dans plusieurs tribunaux, dont Metz et Nantes, faisant écho à des démarches semblables engagées ces derniers jours à Marseille, Mulhouse, Grenoble, Clermont-Ferrand ou Agen, selon l'Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM), rapporte l'AFP.

Article original publié sur BFMTV.com