Témoignage. “À New York, j'ai été volontaire contre le Covid-19”

Doctorante en neurosciences à New York, Noëlie Cayla s’est portée volontaire dans le Bronx, où la pandémie a été particulièrement virulente, pour aider les soignants placés en première ligne. Récit.

Depuis deux ans, je vis à New York, dans le Bronx, sur le campus de l’Albert Einstein College of Medicine, un centre de recherche en médecine qui forme avec le Montefiore Medical Center l’un des plus importants complexes hospitaliers de la ville. Chaque matin, au plus fort de la crise du Covid, je quittais le bâtiment où je suis logée avec les autres étudiants en doctorat pour rejoindre le laboratoire où je travaille dans le bâtiment de l’université dédié aux neurosciences. Et chaque matin, je passais devant la morgue de l’hôpital. Pendant des semaines, j’ai pu évaluer au jour le jour, d’après le nombre de fourgons réfrigérés stationnés devant l’entrée de la morgue, l’intensité de l’épidémie qui sévissait dans le Bronx.

En France, on a surtout parlé de ce qui se passait à Manhattan et à Brooklyn. On vous a montré Times Square vide… Mais personne n’est mort du Covid à Times Square et New York ne se résume pas à Times Square et aux deux ponts de Brooklyn ! Même un journal comme le New York Times évite de parler du Bronx et du Queens, les quartiers pauvres de New York… Pourtant, pendant le pic de l’épidémie, il y a eu bien plus de personnes contaminées dans le Bronx et le Queens qu’à Manhattan.

“Cette pandémie a réalisé mon pire cauchemar depuis que je vis aux États-Unis”

Je ne suis pas médecin. Mon travail, c’est la recherche en neurosciences. L’infectiologie ou la virologie ne font pas partie de mes spécialités et je n’étais pas mieux armée que n’importe qui pour prévoir cette pandémie. En revanche, j’avais depuis longtemps l’angoisse de rester un jour bloquée aux États-Unis, loin des miens, de ne pas pouvoir rentrer en France pour une raison ou pour une autre. Mais je n’avais pas pensé à un virus. J’avais plutôt le fantasme d’une dispute entre Macron et Trump qui pourrait provoquer, qui sait ? la fermeture des frontières. Et c’est mon pire cauchemar qui a fini par se réaliser, mais d’une façon

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