Yahoo Actualités Tennis : Les 10 plus beaux matchs de l’année
De janvier et la victoire du phénix Federer à l’Open d’Australie à décembre et celle de l’équipe de France en Coupe Davis, 2017 aura été riche en émotions dans le tennis masculin. Mais quels ont été les plus beaux matchs de cette année ? En fonction du contexte, de la dramaturgie et bien sûr de la qualité du jeu, voici un top 10 de ces rencontres mémorables :
10. Finale de Doha, le 6 janvier 2017, Djokovic bat Murray : 6-3, 5-7, 6-4
Un match en trompe l’oeil. L’année vient à peine de débuter et Andy Murray, tout nouveau numéro 1 mondial, défie celui qu’il a dépossédé du trône, Novak Djokovic. Le Serbe, revanchard, s’impose au terme d’un duel épique qui en laisse présager bien d’autres au cours des mois à venir. On ne le sait pas encore mais, pour les deux joueurs, c’est déjà le chant du cygne.
9. 16e tour de Wimbledon, le 10 juillet 2017, Muller bat Nadal : 6-3, 6-4, 3-6, 4-6, 15-13
Voir Nadal s’incliner sur gazon, une surface qui fait souffrir ses genoux, n’est pas en soit une énorme surprise, même si l’Espagnol a débarqué à Wimbledon bardé de confiance et d’un dixième titre à Roland Garros. Ce qui est surprenant c’est le niveau de jeu déployé par Gilles Müller ce jour-là. Le Luxembourgeois, qui avait déjà réussi l’exploit de battre Nadal à Wimbledon en 2005, est tout simplement injouable lors des deux premiers sets. Mais le Majorquin se rebiffe et force une cinquième manche. Celle-ci sera irrespirable et durera plus de deux heures mais c’est bien Müller qui arrachera la victoire après un bras de fer héroïque (15-13).
8. 1er tour du Masters 1000 de Pékin, le 3 octobre 2017, Nadal bat Pouille : 4-6, 7-6(6), 7-5
Ce n’est qu’un premier tour mais, au vu de l’intensité et de la qualité des échanges, ceux qui y ont assisté ne sont pas près d’oublier ce match. Face à celui qui est redevenu N°1 mondial, Lucas Pouille joue crânement sa chance et lâche tous ses coups. L’Espagnol, qui en perd même une chaussure lors d’un long rallye de fond de court, ne doit son salut qu’à un changement de tactique. Se ruant au filet, il arrache la victoire de justesse mais le Français, qui a raté deux balles de match, a prouvé, s’il en était besoin, qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs.
7. 3e tour du Masters 1000 de Madrid, le 11 mai 2017, Thiem bat Dimitrov, : 4-6, 6-4, 7-6(9)
Un duel entre deux «Next Gen» au sommet de leur art. A la pureté du tennis de Grigor Dimitrov, Dominic Thiem oppose la violence de ses coups, et particulièrement de son revers, l’un des plus dévastateurs du circuit. Après 2h34 d’un combat intense, c’est l’Autrichien qui lève les bras, non sans avoir sauvé 5 balles de match. Une statistique résume à elle seule l’âpreté de l’affrontement : Thiem a remporté 112 points, contre 111 à Dimitrov. Beau joueur Thiem déclarera après le match : «Ce qui est dommage avec le tennis dans ces cas-là c’est qu’il n’y a qu’un seul vainqueur».
6. 2e tour du Masters 1000 de Montreal, 9 août 2017, Monfils bat Nishikori : 6-7(4), 7-5, 7-6(6)
Plus qu’un match de tennis, un véritable show. Gaël Monfils, en pleine possession de ses moyens physiques, trouve un terrain de jeu idéal à Montréal. Porté par le public francophone, le Parisien met le feu aux quatre coins du terrain en tenant, et réussissant, des coups ahurissants. En face, Kei Nishikori ne s’en laisse pas compter et son jeu de contre s’accommode à merveille de la puissance du Tricolore. Résultat ? Des échanges dignes d’une console de jeu et une victoire finale pour «La Monf’», qui sauve quatre balles de match dans le dernier tie-break. La standing ovation du public à la sortie des deux hommes suffisait à résumer la qualité du spectacle…
5. Demi-finale du Masters 1000 de Miami – 31 mars 2017, Federer bat Kyrgios : 7-6(9), 6-7(9), 7-6(5)
Durant ce match Roger Federer a sauvé des balles de set, Nick Kyrgios a écarté des balles de match mais c’est bien le Suisse qui, au final, finit par l’emporter. Le plus expérimenté des deux joueurs a néanmoins dû puiser des trésors d’énergie pour venir à bout de l’impétueux Australien. Le contraste entre le classicisme absolu de Federer et le côté déjanté de Kyrgios se retrouve dans le comportement des deux hommes mais aussi dans leur jeu. Le Bâlois, en état de grâce depuis sa victoire à Melbourne, cisèle ses coups quand son jeune adversaire les martèle avec violence. Et surtout, il ne lâche rien mentalement, sa traditionnelle faiblesse. Ce qui ne l’empêchera pas de perdre, mais avec quels honneurs !
4. Demi-finale de Roland Garros, le 9 juin 2017, Wawrinka bat Murray : 6-7(6), 6-3, 5-7, 7-6(3), 6-1
Cette demi-finale entre deux champions arrivés Porte d’Auteuil en manque total de confiance mais qui sont montés crescendo au fil des tours est somptueuse de bout en bout. Là encore l’opposition de style y est pour beaucoup. Wawrinka assène ses puissantes frappes de fond de court dans toutes les positions et tous les angles possibles quand Murray multiplie les changements de rythme et distille des amorties imprévisibles. Il n’aura manqué qu’une dernière manche plus disputée pour faire rentrer ce match un peu plus dans la légende. Plus costaud physiquement, le Suisse se détache irrémédiablement lors de ce set à sens unique qu’il conclut, comme un symbole, d’un revers gagnant.
3. 1/16e de finale de l’US Open, le 4 septembre 2017, Del Potro bat Thiem : 1-6, 2-6, 6-1, 7-6(1), 6-4
L’histoire de Juan Martin Del Potro est celle d’une résurrection perpétuelle. Plusieurs fois condamné par les blessures, notamment aux poignets, l’Argentin a fait preuve d’une vaillance exceptionnelle pour combattre la douleur et ses doutes. A New York, soutenu par un public latino en feu, Del Potro prouve une nouvelle fois qu’il n’est pas fini. Diminué par un état grippal, JMDP apparaît léthargique et ne peut rien faire pour endiguer la fougue de Thiem. Puis, après avoir concédé les deux premières manches, «La Tour de Tandil» commence à se redresser. «J’ai vu la foule qui attendait plus de tennis, qui voulait que je frappe mes coups droits, mes services… Je me suis nourri de cette énergie pour changer d’attitude et commencer à me battre plutôt que de penser à abandonner». Dès lors, Del Potro oublie la fatigue et la fièvre et déchaîne son fabuleux coup droit pour se hisser en quart de finale au son des «Ole» d’une foule en furie!
2. Demi-finale de l’Open d’Australie, le 27 janvier 2017, Nadal bat Dimitrov : 6-3, 5-7, 7-6(5), 6-7(4), 6-4
En termes de qualité de jeu, c’est LE match de l’année, indiscutablement. Il ne lui manque pour accéder à la première place qu’une certaine dimension historique. Mais niveau tennis, ce duel atteint des hauteurs jamais égalées en 2017. 4h56 d’une pure sauvagerie entre deux joueurs qui se rendent coup pour coup, qui jouent les lignes, qui refusent de céder le moindre pouce de terrain. Une série de 26 jeux sans le moindre break traduit bien l’âpreté du combat. C’est pourtant bien un revers magistral de Rafael Nadal qui lui offre le service de Dimitrov à 4-4 dans le dernier set. Impavide, l’Espagnol conclut cette demi-finale sur son engagement suivant mais il est allé chercher ce succès au bout de lui-même. Et c’est la tête très haute que les deux hommes quittent la Rod Laver Arena. Il y a deux vainqueurs ce jour-là, Nadal et le tennis.
1. Finale de l’Open d’Australie, le 29 janvier 2017, Federer bat Nadal : 6-4, 3-6, 6-1, 3-6, 6-3
Quelques heures après sa victoire contre Dimitrov, Rafael Nadal est de retour dans l’arène. Pour y disputer un match (presque) aussi beau mais à la puissance symbolique et émotionnelle supérieure puisque le Majorquin retrouve son vieil ennemi/ami Roger Federer. Après des années de domination à deux têtes sur le tennis mondial, les deux héros, rongés par le temps et les blessures, ont lentement mais sûrement décliné, laissant la place au sommet à Djokovic et Murray. Retrouver le Suisse et l’Espagnol à ce stade est déjà une surprise puisque cela fait six ans que les deux hommes ne se sont plus affrontés en finale d’un tournoi du Grand Chelem. Les rivaux légendaires ne vont pourtant pas se laisser submerger par la nostalgie et ils envoient du très lourd dès les premiers échanges. Federer, qui s’est patiemment reconstruit physiquement et tennistiquement pendant sa coupure, semble avoir trouvé l’arme anti-Nadal avec un revers frappé qui lui permet de contrer les agressions liftées de Nadal. Mais ce dernier a de la ressource et son coup droit gicle comme à ses plus belles heures. A l’orée de la cinquième manche c’est bien l’Espagnol qui paraît le plus frais mais, acculé dans les cordes, Federer réussit à retourner une situation quasi désespérée grâce à quelques coups de raquette qui n’appartiennent qu’à lui et s’adjuge les cinq derniers jeux ! A 35 ans et 1 74 jours le Suisse s’impose mais ce sont bien les deux joueurs qui viennent de retrouver l’ivresse des sommets. Et les effets de cette ivresse vont se prolonger longtemps…
